lundi 12 décembre 2011

Chasse aux Tigres - Premier Round

Ce fut une parodie de catch à laquelle nous avons assisté dimanche après midi dans l'ambiance surchauffée de la Michelin Arena. Le public, comme à son habitude, était au rendez-vous, confirmant au passage que la recrudescence bimensuelle des actes de violence et de vandalisme dans l’agglomération clermontoise n'a rien à voir avec la pleine lune, les cycles menstruels ou l'inhalation de vapeurs caoutchouteuses, mais correspond bien aux matches à l'extérieur de l'ASM qui privent le Jaunard de son exutoire hebdomadaire.
Les Tigres étaient arrivés avec beaucoup d'intention et la volonté de faire mal, au besoin en profitant des largesses de l'arbitrage. C'était sans compter sur la rigueur de l'homme en rose qui n'a pas toléré le moindre débordement, renforçant l'impression selon laquelle la WWE tente à tout prix d'éliminer les phases de combat qui risqueraient de choquer le grand public. On est loin des empoignades viriles et pas toujours franches des grandes années : la propreté du spectacle y gagne ce que la légende et le folklore y perdent. Mais reste-t-il de la place pour la légende lorsqu'il y a vingt caméras autour du ring épiant chaque fait et geste des acteurs ? La légende s'écrit toujours a posteriori, sur la foi de ceux qui y étaient et en recomposant les dires forcément parcellaires des uns et des autres, enjolivés au besoin. Aujourd'hui, l'analyse et la technique ont remplacé l'imagination et la rêverie. Les plus beaux mouvements, comme ceux du Stade Toulousain vendredi soir ou du Racing samedi, sont dévalués par l’œil obscène de l'objectif qui révèle, après coup, impartial et implacable, l'en-avant ou le départ hors jeu de Bobo... La controverse, les débats qui n'en finissaient plus pour savoir si Benazzi a bien aplati ont perdu leur part de romantisme. Avant, on avait des regrets, aujourd'hui, nous avons, au mieux des remords, au pire des scrupules. La place du doute, même, est réduite à la portion congrue. Et comme le dit si bien Nietzsche (non, Boucherie Ovalie n'est pas le seul site de rugby à citer Nietzsche), "ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou." (Ecce Homo).
Mais revenons à nos tigres... Animés d'une envie d'affrontement et de contact à faire pâlir d'envie les adeptes les plus exaltés de l'ultra-violence, alignant une première ligne aussi physique que chambreuse qui ne tarda pas à se faire remarquer en cintrant le "Kayzer Ben" sur la première mêlée et en mettant au supplice Vincent "Le Belge" Debaty, qui suppléait au pied levé Lionel "The Beast" Faure, victime d'une rixe backstage, les Tigers s'en tenaient à un catch simple et efficace : foncer dans le tas, faire mal, foncer dans le tas, faire mal. En face, la sympathique amicale jaunarde, toujours très enjouée et en jambes, avait haussé le niveau d'intensité et il faut bien avouer que les faces Julien "Good Guy" Bonnaire et Alex "The Tube" Lapandry rivalisaient dans l'agressivité, tandis que Gerhard "The Vosloo Facts" Norris trouvait enfin à qui parler. On assista donc à des joutes intéressantes marquées par quelques Mountain Bombs, Back Body Drops ou Arm Drags, Dato "The Georgian Yeti" Zirak se blessant même grièvement sur une manchette moldave dans un accès de générosité.
Mais c'est sur un autre terrain que les Blellows (Blue & Yellow) construisirent leur victoire. Profitant de la faiblesse psychologique (et intellectuelle certainement...) de Alessana "Speed And Heaviness Do Not Do Everything" Tuilagi, membre de la célèbre fratrie de catcheurs (He's not heavy, He's my brother) de l'autre hémisphère (le droit, celui des instincts...) et de Georgie "Baby Face" Chuter, qui eurent toutefois le panache de tenter un superbe double Space Tornado Ogawa simultané sur Morgan "Ze Insupportable" Parra et Le Belge (pas Francis, l'autre). C'en était trop pour le très sensible M. Rolland qui décida de mettre le holà à une partie qui commençait à peine à s'échauffer. Il faut dire que Martin "The Bearded & Chitchatty Bulldog" Castrogiovanni, Nathan "The Tall & Vicious" Hines et Morgan "Tête à Claques" Parra avaient, chacun dans leur style, instillé ce qu'il fallait de venin pour que la partie prenne un tour plus conforme à ce que l'on est en droit d'attendre d'un challenge automnal... Les deux entraîneurs tentaient le tout pour le tout pour sauver le spectacle en faisant rentrer Jamie "The Butcher Lumberjack (and he's okay)" Cudmore et Tommie "The Forgotten / He-Panzer" Waldrom, en vain...
Les Tigers ne pouvaient que plier et, malgré une belle résistance, se firent imposer la prise de finition par le jeune face Wesley "All I Do Is Perfect" Fofana. Il s'en fallut même de peu pour que le KO survienne, mais une dernière maladresse de Sitiveni "Faut Qu'j'arrête La Truffade, Je Peux Plus Courir" Sivivatu mettait fin aux espoirs des Jaunes.
La revanche a lieu dans une semaine : nul doute que les catcheurs d'Outre Manche auront à cœur de prouver qu'ils valent mieux que cette insipide copie. Reste à savoir si le squad montferrandais, décimé par les blessures, saura relever le gant...

2 commentaires:

  1. Vern "futur sélectionneur all blacks" Cotter serait-il fan de catch?

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  2. Le fameux double coup de la corde à linge ....

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