lundi 22 septembre 2008

Solstice d'automne

La nuit du rugby, ça aura vraiment été la plus longue...
Déjà, il a fallu motiver Mario et Zirakh pour y aller. Mais c'est surtout Jean-Marc et le président qui ont été les plus durs à convaincre. Ce dernier avait prétexté un conseil municipal à Eygalières ce soir là... Il a fallu que j'use de la persuasion de mes deux premières lignes pour que, finalement, ils acceptent de monter dans le train.
Il faut dire qu'une fois là-bas, ça a été le calvaire. Cette soirée de cruauté à contretemps était remarquablement organisée pour nous maintenir au fond du trou psychologique dans lequel on se trouve. Là où j'ai été bon, c'est quand j'ai dit qu'il fallait qu'on reparte avec Mario et Zirakh à cause d'un entraînement matinal que j'avais machiavéliquement programmé le lendemain. Le soulagement que j'ai lu dans le regard de mes joueurs n'avait d'égal que le désespoir de Jean-Marc et du président.
Toulouse a tout gagné, même les Marius... En fait, je suis resté jusqu'au moment de la proclamation du meilleur entraîneur, au cas où : Guy Novès... Je crois que j'ai été naïf : l'année dernière, c'était Galthié. C'est logique, le meilleur entraîneur, c'est celui qui entraîne le champion ! Imparables ces Français.
On n'est tout de même pas revenu les mains vides : ils nous ont offert le trophée de la convivialité (voir la photo) ! Celui là, je suis sûr que c'est pas à moi qu'on le doit...

mercredi 10 septembre 2008

Villepreux, poli et technique

Pour préparer la réception de Toulouse, je leur ai montré une cassette où Pierre Villepreux expose sa théorie du rugby, sur le jeu de mouvement et tout ça.
Tout le monde a regardé la vidéo en silence et en hochant la tête. A la fin, avant que je ne rallume la lumière, Jean-marc m'a demandé :
- T'as compris quelque chose, toi ?
Je lui ai répondu :
- Non, mais c'est certainement vrai puisque c'est Pierre Villepreux qui le dit.
Tout de même, j'ai bien senti comme un flottement dans la salle une fois la lumière revenue. Mario avait son air renfrogné des mauvais jours et gromelait des mots en espagnol comme "ganduleria" ou "buena vieja baraditta". Naps dormait carrément, Elvis se balançait d'avant en arrière et Pierre avait le regard hagard des soirs de défaite. Il n'y avait que Baby qui était tout excité. Il avait pris des notes avec des flêches dans tous les sens et parlait d'initiative, d'intelligence situationnelle, de mouvement perpétuel et de responsabilisation du joueur...
Roro m'a dit :
- C'est normal, coach : Benoit, il vient de Toulouse, qui est le polytechnique du rugby. A Clermont, on a juste le bac pro, avec mention "cadrage-débord" et option "monstre à 16 pattes". Alors, tous ces trucs d'intelligents, ça nous parle pas trop... Nous, on a besoin de concepts simples, comme le plaquage à la cisaille ou la technique de la boîte à gifles...
A ces mots, j'ai vu des yeux brillants se lever vers moi.
Ca m'apprendra : la prochaine fois, je demanderai à Pierre Mignoni de nous faire une lecture du dernier Daniel Herrero...

lundi 1 septembre 2008

Mon psy va mieux mais je me soigne

Dans la foulée, chacun a déballé son sac :
Pierre Mignoni a raconté qu'il rêvait au match d'ouverture de la coupe du monde 2007 toutes les nuits mais qu'il n'en n'avait aucun souvenir, Baby a révélé qu'il s'était lié avec Guillaume Depardieu pendant sa blessure, Jamie nous a avoué qu'il se voyait souvent en train d'abattre une forêt inépuisable de sapins dont les troncs sont constitués de pneus... Même le président y est allé de sa confidence :
- J'étais membre du conseil exécutif de Michelin, mais j'ai demandé ma nomination comme président du club parce que je suis allergique au caoutchouc...
A la fin de la séance, tout le monde pleurait sauf Mario, les coudes sur les genoux, qui secouait sa tête prise entre ses mains. Dave est venu me voir et il m'a dit :
- Je suis pas encore très sûr de la thérapie à adopter, mais je pensais à un truc : Est-ce qu'on a déjà fait des études sur la nocivité des vapeurs de latex en altitude ?

Faisons un rêve

Comme tout le monde était resté stupéfié, Mario a tenté de détendre l'atmosphère :
- Mon problème, c'est que ma maman a été trop gentille avec moi quand j'étais petit. Alors, comme j'ai été privé de cadeau en finale, je suis très malheureux...
J'ai failli mal le prendre mais son effet comique argentin est tombé à l'eau : Roro s'est levé et a dit :
- Je fais toujours le même rêve : on est en finale contre Toulouse, j'ai en main le ballon de la victoire, je cours vers l'en-but et je suis plaqué au dernier moment par un bibendum qui a la tête de Guy Novès. Le ballon se transforme en pneu de tracteur et je suis écrasé pendant que Heymans va marquer entre les poteaux après avoir crocheté toute la défense...
Il s'est rassis et a fondu en larmes...
A mes côtés, Jean-Marc m'a glissé à voix basse :
- C'est dingue, je fais le même rêve mais le bibendum a la tête de Guazzini et ça se passe à l'élection du comité directeur de la LNR...

Rugby blues (Analyse that)

Comme on a eu du temps, pendant qu'on était aux États Unis, on en a profité pour organiser quelques séances avec Dave. Il nous a demandé de raconter nos pires cauchemars.

Devant l'incrédulité générée par cette requête, il a fallu que je m'y colle en premier. J'ai improvisé : j'ai raconté que mon angoisse était que l'équipe de France ne devienne championne du monde avant qu'on ait gagné le Brennus. Ça a eu le mérite de plonger tout le groupe dans une intense réflexion. Tony Marsh m'a même confié après la séance qu'il avait longuement songé à la signification de l'éternité...

Transfert de psy


Cette tournée promotionnelle pour Michelin-Amérique, j'y croyais pas trop au départ. Mais bon, c'est vrai que ça a fait du bien aux joueurs de penser à autre chose qu'au rugby. En plus, c'est aux Etats-Unis que se trouvent les meilleures cliniques psychiatriques.
Jean-Marc a même récupéré quelques adresses au cas où on perdrait une finale supplémentaire, comme ça, en passant.

Sinon, ma trouvaille pour 2008-2009, après Brock et Napo, s'appelle Dave, Dave Hatfield, un pote à moi, psychologue du sport. Jean-Marc n'était pas trop fana. En même temps, je le comprends : Avec deux finales perdues comme joueur, et deux comme manager général (série en cours), la psychologie ne peut plus rien faire pour lui...

Mais comme je lui ai dit, quand il y a un éléphant dans une pièce, il faut en parler. Il m'a répliqué en haussant les épaules qu'il ne voyait pas de quoi je voulais parler et qu'il n'y avait aucun éléphant à côté du bibendum...