lundi 9 avril 2012

¡ No pasaran !


L'affrontement a eu lieu. Rude, intense, impitoyable.

Le champ de bataille est désert. Il fait nuit. Je suis seul. Le fracas a fait place au silence mais je vibre encore des échos de la dispute. Depuis hier, mon corps est malade, mais c'est nerveusement que je suis épuisé. Saine fatigue cependant, adoucie par la caresse de la victoire. Je n'ai pas sommeil. Je veille et je me souviens...

J'ai cité Brock à l'ordre de la 63ème Auvairborne :
D'un comportement héroïque, a entraîné derrière lui la troupe alors qu'elle venait d'être privée de sa couverture d'artillerie. A conduit les hommes à la victoire par son action énergique et décisive. Mérite d'être montré en exemple.
J'ai revu à part moi la geste héroïque de nos partisans. La "horde jaunarde" : ils sont deux-mille, mais quand ils chargent, on dirait qu'ils sont dix-mille...

Tout au long de l'engagement, j'ai observé, au loin, là-bas, sur la colline, le général anglais avec mes jumelles. Dans ses yeux, j'ai lu la défaite et la désillusion, l'impuissance et l'admiration. Il n'a rien pu faire. Je l'ai amené là où je voulais l'amener. Je connaissais ses tactiques et ses combinaisons. Je n'ai pas mordu à ses ruses et, à chaque fois, ma cavalerie a glissé du centre du champ du bataille vers les flancs, l'obligeant à me contourner et à perdre la force et la vitesse de son impact. Mieux, nous avons pu effectuer quelques sorties défensives qui ont stoppé net son avancée. Je l'ai manœuvré simplement, mais fermement. Une seule contre attaque a suffi pour le mettre à terre. Ensuite, quelques bombardements bien ciblés et des tirs trans-horizon précis ont permis de le débander définitivement. Lorsque, dans un sursaut d'orgueil, il a tenté le baroud, mes hommes ont tenu la position comme des lions : ils n'ont jamais cédé, par fierté j'imagine, par respect pour l'adversaire, c'est certain, en hommage aux partisans, aussi, mais surtout parce qu'ils voulaient adresser un message aux Leinstermen, préparant leur débarquement en Gironde, et suivant attentivement la fortune de nos armes :

¡ No pasaran !
Thou shalt not pass !
Vous ne passerez pas !

Pendant que la Marseillaise résonnait sur le champ de bataille, alors que les Anglais avaient tout perdu, fors l'honneur, je sentais monter en nous une hargne animale, une obsession irrépressible de ne rien céder, je voyais des liens invisibles entre les hommes, une solidarité tacite qui leur permettait d'agir d'instinct, en toute confiance, car ils savaient qu'ils pouvaient se livrer totalement, qu'un frère d'armes viendrait toujours après eux, pour se jeter, soutenir ou s'interposer. J'étais fasciné de cette complicité implicite qui unissait notre infranchissable ligne de défense. Je ne voyais plus Julien, Daniel ou Vincent, je ne voyais plus qu'un organisme surhumain composé de toutes ces individualités transcendées par l'envie collective. Je me crispais à chaque choc, mais mon inquiétude était inutile, tant chaque faille se refermait immédiatement, tant chaque assaillant était rejeté du haut de la muraille blanche.
A ce moment précis, dans la cohue et la mitraille, alors que l'ennemi jetait ses dernières forces dans la bataille, alors que Watford tremblait sur ses bases, alors que l'Angleterre était insultée jusque dans son cœur, j'entendais, oh oui, j'entendais, du plus profond de nos tripes, ce cri de rage et de défi, cette vibration sourde et belliqueuse, cette voix ferme et hardie qui perçait dans le tumulte, ce slogan provoquant jeté comme un gant à la face de l'Europe, ce rugissement sauvage qui sonnait comme un avertissement à ceux qui s'apprêtaient à nous défier :
¡ No pasaran !
Thou shalt not pass !
Vous ne passerez pas !

3 commentaires:

  1. Logiquement, ça passe pas...

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  2. Le baron de Comeau vous regarde, et vous défie à Risk.

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    1. Je suggèrerais plutôt Blood Bowl

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