samedi 5 novembre 2011

J'aime plus Paris

Il m'a fallu être particulièrement zen pour regarder le match contre le Stade Français jusqu'au bout. Mais bon, perdre au Stade de France, c'est tout de même moins la honte que de perdre à La Rochelle. Enfin, on verra...
Comme je n'ai pas grand chose à dire sur le match, je vais vous raconter notre petite escapade à Paris.
Premier enseignement : Paris est toujours le club le plus kitsch de France. Ce qui est sympa à la capitale, c'est que tu peux te permettre de faire des spectacles d'un goût douteux, tout le monde trouve ça génial. On ferait la même chose à Montauban ou à Voiron, tout le monde trouverait ça beauf. Ça s'appelle le snobisme.
Malgré tout, certaines choses ont changé. Ce n'est plus Max qui vient nous chercher dans sa Cadillac rose.

Adieu Dalida, bonjour Bénabar.

C'est un monsieur bien sous tout rapport et un peu terne qui nous a accueilli à notre arrivée. Il était accompagné de Mario. Celui-ci a serré longuement la main du président Fontès en le regardant dans les yeux avec un sourire figé. Au bout d'un moment, René, dans un rictus de douleur, a demandé à Mario s'il voulait bien lui lâcher la main. L'Argentin a desserré l'étreinte et a déclaré, visiblement de mauvaise grâce, sans desserrer les dents :
- Mais bien sûr, bienvenue à Paris, Président.
Jean-Marc m'a alors dit à l'oreille :
- Tu vois, il ne nous en veut vraiment pas, Mario.

M. Savare a ensuite accompagné René à sa voiture, une austère berline allemande noire avec des vitres teintées, immatriculée en Meurthe et Moselle. Le nouveau président a ouvert sa portière et il a eu un mouvement de recul :
- Max ! Qu'est-ce que je t'ai dit ? C'est moi qui conduit maintenant !
Alors, Max Guazzini, un peu contrit, est sorti de la voiture et est allé s'installer dans le coffre.
- Les héritages, c'est parfois encombrant, a ajouté un peu gêné Thomas Savare. Et c'est un fils de famille qui vous le dit.

Dans la voiture, sur le trajet vers l’hôtel, on a eu une conversation, comment dirais-je, intéressante. Le président Savare a commencé bille en tête :
- Alors mon cher René, comment avez-vous segmenté votre cœur de cible en Auvergne ? Selon des critères sociodémographiques ou psychographiques ? Et est-ce que tu penses comme moi que l’expérience-client a pris le relais de l’innovation-produit comme critère de différenciation sur les marchés matures ?
J'ai senti René un peu hésitant... J'ai l'impression qu'il avait plutôt révisé la variété française des années 70.
- Euh... Vous aimez Mike Brandt ?
En fait, et heureusement, il ne s'agissait que d'une question rhétorique. Savare a embrayé :
- Non, parce que nous, au SF, on est à fond sur le créneau hors media, si tu vois c'que j'veux dire (René voyait très bien, il faisait la même tête qu'à la nuit du rugby 2008) on maximise total sur le merchandising et l'incitation via les prescripteurs. On fait un peu de mass-media, mais moi je suis plutôt pour un déploiement local des actions marketing. C'est ça la rugby : avant tout, de la proximité et de la convivialité !
- Oui, oui...
- Ah je vois que vous êtes d'accord avec moi. En plus, en Auvergne, tout le monde n'a pas la télévision, alors il vaut mieux s'en remettre à un démarchage plus personnel pour toucher les consommateurs finaux, ah ah ! En plus, chez vous, le wording revêt une importance particulière...
- Certes...
- Et votre stratégie de développement, vous l'articulez comment ?
- Euh... La tribune Crédit Agricole ?
- Nan, mais tu as raison, René. Il est temps de remettre le consommateur - acheteur au cœur de la démarche éco-citoyenne. C'est ça la vraie leçon de la province. Moi, je vous envie. La vie simple, on s'emmerde pas avec des planifications à 15 ans. Et puis les gens sont tellement sympas... Faut dire, heureusement qu'ils sont sympas, hein ? sinon, on s'ferait encore plus chier à la campagne, non ?
- Euh... Je connais Michel Drucker... Il a une maison à Eygalières.
- Ah ouais ? Moi je vois plus mes potes de "Centrale Pa'". Pas le temps... De toute façon, la plupart d'entre eux doivent faire du conseil, maintenant, les cons... Bon, en tout cas, c'est plutôt pas mal pour votre image de marque de venir jouer au Stade de France, ça doit pas vous arriver souvent ?
- A une époque, on venait régulièrement...
- Ah ? Vous aviez des places pour le tournoi ? Moi, je ne viens plus qu'en loge. La tribune officielle, il fait trop froid. Et quand je vois tous ces braves gens qui mettent 10% de leur SMIC pour voir Damien Traille en 10, ça me donne des frissons... Faut être un peu limité, aussi, pour venir se peler les burnes en virage à Saint Denis au mois de mars après avoir fait le voyage en corail dans la journée depuis Clermont-L'Hérault...
- Clermont-Ferrand.
- Oui, c'est c'que j'voulais dire. Bon ça y est, on est arrivé. On ne vous a rien prévu pour ce soir, parce que je sais que vous vous couchez tôt à la campagne, hein ? De toute façon, j'ai un conseil d'administration dans une heure, en VTC avec New York. Putain de Jetlag ! Ça vous dérange pas si je vous laisse Max ? Ce sera moins dépaysant pour lui.

Dans la foulée, Jean-Marc a été interviewé au Moscato Show, pendant lequel il a reçu des compliments de Vincent Moscato. Ça faisait beaucoup de traumatismes dans la même journée...
Je ne sais pas si c'est ça qui nous a déstabilisés, mais toujours est-il qu'on a pris la marée.
On a tout de même passé une soirée sympa avec Max, à feuilleter des calendriers et à se remémorer le bon vieux temps. Comme dirait Mario, le rugby pro, c'est cruel...

1 commentaire:

  1. tsss Eygalières, c'est que la banlieue d'Eyguières, avec des bourges...

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