mardi 13 décembre 2011

L'ASM en 26 lettres (4)

P comme Public
Existe-t-il un meilleur public dans l'univers que celui de l'ASM ? Bon, c'est sûr, il y a les supporters brésiliens de football, ceux de Liverpool ou de Sankt Pauli. Mais au rugby ? Bon, d'accord, la Red Army du Munster peut lui faire concurrence. Mais en France ? A n'en pas douter, il n'en existe pas de plus respectueux, de plus fidèle, de plus enthousiaste, de plus fair play, dans la victoire comme dans la défaite (la preuve ici). Ce public est en fait à l'image de l'Auvergne et de son club. Pas forcément très glamour, pas délirant non plus (quoique...), mais simple, franc, non dénué d'humour, et généreux à l'égard de ceux qui ont beaucoup donné pour le club. Bref, qu'il ne change pas...

Q comme Quatre-vingt-quatorze
L'une des plus belles épopées de l'ASM. La dernière avant le professionnalisme. Une bande de potes, emmenée par l'exceptionnel duo Victor Boffelli (l'Aurillacois qui partageait sa vie entre l'ASM et le Cantal) - Patrick Boucheix, un jeu total, du talent à tous les postes. Les Saint-André (frères), Ribeyrolles, Darlet, Juillet, Versailles, Bertrank, Costes, Lecomte, Heyer, Duchesne, Ladouce, Pradier (avec une réussite au pied insolente et un abattage monstrueux en défense), Lhermet, Mallaret, Marocco, Menieu, Prégermain, Rioux, Romeu, Nicol, entre autres... accomplirent de formidables phases finales, atteignant également la finale du Challenge Yves du Manoir. Des matches héroïques contre Toulon, puis Grenoble, en quart et en demi. Et une magnifique finale contre Toulouse, évidemment, qui avait été battu en quart du "du Manoir" quelques semaines plus tôt, avec la glissade de Bertrank, le formidable essai de Juillet et la seule réception que PSA n'aurait pas dû manquer dans sa belle carrière, sur une énième chandelle assassine de Deylaud...
Mais le plus marquant, ce fut certainement l'accueil qui fut réservé à l'équipe à son retour de Paris, à la gare, sur le trajet qui les menait au stade, et, finalement, au Michelin, où une émouvante communion avec les supporters concluait superbement cette grande aventure. Le mot de la fin était cependant revenu, je pense, à Jean-Marc Lhermet, le vieux lion, capitaine courageux et exemplaire, qui déclarait, dans l'instant de la défaite, alors que Philippe Saint André effectuait un tour d'honneur en larmes : "On donne du bonheur à beaucoup de gens, et c'est ça l'essentiel".

R comme Rougerie
S'il n'en fallait qu'un... Il se dit dans les travées du Michelin que l'équipe n'est pas la même lorsqu'il n'est pas là. 100 kilogrammes de talent et de force pure, Aurélien Rougerie, Roro pour les intimes, le Lomu blanc pour les fans, est le capitaine emblématique du XV de l'ASM, le premier a avoir brandi le bouclier et le premier aussi, a avoir dérogé au protocole et l'avoir offert aux supporters avant de monter sur la ridicule estrade du sponsor du Top 14. Communiquant avisé et un rien provocateur, "grand frère" des lignes arrières auvergnates et françaises, égérie d'une marque de slips (oui, c'est comme cela que cela s'appelle), feuilleton capillaire, énigme pour le corps médical en raison de ses convalescences aussi rapides et nombreuses que ses accélérations, "fils de", formé au club, clermontois d'origine et de toujours, le French Kirwan est surtout un joueur de rugby exceptionnel, doté d'un physique hors norme, membre de l'équipe première dès l'âge de 19 ans, international à 21 ans (deuxième marqueur d'essais du XV de France en activité...) et reconverti au centre avec le succès que l'on sait. Que dire de plus, sinon qu'il ne manque à son palmarès déjà bien garni qu'une HCUP et une coupe du monde et qu'à ce rythme, il ne serait pas surprenant qu'on le retrouve un jour parmi les "officiels" du club, voire de la fédération...

S comme Seize pattes
Avec le Saint Nectaire, le Puy de Dôme et le pneumatique démontable, le monstre à seize pattes est la fierté de l'Auvergnat, une appellation d'origine contrôlée, souvent imitée, rarement égalée. Si la paternité de ce surnom est incertaine, cette dénomination qualifiait le glorieux pack des années 70, défait par deux fois en finale du championnat (1970 contre La Voulte des frères Cambérabéro, 1978 contre le grand Béziers), et vainqueur du "Du Manoir" en 1976, quelques jours après la mort tragique de Jean-François Philiponeau. Inutile de préciser qu'à l'ASM, on a bien compris que la mêlée était la maison mère du rugby et qu'il était vain de construire une maison sans de solides fondations. De nos jours, les Domingo, Ric, Chaume, Jacquet, Lapandry et autres Hézard, formés au club, perpétuent la tradition, pour le plus grand bonheur des inconditionnels de ce chef d’œuvre en péril qu'est la mêlée fermée...

T comme Talent
Oui, du talent, en Auvergne, on en a plein ! Alors, c'est sûr, on n'aura jamais la caisse de résonance de la capitale, ni même d'une grande métropole provinciale, parce que, allez savoir pourquoi, Clermont-Ferrand, nichée dans son écrin de nature, a la réputation d'être une ville noire et industrielle, sans éclat et sans relief. Pourtant, le relief, ce n'est pas ce qui manque dans la région. Alors certes, les plus récentes constructions du centre ville sont toutes plus hideuses les unes que les autres (sauf, peut être, le siège social de Michelin, je vous l'accorde...), mais à Clermont, on ne met pas son talent dans l'architecture. Et lorsqu'un architecte arrive en ville, il réussit même le tour de force, par obsession de la symétrie, de défigurer notre belle cathédrale... Non, à Clermont, le talent, on le place, ENTRE AUTRES, dans la musique, le cinéma, les présidents de la République (Montboudif et Chamalières, ça vous dit quelque chose ?), le fromage, le pâté aux pommes de terre et la charcuterie, l'industrie pharmaceutique, les universités (30 000 étudiants), les brasseries parisiennes, les pneumatiques et les cartes routières, l'agroalimentaire, l'aéronautique, les lip dub, la fabrication de billets de banque, et, naturellement, dans le rugby, l'ASM étant le plus grand pourvoyeur d'internationaux parmi les clubs français pendant la dernière coupe du monde (avec 14 sélectionnés), sans parler du nombre d'entraîneurs professionnels passés par le club, dont le dernier sélectionneur en date du XV de France... Il fallait que ce soit dit, c'est dit !
Je termine en précisant que ce billet n'a pas été commandité par l'office du tourisme (de toutes façons, la montagne, c'est toujours mieux sans les touristes...).

La suite à la prochaine lettre !

De A à E.
De F à J
.
De K à O.

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