Vous le savez, mon amitié avec Maître Guy fait de moi l'un des meilleurs spécialistes du gourou toulousain. Je vous ai déjà fait partager l'intimité de ce technicien éternel, de cet obsédé de la gagne, mais, également, de ce communiquant hors pair.
Aussi ai-je décidé de décoder pour vous sa dernière interview en date dans le MIDOL, consacrée au Crunch. La même, mais avec les sous-titres...
L'interview est intitulée L'Angleterre ne peut pas gagner.
Immédiatement, je reconnais tout le vice communicationnel de Master Guy. Que se cache-t-il en effet derrière cette déclaration en apparence arrogante ? Sous-titres :
"Depuis que j'ai refusé le poste de sélectionneur et que j'ai, implicitement, fait apparaître L'Usurpateur comme un choix par défaut, et malgré le fait que tout le monde savait que je ne quitterai jamais Toulouse, mon aura s'est encore accrue et l'on vient rechercher mes avis comme ceux du vieux sage qui a pris du recul, d'autant plus que mon refus alimente toute une série de fantasmes inconscients sur ce qu'aurait pu être le jeu de l'équipe de France avec Novès à sa tête. Double conséquence : non seulement mon avis devient autorisé sur le sujet, mais je bénéficie également d'une immunité totale sur mes jugements puisque je suis devenu le sélectionneur d'une équipe de France utopique. En déclarant que la France doit gagner, je mets une pression implicite sur L'Expédient en sous-entendant qu'il serait vraiment un gros nul s'il n'arrivait pas, après ce pénible match face à des Irlandais valeureux mais limités, à écraser ce pathétique XV de la Rose... Malin, non ?"
Master Guy débute l'ITW sur une analyse comparée des niveaux respectifs de l'Angleterre et des clubs anglais, je cite :
Après avoir affronté cette saison les Harlequins et Gloucester, j'ai le sentiment que ces équipes développent davantage de jeu que l'Angleterre. (...) Les racines de l'Angleterre sont là, sauf que cette génération n'est pas au niveau de ses devancières. (...) Mais je ne parle pas des clubs. Gloucester est capable de jouer un rugby total, ce qu'on ne retrouve pas chez l'Angleterre dans ce tournoi. Sous-titres :
"Moi, à Toulouse, je me fade de vraies équipes de rugby anglaises, pas la génération sacrifiée et laborieuse offerte en pâture à L'Imposteur. J'en profite pour me justifier d'avoir perdu contre les Quins à domicile et contre Gloucester, et pour suggérer que ce serait vraiment la honte de perdre contre les Rosbeefs... Machiavélique, non ?"
Le journaliste pose ensuite une question piège en rétorquant que seule une équipe anglaise est qualifiée pour les quarts de finale de la HCUP. Rassurez-vous, Master Guy a tout prévu :
Les clubs anglais sont confrontés, comme nous, au partage des joueurs avec la sélection et ils n'ont peut être pas les joueurs sous la main pour travailler au bon moment. Sous-titres :
"C'est encore la faute des doublons et je suis d'autant plus méritant d'avoir hissé mon équipe en quart de finale de HCUP avec des joueurs qui reviennent massacrés de leur équipe nationale. Notez que tout le monde aura compris que lorsque je dis : "nous sommes confrontés", c'est un nous qui veut dire "je"... Évidemment, ce qui vaut pour les clubs spoliés de leurs joueurs n'est pas valable, dans ma démonstration précédente, pour la sélection qui n'a pas le droit de pâtir, elle, des cadences infernales et des mises à dispositions restreintes par un calendrier surchargé... Et Le Remplaçant, qui aura eu pour lui tout seul les joueurs pendant quatre semaines avec des résultats qui parlent d'eux-mêmes..., serait bien gêné de me contredire sur ce point. Futé, non ?"
Le journaliste pose ensuite une question piège en rétorquant que seule une équipe anglaise est qualifiée pour les quarts de finale de la HCUP. Rassurez-vous, Master Guy a tout prévu :
Les clubs anglais sont confrontés, comme nous, au partage des joueurs avec la sélection et ils n'ont peut être pas les joueurs sous la main pour travailler au bon moment. Sous-titres :
"C'est encore la faute des doublons et je suis d'autant plus méritant d'avoir hissé mon équipe en quart de finale de HCUP avec des joueurs qui reviennent massacrés de leur équipe nationale. Notez que tout le monde aura compris que lorsque je dis : "nous sommes confrontés", c'est un nous qui veut dire "je"... Évidemment, ce qui vaut pour les clubs spoliés de leurs joueurs n'est pas valable, dans ma démonstration précédente, pour la sélection qui n'a pas le droit de pâtir, elle, des cadences infernales et des mises à dispositions restreintes par un calendrier surchargé... Et Le Remplaçant, qui aura eu pour lui tout seul les joueurs pendant quatre semaines avec des résultats qui parlent d'eux-mêmes..., serait bien gêné de me contredire sur ce point. Futé, non ?"
On se demande ensuite s'il peut y avoir du suspense dans le Crunch. Oui bien sûr, mais Master Guy en profite pour glisser une petite clavette supplémentaire, particulièrement vicieuse, je cite :
(...) [L'Angleterre] doit se résoudre à s'appuyer sur [du] jeu au pied et se retrouve obligée de rendre le ballon. Sous-titre :
"Si Le Pis-Aller ne veut pas être ravalé au niveau de médiocrité des Glaouches, il va falloir qu'il demande à ses joueurs d'envoyer du jeu et ce n'est pas en utilisant la même tactique que les Buveurs de Thé que l'on risque de voir un beau match de rugby dimanche prochain... Mais je vous aurai prévenus... Perfide, non ?"
"En parlant de Tuilagi, je fais apparaître dans votre esprit l'image de "Air Rougerie" et ses plaquages en mousse, car vous ne pouvez pas ne pas tiquer lorsque je déclare que c'est un exploit de percer "au centre du terrain" contre l'équipe de France. Et, incidemment, je vous rappelle que Le Supplétif a inexplicablement oublié de sélectionner mon petit protégé, le massif et capable de museler Tuilagi, je ne l'ai pas nommé mais vous l'avez tous en tête, Florian Fritz. Démoniaque, non ?"
Merci, Maître Guy, pour cette grande leçon de communication subliminale.
Dernière question sur les individualités anglaises, et particulièrement Tuilagi. Là encore, la rhétorique de Master Guy prend des détours insoupçonnables, je cite :
(...) Tout seul, [Tuilagi] ne fera rien. Il est délicat de signer un exploit individuel au centre du terrain. Sous-titres :"En parlant de Tuilagi, je fais apparaître dans votre esprit l'image de "Air Rougerie" et ses plaquages en mousse, car vous ne pouvez pas ne pas tiquer lorsque je déclare que c'est un exploit de percer "au centre du terrain" contre l'équipe de France. Et, incidemment, je vous rappelle que Le Supplétif a inexplicablement oublié de sélectionner mon petit protégé, le massif et capable de museler Tuilagi, je ne l'ai pas nommé mais vous l'avez tous en tête, Florian Fritz. Démoniaque, non ?"
Merci, Maître Guy, pour cette grande leçon de communication subliminale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire