lundi 28 novembre 2011

L'ASM en 26 lettres

Pour bien écrire (sur) l'ASM, il faut un lexique.



A comme Association
Au départ et jusqu'à aujourd'hui, l'ASM est un club omnisports, dont l'un des objectifs est "d'encourager pour tous les âges la pratique la plus large et la plus longue possible" (Marcel Michelin). Les sections sont nombreuses, mettant à l'honneur sports individuels (tennis, natation...), collectifs (basket, football) et de combat (boxe, judo...). Signalons au passage que l'ASM figure parmi les plus grands clubs de lutte en France, avec un âge d'or qui débute dès la création de la section en 1920 et se poursuit jusqu'au début des années 80 (période pendant laquelle une moisson de plusieurs dizaines (!) de titres de champions de France seniors est récoltée...). Et remarquons que si nous étions Géorgiens, Tchétchènes ou Arméniens, on ne nous bassinerait pas à longueurs de saisons avec les dix finales perdues de la section rugby et le bi-hebdomadaire de référence, "Centre Olympique, le journal de la lutte", aurait son siège à Clermont-Ferrand...

B comme Bourgeois
Selon les déclarations d'un dénommé Mourad B., de Toulon, l'ASM est un "club bourgeois". Pour Flaubert, est "bourgeois quiconque pense bassement" (rapporté par Guy de Maupassant, La Revue Bleue, 19-26 janvier 1884). Pour Émile Zola, la bourgeoisie est "l'acte d'accusation le plus violent que l'on peut faire contre la société française" (citation). Quant au "Grand Jacques", il n'en pense pas moins. Bref, on s'aperçoit que le bourgeois n'est pas à la mode. Ça tombe bien, parce qu'à Clermont, la mode, on s'en fout (il suffit d'aller à la boutique pour s'en rendre compte)... Rappelons cependant que sous l'ancien régime, les bourgeois jouissaient de droits civils et politiques, en tant qu'habitants d'une ville affranchie de la justice féodale. La bourgeoisie, qui fut en grande partie à l'origine des Lumières et de la Révolution française, peut donc compter légitimement parmi les précurseurs du citoyen de nos sociétés démocratiques. Enfin, la famille Michelin, bourgeoise s'il en est, n'est pas sans incarner l'identité humble, discrète, laborieuse mais riche de talent (et riche tout court), dont les Auvergnats peuvent être fiers.

C comme Cette année c'est la bonne !
Combien de fois n'a-t-on entendu cette antienne dans les travées du Michelin, dans les comptes rendus élogieux des journalistes ou au bar des supporters ? Si bien que l'expression la plus juste aurait du être "Ce mois-ci, c'est le bon", voire "Ce match-ci, c'est le bon", tant les promesses du dimanche précédent contrastaient avec le marasme du dimanche suivant. L'ASM fut longtemps la meilleure équipe de tous les temps a n'avoir jamais gagné un championnat. Et encore aujourd'hui, l'Auvergnat, qui s'y connaît en élevage de bovidés, et qui, de ce fait, est par nature pessimiste et méfiant, a toujours des doutes, alors que le club n'a jamais semblé aussi fort, sur sa capacité à enchaîner les résultats au plus haut niveau...
Nota : on aurait pu avoir "C comme Cotter", mais à bien y penser, pour les explications, ce qui est écrit ci-dessus marche encore...

D comme Derby
On ne sait pas trop pourquoi, mais les Clermontois n'aiment pas les Brivistes, à moins que ce ne soient les Brivistes qui n'aiment pas les Clermontois. En résulte une rivalité bon-enfant entre les supporters des deux équipes phares du Massif Central, qui tient certainement plus au besoin atavique de se trouver un ennemi proche pour s'assurer de sa virilité que d'une réelle concurrence. En effet, la Corrèze (c'est où, ça, la Corrèze ?), n'a rien à voir avec l'Auvergne, l'histoire récente des rencontres entre les deux clubs est pour le moins apaisée, les joueurs passent d'une équipe à l'autre sans soulever la vindicte de la tribune Auvergne, qui n'hésite d'ailleurs pas à reprendre l'hymne du CAB... De nos jours, notre seul vrai derby, en définitive, c'est le match contre l'USAP, dans lequel le rugby sort, il faut le reconnaître, rarement vainqueur (argument massue prouvant que c'est bien un derby)...

Addendum :
Un certain "Aurillacois Masqué" me fait justement remarquer que le derby, dans le Massif Central, est une pratique trioliste, je cite :
"Hé oui car il s'agit bien d'un derby à trois équipes, sûrement le seul. La troisième équipe ne joue plus en Top 14 depuis... Elle s'entend plutôt bien avec l'ASM, et fait front avec elle face à l'adversité Limousine. Elle fournit volontiers et régulièrement, joueurs voire entraineur. Les Brivistes EUX, viennent kidnapper des joueurs presque innocents, des traitres aussi.
Cette équipe, fit il y a quelque temps déjà, une nouvelle apparition "en 1ère division" (dixit les vieux sages du pays assis dans la tribune populaire). Mais cette année là elle fut (tenez-vous bien) Championne du monde de France d'Auvergne et du Limousin. Cette équipe vous l'aurez deviné est le Stade... (le seul l'unique) Aurillacois.
Ces matches Brive - Aurillac, étaient très souvent ponctués par un rite, qui consistait à s'offrir les fruits d'un arbre que l'on trouve dans une région du Cantal : la Châtaigneraie. Cette région est, comme par hasard, limitrophe de la Corrèze. Tandis que les supporters, eux, comparaient les qualités respectives de leur charcuterie, le spectacle était plus dans les tribunes que sur la pelouse."

E comme Espoirs
N'est-il pas symbolique que les meilleurs résultats du club soient obtenus, chaque année, par les équipes de jeunes ? Oui, l'ASM est le club de tous les espoirs. A ce titre (pas celui de champion, bien sûr), l'ASM fait se poser de graves questions métaphysiques : Vaut-il mieux être un très grand club du futur ou aurait-il mieux valu avoir été un très grand club du passé, comme Béziers par exemple ? Les plus logiques répondront que cette question est absurde, d'autant que, si nous devenons un jour un très grand club du passé, c'est que nous sommes d'ores et déjà un très grand club du futur. Les Toulousains, quant à eux, répondent : "Facile, les deux." On est libre de penser que c'est cet état d'esprit qui nous différencie d'eux...
Mais je préfère laisser le dernier mot à un autre Auvergnat :

Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt : si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient : et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C'est que le présent, d'ordinaire, nous, blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu'il nous afflige et s'il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l'avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n'avons aucune assurance d'arriver. (Blaise Pascal - Pensées - Pensée XVII, Chapitre deuxième, section 3, La Volonté).

Profitons donc de ce présent pas si mal qui est offert au supporter : le passé, c'est le passé et le futur n'existe pas...

La suite à la prochaine lettre !

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