"O toi, l'Asémiste Inconnu, trop tôt disparu sous un maul effondré, emporté par une injuste marmite perdue, Ô toi joueur de l'impossible, sublimé par une quête inlassable du bouclier redevenu un an arverne mais si tôt reparti, toi qui a lutté dans la boue et sous les quolibets du public de Voiron, de La Voulte, de Tulle ou d'Air sur Adour, et qui, chaque dimanche, enfilait tes crampons au péril de ta vie, toujours à la merci d'une fourchette, d'un mauvais geste ou d'un piétinement, toi, joueur du groupe B, traversant la France en autobus pour aller chercher une improbable qualification pour les phases finales et finalement échouer en Seizièmes, à Graulhet... Toi qui foulait les terrains impraticables, les pelouses inondées par les sapeurs pompiers volontaires du coin afin de niveler le niveau, toi l'ailier solitaire, oublié des hivers entiers tout au fond du terrain, là-bas, à l'aile, où la vie n'est pas toujours si belle, toi la poutre du pack, baissant la tête à chaque impact, et te relevant péniblement après chaque plaquage, toi le demi de mêlée qui retournait chaque week end tes mille kilos de viande, toi, pépiniériste la semaine, joueur de rugby marron le week end, qui abandonnait femme et enfant pour aller insulter sur leurs terres, le Grand Béziers, le Grand Toulon, toi immigré venu de terres plus accueillantes qui a bravé la noirceur de la ville et les rigueurs de l'hiver, toi qui n'hésitait pas à poursuivre le combat au cours de troisièmes mi-temps épiques que la décence et le sceau du secret m'empêche de raconter ici, toi l'asémiste anonyme, qui est revenu chaque année au stade pour supporter sans haine, ni mépris, ni honte, ton équipe que l'on disait maudite, toi qui est venu à la capitale et qui en est à chaque fois reparti plus triste, toi l'ancien minime, l'ancien cadet qui n'a jamais réussi une passe vrillée ni un drop, mais qui a été le ferment de ces générations qui se sont succédées sur le pré, toi l'asémiste, sportif du dimanche ou athlète incomparable, toi l'amoureux du jeu, de la mornifle et du tampon, oui, toi,
Sois cent fois remercié,
Soit cent ans applaudi,
Soit cent ans applaudi,
car toutes les victoires, toutes les défaites, tous les chambrages, toutes les générales, tous les "Merci, bon match", toutes les poignées de main, toutes les larmes, toutes les joies entrevues sur de belles actions et toutes les frustrations éprouvées sur chaque en-avant, oui, toi l'asémiste anonyme, toi le bougnat magnifique, toi le bib glorieux,
Tout cela te revient,
Tout cela est à toi !"
Tout cela est à toi !"
Lorsqu'il en eut terminé, Roro, Le Chinois et Julien Malzieu pleuraient. Brock a dit : "Jean-Mawque : le bouclier, c'est pour toi".
C'est à ce moment que le concierge du stade est venu nous interrompre :
- Euh bonjour, pardon de vous déranger, j'ai avec moi un certain Monsieur... Sitépav'nu.... Sylvie Vatout... Comme il ne parle pas notre langue, j'ai pas très bien compris... En plus, il est en fauteuil roulant, alors je l'ai laissé au pesage...
Super blog ! Faut que je rattrape mon retard sur les precedents posts ! Bonne continuation ! ;-)
RépondreSupprimerMerci. Bonne lecture !
RépondreSupprimer100 Bougies sous un bouclier ....
RépondreSupprimerMerci pour ces beaux textes Vern...
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