Ça y est. Roro, Morgan et les deux Julien sont rentrés au bercail. Au début, je ne les ai pas trop trouvés changés. Certes, Aurélien s'est fait greffer une épaule bionique et parle comme un terminator, Morgan a le nez de Fabien Galthié, Julien Pierre a adopté une famille de cormorans rescapés de la marée noire et Jubon a grandi. En fait, il n'a pas vraiment grandi : il ne touche littéralement plus le sol. Il est en lévitation permanente. C'est Chuck Norris qui lui aurait appris ça...
C'est lorsqu'ils sont arrivés au stade pour l'entraînement que les ennuis ont commencé. D'abord Roro a refusé de m'adresser la parole. Il avait les mains dans les poches de sa polaire comme d'hab, mais le regard vers le sol, les écouteurs sur les oreilles, dans sa bulle. Je lui ai demandé ce qu'il avait. Il m'a répondu brusquement :
- C'est bon, vas-y, lâche-moi !
Et il est parti pousser de la fonte tout seul au lieu d'aller bosser les lancements de jeu avec Franck. Quand on a fait une mise en place tactique, il était en salle de vidéo. Et quand on a fait le débriefing, il tapait des coups de pieds tout seul sur le terrain.
Au bout d'un moment, j'en ai eu marre et je suis allé le voir pour connaître les raisons de ce comportement étrange. Il m'a répondu avec un aplomb remarquable :
- Je me gère tout seul. J'ai pris les clés du camion. J'ai été capitaine du XV de France, moi ! Je n'ai pas besoin d'entraîneur, de cahier de jeu ou d'un mec qui me dise ce que je dois faire. Cette aventure, c'est la mienne, pas la tienne.
Et puis il a hurlé :
- J'étouffe, moi !!!
Le bruit a fait accourir les autres. Julien Pierre est monté sur une caisse en bois et a pris la parole :
- Camarades joueurs ! Halte à l'exploitation, non au schémas tactiques stéréotypés, oui à la liberté dans le jeu ! Les entraîneurs, les sélectionneurs, les présidents nous exploitent ! Quand on gagne, il n'y en a que pour eux. Mais quand on perd, on crie haro sur les joueurs ! Nous sommes tous des prisonniers politiques ! Nous sommes tous des François Trinh Duc ! Prenez le pouvoir ! Le terrain est à nous ! Sous la pelouse, la plage !
Et il a commencé à scander, poing levé :
- Li-ber-té-pour-les-jou-eurs ! Li-ber-té-pour-les-jou-eurs ! A-mort-le-sé-lectionneur ! Mar-ty Président !
Morgan a gueulé :
- Allez, tous sur le terrain ! Je vais vous expliquer comment concilier réappropriation de l'organisation collective et intelligence situationnelle. Vivons l'utopie ! La chienlit, c'est lui !
Il m'a montré du doigt et a entraîné toute l'équipe sur la pelouse en hurlant :
-Au-togestion ! Au-togestion !
Jean-Marc et moi nous sommes réfugiés à l'En But. On s'est dit que ce serait le dernier endroit où on pourrait rencontrer un anarcho-syndicaliste. On a tout de même été un peu surpris de trouver Julien Bonnaire qui donnait une leçon de cuisine :
- Alors, pour les croustillants de langoustines à la mélisse, vous avez la possibilité de les marier harmonieusement avec un gaspacho de romaine. La semaine prochaine, je vous préparerai des tièles de Sète aux coudes de homard.
Les deux chefs écoutaient religieusement en prenant des notes.
Après quelques instants, et non sans avoir donné quelques conseils boursiers à l'assemblée, il est venu nous voir, un peu gêné. Il avait un cahier à la main.
- Coach, c'est mon carnet de notes de la coupe du monde...
J'ai pris le document qu'il me tendait. C'était effectivement un cahier de correspondance, comme ceux de mes enfants. Sur la couverture, on pouvait lire :
J'ai feuilleté le bouquin. Julien me regardait nerveusement et se trémoussait sur place.
J'ai parcouru ses appréciations :
"Joueur appliqué, colle bien au ballon. Excellent sauteur. Participe. Parfois réservé, doit s'affirmer davantage."
Ses notes étaient excellentes et ses statistiques du même tonneau. Je l'ai regardé et je lui ai dit :
- C'est très bien Julien !
Il a rougi en rentrant la tête dans les épaules.
- Mais dis-moi, c'est quoi ce zéro en plaquage ?
Il a répondu un peu vexé :
- C'était sur l'essai tongien...
- Bon c'est pas très grave. Tu peux aller jouer avec tes copains.
- Merci !
Il a souri et il est reparti tout heureux.
C'est à ce moment que mon téléphone portable a sonné. C'était Guy Novès. Il était tout paniqué.
- Vern, j'ai un problème !
- Je sais, j'ai le même. Et je parie que Thierry Dusautoir est venu t'apporter son carnet de notes en t'annonçant fièrement qu'il était premier de la classe.
- Exactement !
- Ne t'inquiète pas. Je pense que ça va passer. Les enfants sont toujours un peu déboussolés quand ils rentrent de la colonie de vacances...
- C'est bon, vas-y, lâche-moi !
Et il est parti pousser de la fonte tout seul au lieu d'aller bosser les lancements de jeu avec Franck. Quand on a fait une mise en place tactique, il était en salle de vidéo. Et quand on a fait le débriefing, il tapait des coups de pieds tout seul sur le terrain.
Au bout d'un moment, j'en ai eu marre et je suis allé le voir pour connaître les raisons de ce comportement étrange. Il m'a répondu avec un aplomb remarquable :
- Je me gère tout seul. J'ai pris les clés du camion. J'ai été capitaine du XV de France, moi ! Je n'ai pas besoin d'entraîneur, de cahier de jeu ou d'un mec qui me dise ce que je dois faire. Cette aventure, c'est la mienne, pas la tienne.
Et puis il a hurlé :
- J'étouffe, moi !!!
Le bruit a fait accourir les autres. Julien Pierre est monté sur une caisse en bois et a pris la parole :
- Camarades joueurs ! Halte à l'exploitation, non au schémas tactiques stéréotypés, oui à la liberté dans le jeu ! Les entraîneurs, les sélectionneurs, les présidents nous exploitent ! Quand on gagne, il n'y en a que pour eux. Mais quand on perd, on crie haro sur les joueurs ! Nous sommes tous des prisonniers politiques ! Nous sommes tous des François Trinh Duc ! Prenez le pouvoir ! Le terrain est à nous ! Sous la pelouse, la plage !
Et il a commencé à scander, poing levé :
- Li-ber-té-pour-les-jou-eurs ! Li-ber-té-pour-les-jou-eurs ! A-mort-le-sé-lectionneur ! Mar-ty Président !
Morgan a gueulé :
- Allez, tous sur le terrain ! Je vais vous expliquer comment concilier réappropriation de l'organisation collective et intelligence situationnelle. Vivons l'utopie ! La chienlit, c'est lui !
Il m'a montré du doigt et a entraîné toute l'équipe sur la pelouse en hurlant :
-Au-togestion ! Au-togestion !
Jean-Marc et moi nous sommes réfugiés à l'En But. On s'est dit que ce serait le dernier endroit où on pourrait rencontrer un anarcho-syndicaliste. On a tout de même été un peu surpris de trouver Julien Bonnaire qui donnait une leçon de cuisine :
- Alors, pour les croustillants de langoustines à la mélisse, vous avez la possibilité de les marier harmonieusement avec un gaspacho de romaine. La semaine prochaine, je vous préparerai des tièles de Sète aux coudes de homard.
Les deux chefs écoutaient religieusement en prenant des notes.
Après quelques instants, et non sans avoir donné quelques conseils boursiers à l'assemblée, il est venu nous voir, un peu gêné. Il avait un cahier à la main.
- Coach, c'est mon carnet de notes de la coupe du monde...
J'ai pris le document qu'il me tendait. C'était effectivement un cahier de correspondance, comme ceux de mes enfants. Sur la couverture, on pouvait lire :
"Université de Marcoussis - performances individuelles".
Il y avait une photo de Jubon à 13 ans (le même, avec des cheveux...), l'emploi du temps du groupe France, et, en quatrième de couverture, un mot de Jo Maso destiné aux parents de joueurs, signé "Le CPE".J'ai feuilleté le bouquin. Julien me regardait nerveusement et se trémoussait sur place.
J'ai parcouru ses appréciations :
"Joueur appliqué, colle bien au ballon. Excellent sauteur. Participe. Parfois réservé, doit s'affirmer davantage."
Ses notes étaient excellentes et ses statistiques du même tonneau. Je l'ai regardé et je lui ai dit :
- C'est très bien Julien !
Il a rougi en rentrant la tête dans les épaules.
- Mais dis-moi, c'est quoi ce zéro en plaquage ?
Il a répondu un peu vexé :
- C'était sur l'essai tongien...
- Bon c'est pas très grave. Tu peux aller jouer avec tes copains.
- Merci !
Il a souri et il est reparti tout heureux.
C'est à ce moment que mon téléphone portable a sonné. C'était Guy Novès. Il était tout paniqué.
- Vern, j'ai un problème !
- Je sais, j'ai le même. Et je parie que Thierry Dusautoir est venu t'apporter son carnet de notes en t'annonçant fièrement qu'il était premier de la classe.
- Exactement !
- Ne t'inquiète pas. Je pense que ça va passer. Les enfants sont toujours un peu déboussolés quand ils rentrent de la colonie de vacances...
MDR J'adore
RépondreSupprimermoi j'adore
RépondreSupprimerC'est trop bon. Il faudrait peut être passer sur facebook pour qu'il y est plus de connexion car vraiment ce travail devrait être connu et reconnu par les lecteurs.
Bravo
Merci - mais je suis sur Facebook, alias Vern Dublogue, alias Leblogdevern (http://www.facebook.com/pages/leblogdevern/205830449482159)!
RépondreSupprimerOlalala je n'ai pas l'habitude de publier des commentaires, mais vu le texte...
RépondreSupprimerMorte De Rire!!!
Bravo!