dimanche 5 avril 2009

Sur les rails (3)

Mais c'est finalement la soirée qui a été la plus parisienne. J'étais resté pour tenir compagnie au président qui avait besoin de se relaxer après sa journée avec Max Guazzini.
C'est Bastaraud qui a ramené l'équipe à l'hôtel sur les coups de 4 heures du matin. Il portait Doming sur son dos, traînait Elvis de la main droite et Julien de la gauche. Il a benné tout ce petit monde à la réception en me faisant appeler. Quand je suis arrivé, il m'a dit :
- Tiens, je te les rends : moins fragiles que les bibelots toulousains, mais moins rustiques que les tracteurs Catalans...
J'ai demandé, horrifié :
- Mais où avez-vous passé la nuit ?
- A une soirée karaoké avec Pieter de Villiers et Matt Stevens. Super ambiance, toute l'équipe y est encore. Comme je suis le plus jeune, ils m'ont demandé de vous déposer. T'inquiète pas, ils se sont endormis avant l'after et ils n'ont pas pu goûter à tout... A tout à l'heure...
J'ai préféré ne pas répondre : pour le coup, j'avais pas envie de rigoler. Toute une éducation à refaire. J'ai envoyé tout le monde se coucher et demandé à Jamie de transborder les trois paquets.
Lorsque j'en ai parlé à Jean-Marc le lendemain matin, il m'a dit :
- C'est une façon comme une autre d'évacuer la pression... Si on gagne, on pourra toujours dire qu'on s'est mis minable pour l'emporter.
Il a haussé les épaules et il est reparti bouquiner la vie d'Ernest Shackelton, l'homme des situations désespérées...

samedi 4 avril 2009

Sur les rails (2)

Après trois heures de transport en commun, les joueurs ont fini par arriver au terrain d'entraînement du SF. Là, pas de bol : le terrain était pris par les juniors Reichel de Massy.
Landreau s'est retourné vers Domi :
- P***, Christophe, c'est toi qui devais réserver le terrain à la mairie.
- Escuze ! J'ai dû me mélanger dans les dates.
Et d'ajouter en rigolant :
- J'espère que j'ai pas fait la même chose pour la réservation du stade de France !
Là, j'ai vu Guazzini se raidir.
- Nan, j'déconne !
On a fini par une partie de "touché" sur le parking.
- Ca développe l'agilité de jouer avec des crampons sur du bitume, m'a confié Domi.

Sur les rails

La veille du match, comme Paris, c'est pas très grand et qu'on s'y ennuie vite, le staff du Stade Français nous a pris en charge à la descente de l'avion. Et là, j'ai pris conscience des moyens et des structures d'un club français qui gagne des titres.
D'abord, Max Guazzini est venu chercher le président à l'aéroport dans sa cadillac rose. Il écoutait Mike Brant à fond, les cheveux au vent, chantant à tue tête "On se retrouve par hasard". J'ai bien vu que le président n'était pas très "late seventies", peut être à cause de la finale contre Béziers... En tout cas, en sautant par-dessus la portière (parce qu'elle était bloquée), il a marmonné un truc du genre :
- On ne devrait jamais quitter Eygalières.
C'est Christophe Dominici qui m'a emmené à l'hôtel dans sa Porsche jaune qu'on reconnaît bien à l'autocollant "Parce que Toulon" sur la vitre arrière.
Il s'est excusé de l'absence d'Ewan :
- Il m'a dit qu'il pouvait pas venir parce qu'il avait des vidéos à regarder pour le match de demain ou un truc comme ça... Trop sérieux ces anglo-saxons... Je dis pas ça pour toi, remarque. De toute façon, il est comme votre salle des trophées à l'ASM : il sert à rien...
Et puis les joueurs se sont occupés des joueurs : ils les ont accompagnés au RER. Parisse s'est excusé :
- Désolé, le budget "transport" a servi à payer le spectacle d'avant match contre l'USAP...

On va tous à Paris

Bon Paris et le Stade de France, c'est pas vraiment une nouveauté pour nous. On peut dire qu'on y a nos habitudes. A tel point que, pendant le voyage, j'ai vu Roro ressortir le texte de son interview de fin de match de l'année dernière.

Il faut dire que depuis qu'il est capitaine, il bosse vachement sa communication. Il a un contrat pour faire la couverture de "Sports Auvergne" une fois tous les deux numéros et il a pris des cours au Toulousaigne Institioute of Gaillenovesse for communication. Il s'est même fait un petit cahier avec des textes à trous.
Quand on gagne, le discours type, c'est :
- On ne va pas s'enflammer pour cette victoire contre .... . On ne veut surtout pas se projeter sur le prochain match contre ... . On va savourer cette victoire avant de reprendre l'entraînement.
Quand on perd, c'est :
- C'est sûr, c'est une nouvelle défaite au Stade de France. Mais nous ne sommes pas maudits. On est tombé contre une très forte équipe de ... . Mais je vous promets qu'on va revenir l'année prochaine et qu'on gagnera.
Je ne sais pas pourquoi, mais là, il révisait le discours numéro 2.