vendredi 16 novembre 2012

Le Grand Con Bas du XV de France

Ou : Le Rugby, c'est mieux après.
Ou : Pour en finir une bonne fois pour toute avec Lalanne, Tillinac et Lacouture.
Un article digne du MIDOL, voire de Rugbyrama...

Imaginez... Imaginez la coupe du monde 2011, la grande épopée du XV de France, mais sans la télévision, sans Internet, sans Facebook, sans Twitter, sans la horde de journalistes traquant les moindres faits et gestes de nos rugbymen, sans l’œil obscène et inquisiteur des media, sans le buzz, le scoop et l'intoxication du public à l'évènement et à l'inanité, sans la manie des fausses analyses et des vrais marronniers, bref, imaginez la Rugby World Cup 2011 New Zealand dans les conditions médiatiques et techniques de 1958, année de la grande tournée des Bleus en Afrique du Sud... Imaginez cette coupe du monde racontée a posteriori par le pigiste Pierre Jeanchristian et ses yeux d'enfant-fan-de-rugby. C'est l'uchronie dans laquelle je vous propose de plonger en vous révélant quelques bonnes feuilles de cet ouvrage impossible qui rétablit la vérité légendaire de ce qu'il s'est réellement passé là-bas...

Quatrième de couverture :
En 2011, la France sarkozyste est en crise : crise économique, crise de confiance, crise de valeurs. Pendant que des séismes terribles et inattendus font trembler le Maghreb, la finance, les candidats à la présidentielle, le Japon ou la Grèce, la France pleure ses footballers perdus et cherche ses nouveaux braves. Le XV de France, héroïque finaliste d'une finale mondiale arrangée, sera ce phénix rené de ses cendres. Sarkozy avait Henri Guaino, ce XV de France aura Pierre Jeanchristian, le talentueux auteur de la "Petite Épopée du XV de France". Pendant qu'une partie de la société française s'émouvait dans les salles obscures des aventures picaresques et rédemptrices d'un handicapé et d'une "caille-ra", une autre se délectera des légendes bâties sur les exploits d'une équipe de "sales gosses"...

Extrait n°1 : La genèse d'un exploit
Le Chambon-sur-Lignon, J-90. Entre une séance vidéo et une révision du cahier de jeu, les joueurs mettent un nez à la fenêtre de l'hotel, se prêtant de bonne grâce aux questions des journalistes et aux demandes de dédicaces des nombreux supporters, venus des quatre coins de l'Ovalie heureuse, qui les guettent dans le hall d'entrée. Les accents chantant du sud ouest sont au rendez-vous, mais aussi des inflexions de voix plus nordiques, voire même, féminines, qui prouvent que le rugby n'est plus seulement un sport de terroir. A l'extérieur, des enfants, épanouis et rieurs, courent sur les pelouses et miment les actions de leurs idoles. Les joueurs sont abordables, détendus, souriant : normaux. Ils ont l'élégance des sportifs de haut niveau, ces gentlemen du dépassement de soi. Ils arborent le short coton-polyester de l'équipementier officiel avec l'élégance et la décontraction de l'homme du monde, habitué à voyager et à se confronter aux autres. Thierry Dusautoir, le capitaine exemplaire, en chaussettes montantes blanches dans ses claquettes bleu marine, est le représentant le plus emblématique de cette classe de joueurs du XXIème siècle pour qui, d'après le célèbre mot de Buffon, "le style, c'est l'homme".

Extrait n°2 : La déchirure
"Bon Dieu que c'est triste Roissy, le dimanche", aurait pu dire le Poète... Ce départ aurait du être gai. Il sera endeuillé de l'absence de ceux qui restent. En pleurs, Thomas Domingo déploie une émouvante banderole qu'il tient à bouts de bras au-dessus des comptoirs de sécurité. "Pliez-les pour moi !", est-il inscrit en rouge sang sur le drap. Intransigeants, les vigiles n'auront pas permis que Doming', exemplaire de courage et de ténacité, accompagne ses camarades jusqu'au tarmac. Il n'est pas le seul à avoir suivi la préparation et à voir la porte de l'avion se refermer devant lui. "C'est la vie, c'est le sport", l'entendra-t-on dire plus tard... Avant de quitter le centre d'entraînement, les joueurs, partant ou non, s'étaient réunis et avaient mêlé leur sang en gage de solidarité. Et surtout, ils avaient décidé, plus solidaires et altruistes que jamais, fidèles aux Valeurs de ce jeu, de partager les primes réservées aux Mondialistes entre tous les joueurs qui avaient effectué la préparation. L'un d'entre eux avait même suggéré que tous les sélectionnés appelés par Marc Lièvremont pendant son mandat soient concernés, mais le montant modique de la prime (comparé à celui indument perçu par les footballeurs...) conjugué au nombre de personnes concernées rendaient la récompense attribuée à chacun par trop symbolique. Mais l'essentiel était dans le principe : comme un symbole, une promesse d'aller au bout, envers et contre tout. Le serment de Marcoussis allait guider les pas de nos héros pendant les cinq semaines du mondial.

Extrait n°3 : A la découverte des Antipodes
Les Néo-Zélandais forment un peuple fier. Comme ils sont peu nombreux, ils n'ont que le rugby pour briller et montrer l'étendue de leur force. Les enfants néo-zélandais naissent, pour ainsi dire, avec un ballon ovale dans les mains. Le rugby est omniprésent dans la société locale. C'est ce qui les rapproche des habitants de Sainte-Foy-de-Peyrolières. De fait, les joueurs du XV de France se sentent rapidement à l'aise dans cette vie provinciale et sans trépidation que le Pays du Long Nuage Blanc leur propose d'adopter pendant cinq semaines. Les échanges avec la population sont cordiaux, rythmés par de nombreux haka, au cours desquels des adolescents obèses en uniforme chorégraphient l'orgueil maori. Les joueurs découvrent également le journalisme anglo-saxon, intrépide et rigoureux, bien que parfois chauvin, même si la barrière de la langue handicape souvent le dialogue... Il en résulte une scène épique mettant aux prises avec une équipe de télévision locale avec le jeune et impétueux Louis Picamoles, qui, avec force gestes démonstratifs, mime ses derniers exploits sur un terrain, pendant que William Servat tente de nouer la conversation en répétant l'une des phrases qu'il avait maintes fois rêvé de prononcer, en potassant ses cours You speak English ? Yes ! Lansdowne Road English : "My name is William"... Les journalistes, effrayés par les mimiques et les emportements du gentil géant parisien, qui les régale de son franc et simple parler de deuxième ligne, et interdits à l'écoute de l'accent chantant mais peu orthodoxe de William, s'enfuirent sans demander leur reste, laissant pantois nos deux amis, qui verront amusés leurs trognes dans le journal du soir...

Extrait n°4 : La bière de la défaite
Retour au camp de base après la désastreuse expédition des Tongas, cette vaillante équipe des Tongas qui a livré le match de sa vie, alors que les Bleus se sont contenté du service minimum. Les visages sont marqués, même si le XV de France a joué à "qui perd gagne" : la qualification pour les quarts est acquise, de justesse, grâce au point de bonus défensif, alors que les Blacks ont fait feu de tout le petit bois de la poule A... Désormais, nos meilleurs ennemis anglais nous attendent avec le statut de favori. François Trinh Duc a le moral dans la boîte à gant, Fulgence Ouedraogo se consacre totalement à son blog, Lakafia a atteint le 36ème niveau de Sudoku, Jo Maso a une montagne de repassage à terminer, quant à Guilhem Guirado, il assure les fonctions de porteur d'eau du staff entre la buvette du stade et la tribune officielle. Marc Lièvremont, qui n'a pas oublié qu'il avait été joueur, et qui mène son groupe avec la bienveillante fermeté d'un jeune père de famille, décide toutefois de boire le verre à-moitié plein plutôt qu'à-moitié vide : il entraîne ses joueurs dans une escapade nocturne dans les bars interlopes d'Auckland. Là, ils croisent, par le plus grand des hasards, Zac Guilford et Mathieu Bastareaud, le premier fêtant la victoire contre le Canada, le second en vacances en Nouvelle-Zélande, où il est toujours le bienvenu et où il a conservé de nombreux amis. La soirée comptera parmi les plus mémorables d'une capitale qui en avait pourtant vu d'autres. Elle est d'autant plus remarquable qu'elle acheva de fonder l'esprit d'équipe initié à l'occasion du serment de Marcoussis. "Une bonne cuite valant mieux qu'un mauvais débriefing", l'équipe de France partait désormais sur de bonnes bases pour bouffer du rosbif, et plus si affinités.

Extrait n°5 : Le coup de poignard dans le dos
Épique ! Tel fut le match qui opposa les deux grandes équipes de ce Mondial. Certes, la Nouvelle-Zélande fut belle, impériale, drapée dans les atours de l'invincibilité et du beau jeu... Mais avouons que la France, toujours aussi insolente et fantasque, aurait mérité, sur la finale, de devenir championne du monde. Il aura fallu un attentat sur le talentueux Parra qui avait confisqué les clés du camion depuis plusieurs matches, traitreusement ciblé par Nonu et McCaw, qui n'avaient cependant pas besoin de cela pour devenir champions du monde, puisque l'arbitre anglophone de la partie allait dispenser ses largesses et faire la démonstration de sa cécité visuelle, du moins pour la couleur noire. Pour dédouaner l'IRB des accusations de racisme portées par Eliota Sapolu Fuimaono à son encontre, peut être ? Toujours est-il que le match fut brutal, violent, au-delà des limites, et que le XV de France, malgré toute sa hargne et sa vista, n'était pas de taille à affronter dix-sept joueurs : quinze All-Blacks, plus tout un peuple, plus un arbitre... On retiendra de cette finale de rêve les larmes des candides Français, la joie indécente des Néo-Zélandais, certainement attisée par la peur de la défaite, mais également ternie par l'éternel soupçon... Et, surtout, ce panache à la gauloise, ce V victorieux pointé à la face du Haka et de l'Ovalie, cette flèche empoisonnée au poison du rugby champagne et du french flair, malheureusement inoffensive contre les manœuvres souterraines du rugby mercantile et castrateur, cette farandole solidaire de joueurs aux maillots d'anges immaculés dont les deux segments ont fait, en vain, comme dirait le Poète, "tourner un philtre noir dans un vase profond"...

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