Dans un futur proche, les grands clubs sont entrés en guerre pour la qualification pour les phases finales. Exaspérés par la crise, les doublons, les erreurs d'arbitrage et les matches pour le maintien, les supporters se sont révoltés. La LNR essaie de maintenir un semblant d'ordre tandis que des bandes de rugbymen professionnels sillonnent les routes...
Agen (ou ce qu'il en reste...) - Département du Loot & Grey Zone - samedi 10 mars
Tout paraît calme en ce doux matin d'hiver qui présage du printemps à venir. La population s'active à cultiver ses pruneaux à l'extérieur des murailles de fortune élevées pour protéger la ville des bandes de pillards. Le spectre de la relégation semble s'être éloigné depuis quelques mois, et la cité jouit d'un calme relatif grâce à une moisson estivale productive et un automne serein. Les temps sont durs, mais le danger n'est pas aux portes. Du moins, pas pour l'instant...
Un nuage de poussière s'élève et grossit en effet à l'horizon de la ville. Sont-ce de nouveau les Chiens de Guerre Toulousains et leur chef implacable Humunguy, qui avaient profité il y a quelques mois d'une brèche ouverte par traitrise dans les défenses pour s'emparer d'un butin inespéré ? Sont-ce ces maudits Basques et leur maître l'Outremangeur, une bande de motards livrés à eux-mêmes, désespérés et prêts à tout, qui sont venus il y a quelques jours s'emparer de réserves importantes pour la survie de la communauté ?
Immédiatement, le rappel est battu. Les femmes ramassent rapidement leurs paniers et se précipitent à l'abri des remparts. Les enfants sont emmenés et cachés dans des caves. Vite, les portes se ferment et sont renforcées par de lourds madriers. Les snipers, dont les deux héros de la cité, Barnard le Long Fusil et Sylvère L'Eclair, ne tardent pas à gagner le chemin de ronde pour tenter d'identifier cette nouvelle menace.
Le nuage se rapproche lentement mais sûrement et un brouhaha mécanique s'amplifie peu à peu dans la campagne. Quelques minutes après, la bande de maraudeurs est en vue. Une rumeur d'effroi parcourt les fortifications :
- Les Arvernes Sales et Méchants ! On les reconnaît à leurs ridicules armures en caoutchouc et à leurs couleurs criardes...
C'est la stupéfaction dans la ville. Même les Avants semblent frappés de peur. Sur l'un des véhicules des Arvernes, deux rugbymen sont attachés, tels des figures de proue, et hurlent des supplications.
- C'est Donguy Porte Flingues !... et Bézy La Gachette Grippée !... crie une voix anonyme chez les Agenais.
- Hormis ces Chiens de Toulousains, ce ne pouvait être pire...
Le Doyen Lanta, vieux sage et conseiller de la ville, a lâché cette petite phrase à part lui, mais tout son entourage l'a entendue. Il poursuit :
- Je savais qu'ils étaient dans le coin... Apparemment, un gang composé de sous-fifres toulousains s'est attaqué à eux la semaine dernière. Mal leur en a pris... Ils en ont épargné un, le plus jeune, pour qu'il témoigne... Et maintenant, il viennent dans la région pour se venger...
Il saisit la longue vue qu'il a toujours à sa ceinture. Il soupire :
- Hum ! Je vois les deux Bikers Guerriers, Le Scud et Strong Yo, juchés sur leurs montures infernales... Il y a aussi leurs deux snipers, Skinny la Skrèle et Magic Foot Brockie... Ah ! Vern Le Sorcier est là... Ils ne sont pas ici pour manger des pruneaux... Ils sont même venus avec Mad Jim Buttin et Crazy Naïkat', le déséquilibré imprévisible des îles...
Il continue à scruter l'horizon en translatant sa longue vue d'un côté à l'autre.
- C'est bizarre, je ne vois pas Gerhard Le Bélier, ni Le Barde psychopathe... On dirait qu'ils ne sont pas là... Ni Rahan, ni Le Merdeux, ni Averell Dalton, ni Le Boucher de Bruges, ni Junior Bonner Le Bagarreur...
Soudain, une silhouette s'extirpe du rodéo de motos et d'automobiles trafiquées qui avait fini par arrêter sa progression chaotique sur un terrain de rugby vague. L'homme porte un heaume ajouré qui lui masque le visage, surmonté d'une crête rousse. Le reste de son corps musclé est nu, à l'exception de la ceinture pelvienne, protégé par une culotte rapiécée de pneus. Il a un combiné de téléphone à la main, relié par un fil tortillé à une improbable sono antique bricolée et raccordée à deux hauts-parleurs volés à un groupe de Hard Rock clermontois des années 90, les Real Cool Killers.
Un nervi, Alex Le Tube, revêtu d'une ridicule tunique en peau de Racingman, hurle de toutes ses tripes :
- Place à Elvis, le Saigneur de la Mêlée... Le... Le... Prince de la Guerre et de la Paix... Le... Le... Grand Ayatollah des Hauts Plateaux de Fromage vous parle !
L'homme casqué s'exprime d'une voix lente et répercutée dans toute la vallée par l'écho de la sono :
- Je suis Elvis, le King du Catch et des Corps à Corps. Je suis profondément déçu. Vous m'avez à nouveau forcé à lâcher mes Prêtres de la Mort ! Regardez ce qu'il reste des vaillants Chiens de Guerre de vos voisins toulousains - il montre d'un bras accusateur les deux hommes ligotés qui continuent de s'époumoner en promettant l'intelligence situationnelle à ceux qui viendraient à leur secours.
Le Heaume en colère froide poursuit sans se soucier de ses victimes :
- Les gens de votre espèce ne sont pas raisonnables ! Vous continuez à vous accaparer les points de ravitaillement. Mais nous savons tous que nul dans ce conflit n'est tout à fait pur et je suis venu vous proposer un compromis.
Là-dessus, un jeune rookie, Oléon Le Front d'Acier, se précipite aux côtés du Heaume et l'invective en gesticulant :
- Non, pas de compromis ! Tuons les tous !
Le Heaume applique une prise de soumission au jeune guerrier. Il lui murmure à l'oreille :
- Du calme, brave Prêtre de la Mort. Je comprends ta douleur. Nous avons tous perdu des points précieux dans ce combat infini. Mais l'heure de la vengeance n'a pas encore sonné. Nous reprendrons ce qui nous appartient le printemps revenu...
Repoussant le rookie avec une infinie délicatesse, contrastant avec l'impression de puissance qu'il dégage, le Heaume reprend :
- Il y a déjà eu trop de violence, trop de souffrance ! Je suis encore en mesure de maîtriser mes jeunes Guerriers de l'Apocalypse. Mais ce sont de vaillants soldats sevrés et assoiffés de combat, qui feront leur miel de toutes les razzias... Ne les provoquez donc pas ! Si vous vous soumettez, nous serons magnanimes et nous vous laisserons de quoi survivre, un bonus, si l'on peut dire... Mais si vous résistez, alors nous déchaînerons les feux de l'enfer sur votre pauvre cité et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-mêmes d'être entrés dans la vallée de la mort !
Il fit une pause et inclina légèrement du chef, comme écrasé par le poids des responsabilités et de la fatigue. Puis il reprit :
- Je vous laisse étudier cette proposition raisonnable : vous avez quatre-vingt minutes pour donner votre réponse.
Le Heaume reposa son microphone improvisé et rejoignit la meute qui fourbissait ses armes, laissant les Agenais dans la plus angoissante des expectatives...
PS : Petit flash back kitsch et sympathique ici.
Un nuage de poussière s'élève et grossit en effet à l'horizon de la ville. Sont-ce de nouveau les Chiens de Guerre Toulousains et leur chef implacable Humunguy, qui avaient profité il y a quelques mois d'une brèche ouverte par traitrise dans les défenses pour s'emparer d'un butin inespéré ? Sont-ce ces maudits Basques et leur maître l'Outremangeur, une bande de motards livrés à eux-mêmes, désespérés et prêts à tout, qui sont venus il y a quelques jours s'emparer de réserves importantes pour la survie de la communauté ?
Immédiatement, le rappel est battu. Les femmes ramassent rapidement leurs paniers et se précipitent à l'abri des remparts. Les enfants sont emmenés et cachés dans des caves. Vite, les portes se ferment et sont renforcées par de lourds madriers. Les snipers, dont les deux héros de la cité, Barnard le Long Fusil et Sylvère L'Eclair, ne tardent pas à gagner le chemin de ronde pour tenter d'identifier cette nouvelle menace.
Le nuage se rapproche lentement mais sûrement et un brouhaha mécanique s'amplifie peu à peu dans la campagne. Quelques minutes après, la bande de maraudeurs est en vue. Une rumeur d'effroi parcourt les fortifications :
- Les Arvernes Sales et Méchants ! On les reconnaît à leurs ridicules armures en caoutchouc et à leurs couleurs criardes...
C'est la stupéfaction dans la ville. Même les Avants semblent frappés de peur. Sur l'un des véhicules des Arvernes, deux rugbymen sont attachés, tels des figures de proue, et hurlent des supplications.
- C'est Donguy Porte Flingues !... et Bézy La Gachette Grippée !... crie une voix anonyme chez les Agenais.
- Hormis ces Chiens de Toulousains, ce ne pouvait être pire...
Le Doyen Lanta, vieux sage et conseiller de la ville, a lâché cette petite phrase à part lui, mais tout son entourage l'a entendue. Il poursuit :
- Je savais qu'ils étaient dans le coin... Apparemment, un gang composé de sous-fifres toulousains s'est attaqué à eux la semaine dernière. Mal leur en a pris... Ils en ont épargné un, le plus jeune, pour qu'il témoigne... Et maintenant, il viennent dans la région pour se venger...
Il saisit la longue vue qu'il a toujours à sa ceinture. Il soupire :
- Hum ! Je vois les deux Bikers Guerriers, Le Scud et Strong Yo, juchés sur leurs montures infernales... Il y a aussi leurs deux snipers, Skinny la Skrèle et Magic Foot Brockie... Ah ! Vern Le Sorcier est là... Ils ne sont pas ici pour manger des pruneaux... Ils sont même venus avec Mad Jim Buttin et Crazy Naïkat', le déséquilibré imprévisible des îles...
Il continue à scruter l'horizon en translatant sa longue vue d'un côté à l'autre.
- C'est bizarre, je ne vois pas Gerhard Le Bélier, ni Le Barde psychopathe... On dirait qu'ils ne sont pas là... Ni Rahan, ni Le Merdeux, ni Averell Dalton, ni Le Boucher de Bruges, ni Junior Bonner Le Bagarreur...
Soudain, une silhouette s'extirpe du rodéo de motos et d'automobiles trafiquées qui avait fini par arrêter sa progression chaotique sur un terrain de rugby vague. L'homme porte un heaume ajouré qui lui masque le visage, surmonté d'une crête rousse. Le reste de son corps musclé est nu, à l'exception de la ceinture pelvienne, protégé par une culotte rapiécée de pneus. Il a un combiné de téléphone à la main, relié par un fil tortillé à une improbable sono antique bricolée et raccordée à deux hauts-parleurs volés à un groupe de Hard Rock clermontois des années 90, les Real Cool Killers.
Un nervi, Alex Le Tube, revêtu d'une ridicule tunique en peau de Racingman, hurle de toutes ses tripes :
- Place à Elvis, le Saigneur de la Mêlée... Le... Le... Prince de la Guerre et de la Paix... Le... Le... Grand Ayatollah des Hauts Plateaux de Fromage vous parle !
L'homme casqué s'exprime d'une voix lente et répercutée dans toute la vallée par l'écho de la sono :
- Je suis Elvis, le King du Catch et des Corps à Corps. Je suis profondément déçu. Vous m'avez à nouveau forcé à lâcher mes Prêtres de la Mort ! Regardez ce qu'il reste des vaillants Chiens de Guerre de vos voisins toulousains - il montre d'un bras accusateur les deux hommes ligotés qui continuent de s'époumoner en promettant l'intelligence situationnelle à ceux qui viendraient à leur secours.
Le Heaume en colère froide poursuit sans se soucier de ses victimes :
- Les gens de votre espèce ne sont pas raisonnables ! Vous continuez à vous accaparer les points de ravitaillement. Mais nous savons tous que nul dans ce conflit n'est tout à fait pur et je suis venu vous proposer un compromis.
Là-dessus, un jeune rookie, Oléon Le Front d'Acier, se précipite aux côtés du Heaume et l'invective en gesticulant :
- Non, pas de compromis ! Tuons les tous !
Le Heaume applique une prise de soumission au jeune guerrier. Il lui murmure à l'oreille :
- Du calme, brave Prêtre de la Mort. Je comprends ta douleur. Nous avons tous perdu des points précieux dans ce combat infini. Mais l'heure de la vengeance n'a pas encore sonné. Nous reprendrons ce qui nous appartient le printemps revenu...
Repoussant le rookie avec une infinie délicatesse, contrastant avec l'impression de puissance qu'il dégage, le Heaume reprend :
- Il y a déjà eu trop de violence, trop de souffrance ! Je suis encore en mesure de maîtriser mes jeunes Guerriers de l'Apocalypse. Mais ce sont de vaillants soldats sevrés et assoiffés de combat, qui feront leur miel de toutes les razzias... Ne les provoquez donc pas ! Si vous vous soumettez, nous serons magnanimes et nous vous laisserons de quoi survivre, un bonus, si l'on peut dire... Mais si vous résistez, alors nous déchaînerons les feux de l'enfer sur votre pauvre cité et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-mêmes d'être entrés dans la vallée de la mort !
Il fit une pause et inclina légèrement du chef, comme écrasé par le poids des responsabilités et de la fatigue. Puis il reprit :
- Je vous laisse étudier cette proposition raisonnable : vous avez quatre-vingt minutes pour donner votre réponse.
Le Heaume reposa son microphone improvisé et rejoignit la meute qui fourbissait ses armes, laissant les Agenais dans la plus angoissante des expectatives...
PS : Petit flash back kitsch et sympathique ici.
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