tag:blogger.com,1999:blog-43535633543757700512024-03-13T20:06:59.331-07:00Le blog de VernBlog parodique sur l'ASM Clermont Auvergne par un supporter inconditionnel.
Un peu d'humour - enfin j'espère - pour prendre un peu de recul sur le noble jeu.
Allez les jaunes et bleus !Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.comBlogger196125tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-64794749566166857972014-11-07T13:40:00.001-08:002014-11-07T13:40:03.790-08:00Quelques explications en guise d'au-revoir...<div style="text-align: justify;">
Après cet article, le <i>Blog de Vern</i> passe à l'état d'archive. Ce sera en effet la dernière publication de cet étrange objet cybernétique débuté paresseusement en 2008 et terminé un peu abruptement, comme la saison 2013 - 2014 de l'ASM.</div>
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Il aura eu une activité fluctuante, avec des pics pendant la coupe du monde 2011 ou les campagnes européennes, de longs temps faibles, et quelques succès (les "<a href="http://leblogdevern.blogspot.fr/2009/03/csbj-ce-super-brock-james.html" target="_blank">facts</a>", "<a href="http://leblogdevern.blogspot.com/2013/05/argent-pas-facile.html" target="_blank">Argent pas facile</a>", le "<a href="http://leblogdevern.blogspot.com/2013/05/le-fantome-de-marcel.html" target="_blank">Fantôme de Marcel</a>" et "<a href="http://leblogdevern.blogspot.com/2012/09/quand-isabelle-parle.html" target="_blank">Quand Isabelle parle</a>" entre autres). Il est resté relativement confidentiel (environ 250 000 vues sur la période) pour presque 200 publications. L'auteur, en toute modestie, ne cherchait cependant pas le succès éditorial : il était surtout animé d'une viscérale envie de parler - différemment - de son club préféré et d'un besoin irrépressible d'extérioriser son affection mêlée de frustration. Tant mieux si cela a plu, mais il s'agissait d'une démarche très personnelle, qui ressortait surtout de l'expérience thérapeutique et du plaisir d'écrire et de partager.</div>
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D'où l'anonymat. Pour des raisons pratiques, mais aussi par conviction.</div>
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Tout d'abord, j'exerce une profession dans laquelle je suis tenu à une certaine réserve et je ne souhaitais (et ne souhaite toujours) pas d'interférences entre les élucubrations de ce blog et mon métier. D'autre part, je suis particulièrement pudique et j'exècre les déballages narcissiques et inopportun dont notre société s'est fait le théâtre, par media interposés. En cela, je me réclame d'un autre Auvergnat (plus talentueux) qui écrivait avec beaucoup de sagesse "Le moi est haïssable". A ce titre, ce blog a toujours milité contre l'entreprise de starification du rugby que les vendeurs de papiers mènent à grand renfort de vide éditorial. C'est une lutte sans espoir qui en a pris un bon coup depuis que Toulon a réalisé son double doublé et qu'on essaie de nous vanter le "développement" du rugby autour de quelques noms comme le but ultime de ce sport, mais je reste persuadé que la star doit être l'équipe, et non les joueurs. Enfin, il est une grande vertu à rester dans l'anonymat : moins vous en savez de l'auteur et plus vous pouvez juger son travail avec impartialité. On s'épargnerait de bien mauvais livres si on ne les lisait pas sur la foi d'un nom sur une jaquette...</div>
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Anonymat, donc, mais aussi amateurisme.<br />
<br />
Amateurisme permis, naturellement, par Internet, media oblatif par excellence, qui m'a offert l'opportunité de m'exprimer sans filtre ni contrainte économique, sinon celle du temps consacré. Amateurisme qui garantit aussi la liberté, et, incidemment, une certaine exigence. Délivré de tout agenda, je n'ai jamais cherché à plaire, ni à faire rire à tout prix, je n'ai écrit que lorsque j'en ressentais le besoin ou qu'un sujet m'inspirait, parfois sans rapport aucun avec l'actualité. Il est des moments où l'on a rien à dire. Dans ces moments-là, le mieux reste toujours de fermer sa gueule.<br />
<br />
Je fais partie d'une génération qui, lorsqu'il n'était pas possible
d'aller au stade, était contrainte d'attendre les "tableaux" de <i>Stade 2</i> pour connaître les résultats du week-end.
Les images étaient rares, et on était déjà bien content de tomber sur
le résumé en une minute trente (dont trente secondes de tentatives de
pénalités) d'Yves Meunier le lundi à midi... Internet nous permet désormais de "consommer" du rugby à toute heure, dans toutes les langues, avec plus ou moins de bonheur et la quantité l'emporte souvent sur la qualité... L'ambition de ce blog était, dans ce contexte, de parler du rugby "autrement", loin de cette approche pseudo-statistique et pseudo-factuelle qu'on nous sert dans la presse, à la radio ou à la télévision et qui n'est, au pire, que du baratin d'anciens joueurs sur le retour, au mieux qu'une vague exégèse de
données incomplètes et arbitrairement choisies. J'ai voulu quant à moi raconter. Raconter l'histoire, l'aventure humaine, l'épopée sportive. J'ai voulu œuvrer, très illégitimement et très immodestement, à la construction de la légende qui
participe de l'identité du sport et du rugby. J'ai voulu, enfin, avec une sensibilité toute personnelle, apporter la distanciation indispensable à la pratique d'une activité
ludique en compétition. Le <i>Blog de Vern</i> est à ce titre ma très humble
contribution à cette élaboration d'un récit alternatif, et, surtout,
détaché des contraintes journalistiques, commerciales (pléonasme bien
souvent...) et éditoriales.</div>
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<br /></div>
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Nous avons la chance de vivre ce que j'estime être un véritable âge d'or du rugby, avec des conditions de jeu et de médiatisation optimales (et je n'ai pas dit "maximales" à dessein), un juste équilibre entre professionnalisme et mémoire de l'amateurisme, un modèle économique fragile mais soutenable, et, surtout, pas indécent, et, fondamentalement, un niveau de pratique jamais égalé, où la mécanisation du jeu permet encore à quelques artistes de s'exprimer, n'en déplaise à certains esprits chagrins. Je maintiens d'ailleurs que Sivivatu est meilleur de Boniface (oui, je sais, ils n'ont pas les mêmes postes, mais Sivivatu joue de toute façon où il veut).</div>
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<br /></div>
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Dans cet âge d'or, nous avons eu la joie d'être inclus dans cette parenthèse enchantée qui correspond au passage de Vern Cotter au club - et qui, je l'espère ardemment, va se poursuivre en mieux. J'ai immédiatement ressenti de l'empathie pour cet homme. A tel point que je me suis permis de me faire passer pour lui (je sais qu'il ne m'en tient pas rigueur) et malgré la - parfois très - grande distance qui nous séparait (à tous les points de vue), mes propos, toutes choses égales par ailleurs, avaient les atours de la vraisemblance (certains ont même cru qu'il s'agissait d'un blog authentique). Et comme le "vrai" Vern ne se payait pas de mots (et n'en disait pas beaucoup plus), je me suis senti investi de la tâche de faire écrire à un "faux" ce que je pensais que le "vrai" disait tout bas.</div>
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<br /></div>
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J'espère en tout cas que vous aurez pris autant de plaisir à me lire que moi à écrire pour vous, ma plus grande fierté ayant été d'apprendre du premier intéressé que mes mots touchaient souvent juste. Il est temps maintenant pour moi de passer à autre chose, même si <a href="http://www.lulu.com/shop/vern-dublogue/le-livre-de-vern/paperback/product-21870724.html" target="_blank"><i>Le Livre de Vern</i></a> poursuit, matérialise et finalise désormais cette aventure que je n'ose appeler littéraire.<br />
<br />
Vous remerciant très sincèrement et très sportivement de votre attention et de vos encouragements, je vous dis "à bientôt sur le pré" et "bon match !"<br />
<br />
Et n'oubliez pas : "Tout cela n'est que du rugby"...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-43130115634309259772014-11-07T13:38:00.001-08:002014-11-10T01:01:08.652-08:00La forteresse Alamo<div style="text-align: justify;">
Trois heures du matin et je ne dors pas.</div>
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Je les attends.</div>
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Les chiens sont à mes pieds. Ils somnolent, la tête sur la patte.</div>
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Tout est éteint dans la maison, sauf le feu qui crépite dans l'âtre et qui projette sa lumière orangée et ses ombres mouvantes sur les êtres et les choses.</div>
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Assis dans mon fauteuil club, je caresse ma joue avec le canon de mon fusil.</div>
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Machinalement, je vérifie la sûreté. J'ai une cartouche dans la chambre... De l'autre main, je cherche la boite de munitions sur la table à mes côtés. Elle y est encore. Je suis prêt.</div>
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<br /></div>
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Soudain, les chiens lèvent la tête.</div>
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Ils ont entendu quelque chose, là-bas, dehors...</div>
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Ils se dressent immédiatement sur leurs quatre pattes.</div>
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Je les retiens pour qu'ils n'aboient pas. Je les caresse tour à tour de ma main libre pour les remercier.</div>
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Silencieusement et précautionneusement, je m'approche de la fenêtre.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je risque un œil en me cachant dans une tenture. J'en ai vu deux, qui ont couru se dissimuler derrière un buisson.</div>
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Combien sont-ils ? Une quinzaine, certainement. Je suis seul. Je n'ai aucune chance.</div>
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<br /></div>
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Les chiens commencent à gémir. D'un geste impérieux, je les intime au silence. Le dressage l'emporte encore sur l'instinct. Ils s'assoient devant le feu.</div>
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<br /></div>
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Je vérifie de nouveau la fenêtre : il me semble en avoir repéré trois de plus courir entre les arbres.</div>
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C'est l'heure.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je casse le carreau de la fenêtre avec le canon. J'épaule et aligne une cible dans la lunette. Je retiens ma respiration, je reprends tranquillement le jeu de la détente, je presse encore un peu... La détonation synchrone du recul. Excellent tir au but, à tuer. Sans un cri, un homme s'écroule en contrebas.</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est le signal. Les coups vont commencer à pleuvoir. Ils n'ont pas encore identifié l'origine du tir. J'en profite pour chercher une nouvelle cible. Là ! Il court, de face, dans ma direction. De nouveau l’œil dans la lunette. Je réarme. La routine, le coup de feu, le recul, le type, stoppé net. Et de deux.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ça commence à bouger autour de moi. La vitre explose. J'aurais du éteindre le feu... Les chiens se précipitent en aboyant vers la porte. Ça crache dans tous les coins. Je me baisse en réarmant. Les murs sont criblés de projectiles.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La porte commence à trembler. Le lourd canapé que j'ai mis devant tient le coup. Pour l'instant. Les coups de feu se calment. Le temps de recharger... Ou de manigancer quelque chose. Il doit y en avoir quatre ou cinq derrière la porte. Je profite de l'accalmie pour aller récupérer mon fusil à gros gibier. J'ai un peu modifié la charge de la munition... Je me lève, crosse à la ceinture. Le premier coup est particulièrement violent. L'arme m'échappe presque, la porte vole en éclat dans un brouillard poussiéreux. J'entends un cri affreux. J'entr'aperçois dans la fumée l'un d'entre eux qui porte les mains à ses yeux : les échardes, et peut-être un peu de grenaille... Et de trois. Les chiens s'échappent en sautant par-dessus le canapé. Bon vent les gars. Essayez de vous trouver un meilleur maître... Je réarme, et je tire. Seconde explosion de porte, deux hommes partent en arrière et j'ai à peine le temps de voir leur sang gicler. Je me plaque au sol aussitôt car l'avalanche de plomb reprend de plus belle depuis les côtés. Et de cinq.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En détruisant ma porte, j'ai ouvert une brèche irrémédiable. Je me cale derrière une lourde table renversée en espérant qu'elle soit à l'épreuve des balles. De là, je suis normalement préservé des tirs latéraux et j'ai une bonne ligne de mire vers l'entrée. J'ai récupéré mon fusil à lunette. S'ils la jouent "héroïque", ce sera un carnage. J'en vois deux qui s'approchent. Ils se planquent à quatre pattes derrière le canapé miraculeusement épargné. Je pense à ma femme : de toute façon, elle ne l'aimait pas, ce divan... J'épaule, j'arrête ma respiration. Deux coups à gauche, deux coups à droite. Deux cris successifs. Et de sept.</div>
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<br /></div>
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Soudain, à droite, un changement infime de luminosité. Je tourne la tête. Un grand type dans la fenêtre en train de m'aligner avec des lunettes de vision nocturne. Dans un réflexe je roule sur le côté et j'échappe à la première rafale. Couché dans les éclats de verre, je saisis ma lampe torche et lui balance le faisceau dans la gueule : ça marche ! Ébloui, il a un mouvement de recul. J'en profite pour récupérer mon pistolet de l'autre main. Énorme coup de chance : je le touche du premier coup en pleine tête. Encore un mec trahi par la technique... Et de huit.</div>
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<br /></div>
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Mais pendant ce temps, la porte était restée sans surveillance. Trois types se sont infiltrés en enjambant le canapé. Je leur balance la lampe torche et je profite de l'instant de surprise pour les shooter au pistolet. J'ai le palpitant et l'adrénaline au maximum. Je ne respire plus. Ce ne serait pas aussi flippant que j'apprécierais presque la sensation. Mieux que la sortie des vestiaires... J'en blesse au moins deux et j'étale le troisième. Je suis debout et ça crépite fort autour de moi. Des escarbilles me rentrent dans la peau. Une arme automatique sur une boiserie certainement... Je ne sens plus la douleur. Je continue de presser la détente pendant quelques secondes alors que le chargeur est vide. Vern, bon sang, calme toi ! Je regagne mon abri précaire en me baissant. C'est un putain de miracle si je n'ai pas été touché. Je respire à nouveau, dos contre la table qui a tenu le coup. Heureusement... Une accalmie maintenant. Combien de temps depuis le début de l'attaque ? Trente secondes ? Deux minutes ? Une heure ? Le temps ne compte plus, désormais. Le jeu se poursuivra jusqu'au prochain en-avant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je tente de reprendre mes esprits. Neuf, peut-être onze... Le combat devient moins inégal. Voilà que je me remets à espérer maintenant. Je vais peut-être m'en sortir, finalement... Arrête de rêver, Vern. C'est l'heure et tu le sais très bien... Les mecs qui t'attendent dehors ne te laisseront jamais repartir comme tu es venu. Je profite de la trêve pour vérifier mes armes. Je change le chargeur du pistolet et du fusil à lunette. Je reprends le gros calibre en main. Je sens que je vais avoir besoin de dispersion...<br />
<br />
Derrière moi, un objet vient d'être lancé qui rebondit et s'arrête. Qu'est-ce que c'est que ce truc ? J'entends un échappement. Puis un second lancé. L'atmosphère devient acre et enfumée. Des lacrymogènes ! Mon intuition avait été la bonne. La lunette m'est désormais inutile. Je commence à pleurer. Je n'y vois plus rien qu'une buée blanchâtre. Je ferme les yeux et je compte jusqu'à dix. Je les entends qui approchent. Il sont quatre, je le sais. Ils ont dû enfiler des masques : je les écoute respirer.<br />
Dix : je me lève. Je tire au jugé. A bout portant. En balayant l'espace sur 180 degrés. Ça doit faire du grabuge. Finalement, je vais peut-être m'en sortir.<br />
<br />
Ou pas. Deux chocs, intenses, vifs, brefs, me clouent sur place et me coupent la respiration. Je suis touché. Je ne peux rien faire d'autre que lâcher mon fusil et tomber à genou. Je n'ai pas mal mais je réalise ce qui m'arrive. Je suis touché. Je ne vais pas m'en sortir, finalement. Machinalement, je cherche mon pistolet le long de ma cuisse. Je ne peux plus bouger que les bras. Mon torse est droit, comme paralysé et je ne vois rien que de la fumée blanche. Les yeux et la gorge me piquent atrocement. Enfin, je palpe la crosse. Mais une main m'empêche de m'en saisir et récupère le flingue.<br />
<br />
Deux masques à gaz apparaissent dans la brume. Je les vois flous. Enfin, le fumigène commence à s'estomper. Les deux hommes enlèvent leurs groins. Je reconnais, avec ce qu'il me reste d'acuité visuelle, Brock et Franck. Brock tend le pistolet qu'il vient de me dérober à Franck. Franck semble hésiter un instant. Je regarde Franck. Je regarde Brock. Je regarde Brock. Je regarde Franck. Franck tend le pistolet en direction de mon front. Je ne sais pas pourquoi, je pense : "Où est mon bonnet ?"<br />
Je regarde Franck. Je regarde Brock. Je dis :<br />
- Finissons-en, les gars. Faites-ça vite. <br />
<br />
Et puis plus rien.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-56757687979302061882014-11-07T13:38:00.000-08:002014-11-07T13:38:32.301-08:00188 - 8 - 87<b>Bilan général de l'ère Vern Cotter </b><b>(source : Cybervulcans.net) :</b><br />
283 matches joués toutes compétitions confondues<br />
188 victoires<br />
87 défaites<br />
8 nuls<br />
67% de victoires<br />
30% de défaites<br />
Score moyen : 27 - 16 pour l'ASM<br />
2.74 essais par matches<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>A domicile :</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Top 14 (saison régulière)</b></div>
<div style="text-align: justify;">
100 victoires</div>
<div style="text-align: justify;">
3 défaites (Castres 2008, Montauban 2008, Biarritz 2009)<br />
1 nul (Stade Français 2009)<br />
96,2% de victoires<br />
Score moyen : 35 - 13<br />
3.8 essais marqués par match en moyenne<br />
<br />
<b>Challenge européen</b></div>
<div style="text-align: justify;">
5 victoires (100%)</div>
<div style="text-align: justify;">
Score moyen 40 à 20</div>
<div style="text-align: justify;">
<b>HCup </b></div>
<div style="text-align: justify;">
23 victoires</div>
<div style="text-align: justify;">
2 défaites (Sale 2008, Leinster demi-finale 2012 à Bordeaux)<br />
92% de victoires<br />
Score moyen : 30 - 15<br />
3.57 essais marqués par match en moyenne</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>A l'extérieur :</b></div>
<div style="text-align: justify;">
Top 14 (saison régulière)<br />
37 victoires<br />
60 défaites<br />
7 nuls<br />
36% de victoires<br />
Score moyen : 19 - 18 contre l'ASM<br />
1.56 essai par match en moyenne<br />
<br />
<b>Challenge européen</b><br />
4 victoires<br />
1 défaite (Stade Français, quart de finale 2011)<br />
Score moyen : 25 - 19 pour l'ASM<br />
2.6 essais par match en moyenne<br />
<br />
<b>HCup </b></div>
<div style="text-align: justify;">
11 victoires<br />
13 défaites<br />
46% de victoires<br />
Score moyen : 25 - 18 pour l'ASM <br />
2.83 essais par match en moyenne<br />
Nota : la finale contre le RCT est considérée sur terrain neutre.<br />
<br />
<b>A partir des demi-finales :</b><br />
<b>Top 14</b><br />
5 victoires<br />
6 défaites<br />
<br />
<b>Challenge européen</b><br />
2 victoires<br />
<br />
<b>HCup</b><br />
1 victoire (Munster 2013)<br />
3 défaites (Leinster 2012, Toulon 2013, Saracens 2014)<br />
<br />
6 finales jouées<br />
2 victoires (Bath 2007, Perpignan 2010)<br />
4 défaites (Stade Français 2007, Stade Toulousain 2008, USAP 2009, RCT 2013)<br />
Score moyen : 18 - 18<br />
<br />
<b>Bilan des phases finales (</b>toutes compétitions confondues) :<br />
14 victoires<br />
12 défaites<br />
Score moyen : 20 - 19 pour l'ASM<br />
<br />
<b>Pour
mémoire, depuis l'avènement du professionnalisme (saison 1995 - 1996)
et de la coupe d'Europe jusqu'à la saison 2006 - 2007 incluse </b>:<br />
En championnat :<br />
85% de victoires à domicile<br />
29% de victoires à l'extérieur<br />
<br />
En HCup :<br />
67% de victoires à domicile<br />
21% de victoires à l'extérieur<br />
<br />
Bilan général :<br />
366 matches joués<br />
215 victoires<br />
140 défaites<br />
11 nuls<br />
59% de victoires<br />
38% de défaites<br />
Score moyen : 28 - 20<br />
3 essais marqués par match en moyenne</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-41699268204516914202014-05-12T15:26:00.001-07:002014-05-12T15:41:55.004-07:00Les histoires d'amour...<div style="text-align: justify;">
Samedi 10 ou dimanche 11 mai - Tard dans la nuit. Quelque part en Ovalie.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je tourne délicatement la clé dans la serrure. Je pousse lentement la porte, sans un bruit. Peine perdue. Le salon est éclairé. Elle est là, dans le grand divan où j'ai si souvent posé ma tête sur ses genoux. Elle me regarde, mauvaise. Une bouteille de whisky irlandais - beurk - sur la table basse. A proximité, deux verres, dont un vide, mais qui a visiblement servi. Ses yeux sont brouillés par l'alcool et les larmes. Sa robe, mal ajustée, laisse entrevoir une bretelle de soutien-gorge.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, provocante : </div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est à cette heure-ci que tu rentres ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, désignant le verre vide du menton :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Pourquoi ? Tu m'attendais ?</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, méchante :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu as raison, on n'est pas marié.</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, nostalgique : </div>
<div style="text-align: justify;">
- On aurait pu...</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, dalidesque :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Des mots, des mots, rien que des mots...</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, digne :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ne t'inquiète pas, mes valises sont prêtes.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, résignée : </div>
<div style="text-align: justify;">
- Je sais, je sais... Tu aurais déjà dû les faire l'an passé. Je me demande encore ce que tu fais là...</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, indigné : </div>
<div style="text-align: justify;">
- Quoi ! Tu voulais que je te laisse en plan ? Comme ça ? Je suis peut-être un fermier mal dégrossi qui ne sait pas exprimer ses sentiments, mais j'ai quelques principes ! C'est toi qui la voulais, cette "année de transition" !</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, indifférente :</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est ça... Comme si tu n'y trouvais pas ton intérêt...</div>
Moi, changeant de sujet :<br />
- Comment peux-tu me traiter ainsi ? Après toutes ces années ?<br />
Elle, avisant tristement une photo de nous deux en 2010 :<br />
- On a eu nos bons moments, Vern. Mais tout cela, maintenant, c'est de l'histoire ancienne.<br />
Moi, m'asseyant à ses côtés :<br />
- J'y ai cru jusqu'au bout, tu sais... J'ai fait des efforts...<br />
Elle, se poussant pour éviter le contact :<br />
- Ça ne pouvait plus coller entre nous, tu le savais bien...<br />
Moi, tripotant le verre vide :<br />
- C'est lui qui t'a fait pleurer ?<br />
Elle, essuyant une larme :<br />
- Non, imbécile, on n'en est pas encore là...<br />
Moi, me versant un whisky :<br />
- Tu as passé un bon moment ?<br />
Elle, pensive :<br />
- Prometteur...<br />
Moi, vaniteux :<br />
- Tu me regretteras.<br />
Elle, agressive :<br />
- C'est ce que tu as dit à ta pétasse écossaise ?<br />
Moi, grimaçant après une gorgée :<br />
- Ne l'appelle pas comme ça. Elle a toujours été bien disposée à ton égard.<br />
Elle, amère, les yeux dans le vague :<br />
- Décidément, elle a tout pour plaire : patiente, bien élevée, serviable. Dommage que tout le monde se foute de sa gueule...<br />
Moi, protecteur :<br />
<div style="text-align: justify;">
- Je ferai tout pour faire d'elle une femme accomplie. Comme toi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, railleuse :</div>
<div style="text-align: justify;">
- A défaut de la combler. Comme moi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, posant le verre à nouveau vide et me levant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon. Je n'ai jamais été très fort pour les au-revoir. Demain je serai parti. Je dors dans la chambre d'amis.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, silencieuse.</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, lui jetant un regard de côté.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elle pleure.</div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, lui caressant la joue, une dernière fois, comme elle l'aimait tant.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle se laisse faire.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je m'écarte.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Moi, dans l'embrasure de la chambre, me retournant, un peu mélo :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je t'ai aimée, tu sais, comme jamais je n'avais aimé personne.<br />
Moi, maladroit, bien trop mélo : <br />
Je crois bien que je t'aime encore.<br />
Moi, sincère : <br />
- J'ai toujours souhaité ton bien, tu sais. Et je ne regrette pas un instant passé à tes côtés, bon ou mauvais.</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle, dans un sanglot :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Moi non plus, Vern, moi non plus...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-50484358316561917272014-04-26T13:43:00.002-07:002014-04-26T14:06:44.907-07:00Elle nous a quittés...<div style="text-align: justify;">
- Bonjour Franck.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bonjour Vern.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ca va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ca va. Attention, ta cravatte est un peu de travers.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Ok. Merci ! C'est mieux comme ça ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je regarde ma montre.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est bon, on n'est pas en retard.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Non. On est bien. On a bien préparé les choses, si je puis m'exprimer ainsi.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. On est prêt.</div>
<div style="text-align: justify;">
...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Qui officie ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Nigel Owens. Il est pas mal.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. C'est vrai. Je suis souvent d'accord avec lui. Les joueurs sont à l'intérieur ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. Ils sont en place. On peut y aller nous aussi.</div>
<div style="text-align: justify;">
...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Dis donc. C'est loin d'être plein. On était obligé de faire ça ici ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Attends, c'est un bel endroit tout de même. Mais c'est très grand...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. Ça sonne un peu creux. Mais on entend bien les chœurs jaunes et bleus.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ça fait plaisir de voir qu'ils sont venus aussi nombreux. Pour eux, ça fait un long voyage.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Faut dire qu'elle était très aimée.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui... C'est bien triste... Y'en a qui ont l'air très atteint.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est normal. C'est un sacré choc tout de même. Et puis on a toujours eu de l'espoir, jusqu'au dernier moment...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Moi, ça fait longtemps que j'ai préparé mon deuil... Je savais que la fin était proche... Déjà, l'année dernière, on n'est pas passé loin...</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est sûr... Mais bon, j'y suis toujours très attaché. Et puis, quand je vais retourner dans cette maison, et qu'elle n'y sera plus... Son départ... plus le tien, si je puis m'exprimer ainsi, ça va être un grand vide...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je comprends, c'est naturel. Moi aussi j'ai énormément de peine. Tout ça... Tous ces gens... Cette belle cérémonie... Cet endroit grandiose... Les journalistes... C'est un peu grâce à moi... et aussi à cause de moi.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu sais, Vern, on a tous fait ce qu'on a pu. Mais là... Vraiment... Elle n'en pouvait plus la pauvre...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Faut dire qu'elle n'a pas non plus été très aidée par le sort... Rien ne lui a jamais été donné...</div>
<div style="text-align: justify;">
- En même temps, on n'a pas eu le temps de la voir s'en aller. Pense à ceux qui sont partis dans une lente agonie et qui ont été aux soins palliatifs pendant six mois...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. C'est moche. Mais bon, quand on a de l'affection pour quelqu'un, qu'on s'en est occupé pendant plusieurs années, qu'on l'a vue remonter la pente, être bien, et puis rechuter comme ça... Je me demande parfois si on a mis tous les moyens en œuvre pour la soutenir...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Que veux-tu... C'est allé tellement vite. A quoi ça tient, la vie... Moi aussi, j'ai des doutes. Mais, bon, c'est comme ça.</div>
<div style="text-align: justify;">
- On peut toujours se consoler en se disant qu'on a vécu de bons moments ensemble.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Attention ça va commencer. L'abbé Owens va dire la messe.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"Sursum Corda. Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour accompagner une belle équipe dans sa dernière demeure..."</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-11554390869788281762014-04-21T13:12:00.000-07:002014-04-22T14:31:54.362-07:00Le fantôme de Marcel - Le dernier retour<div style="text-align: justify;">
J'étais dans mon bureau, le dimanche de Pâques, vers quinze heures, en train de re-re-vérifier je ne sais quelle tactique défensive, quand, tout à coup, il est réapparu.<br />
Un vent d'outre-tombe, qui sentait le moisi et le vestiaire mal aéré, a emporté tous mes papiers dans un tourbillon infernal. Puis, il s'est matérialisé, faisant sensiblement baisser la température, en un genre de gelée jaunasse translucide légèrement cérulescente, à sa place désormais habituelle, c'est à dire de profil, bras croisés, devant la fenêtre, à regarder le puy de Dôme.<br />
- Bonjour Vern. Vous permettez que je vous appelle Vern, Vern ? fit-il de sa voix profonde.<br />
Rassemblant les quelques documents que j'avais réussi à retenir dans la bourrasque, je répondis dans un soupir :<br />
- Bonjour Marcel, comment allez-vous ?<br />
- Ah ! Ah! Ah ! (son rire plutonien me glaça un peu plus), j'aime beaucoup votre humour Vern. Là où je suis, on va et on ne revient plus... Mais trêve de plaisanterie. Je suis venu vous voir parce que vous n'en avez plus pour longtemps.<br />
J'essayai de ne pas paraître surpris :<br />
- Ah ?<br />
- A l'ASM, je veux dire...<br />
J'étais rassuré malgré moi :<br />
- Oui, bien sûr...<br />
- En effet, notre histoire commune touche à sa fin, au moins provisoirement... Et comme je vous aime bien, je suis venu vous prodiguer quelques conseils pour vos six derniers matches. Car, bien entendu, je n'attends pas que vous en jouiez un de moins cette saison.<br />
Disant cela, il tourna son visage spectral vers moi et je dus m'employer pour soutenir son regard farouche empourpré de feu.<br />
- J'ai un peu discuté avec le docteur Sigmund Freud, ces derniers temps, car je sais que vous aviez fait appel à ses disciples à votre arrivée en Auvergne. Je confesse que la psychanalyse n'est pas très pratiquée chez les Michelin : nous croyons plus à la Providence qu'à Ça... Aussi étais-je un peu sceptique... Je dois avouer que ce diable de Sigmund a bien failli me convertir à sa secte... Que voulez-vous ! Il est encore plus dogmatique et conservateur qu'un catholique ! Bref ! Il m'a dit avec son impayable accent viennois (vous comprendrez que je répugne à parler allemand...) :<br />
- Ach ! Marzel ! Il faut que fou fou débarraziez de zette foutue charrette de régrettes et de fruztrazionne akkumulés que fou traînez depuis zept ans, Gott Verdammt ! Zans parler de zette kurieuze pathologie mentale qui conzizte à fouloir touchours mieux faire que les autres ! Ils ne z'embarrazent pas afek la manièrhe au Zé O !</div>
<div style="text-align: justify;">
Il tendit son index pour me prendre à témoin :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Voyez-vous Vern, il s'intéresse au rugby. Il connaît même Castres ! Sauf qu'il croit que c'est dans le Tarn... Je ne sais pas où il a été pêcher ça...<br />
Mon spectre plongea alors dans une pause songeuse à l'allure d'éternité, avant de reprendre le fil de son monologue :<br />
- J'ai longuement réfléchi à tout cela. Et, là où je suis, croyez-moi, longuement, c'est quelque chose... Du genre attendre un Brennus pendant cent ans... Et après y avoir pensé de plus près, je me suis dit qu'il fallait que je vous rende visite pour vous donner le résultat de mes méditations chthoniennes...<br />
Je pressentais que la conversation allait s'éterniser :<br />
- Cela ne vous dérange pas si j'enfile une polaire ? J'aime analyser à chaud...<br />
- Je vous en prie. Donc, j'ai réfléchi et je suis parti des faits : sur les sept dernières saisons, vous êtes l'équipe qui a marqué le plus de points en championnat, la seule en Europe à atteindre les demi-finales de la HCUP au cours des trois dernières saisons. Votre record d'invincibilité au Michelin est une prouesse qui ne sera certainement jamais égalée dans l'histoire du sport professionnel. Enfin, vous voir évoluer à ce niveau (presque) chaque weekend est un privilège. Il suffit que j'en discute avec Yves du Manoir pour m'en assurer... Et, en même temps, vous vous prenez les pieds dans le tapis avec une régularité effrayante, même pour quelqu'un comme moi, qui en a pourtant vu d'autres... Vous êtes les champions de France de l'échec à un mètre du bol de sangria ! Vous êtes les champions d'Europe de la soixantième minute !<br />
J'eus alors un mouvement d'humeur :<br />
- C'est pour me dire ça que vous êtes revenu des Enfers ? Franchement, cela ne valait pas le déplacement...<br />
- Pardonnez-moi, Vern, si je vous ai choqué... Je n'avais pas l'intention de vous blesser. Mais il faut se rendre à l'évidence : la lose colle à la peau de ce club comme la médiocrité à un numéro du Midi Olympique. Vous savez que vous avez une palanquée de supporters là-haut : Vercingétorix, bien sûr, mais aussi Hannibal, le général Lee, un certain Lev Bronstein, Nicolas Fouquet, même le roi Louis XVI ! A ce titre, je dois vous faire une confidence : vous nous avez tellement régalés pendant les sept dernières années que, franchement, on a eu plus que notre content de beau jeu. Vous avez battu les plus grandes équipes, vous avez joué un rugby total, efficace et esthétique. Alors, si vous faites, pardonnez-moi l'expression, de la merde mais que vous gagnez, personne ne vous en tiendra rigueur. Pour parler trivialement, je préfère un drop dégueulasse qui sécurise le score à la soixantième à un arbitrage vidéo défavorable dans l'en-but à la quatre-vingt-deuxième à la suite d'une épique action de cinq minutes à vingt-trois temps de jeux. Je préfère qu'on renvoie l'adversaire dans ses vingt-deux plutôt qu'on tente une relance hasardeuse par excès de vanité. Je sais que la quête vaut plus que le trésor, que l'histoire est plus grande que le résultat, que les hommes comptent plus que les statistiques... Mais, pour cette fois, Vern...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il vérifia que j'étais toujours à l'écoute et repartit de plus belle : </div>
<div style="text-align: justify;">
- S'il vous plaît, pour une fois, n'en faites pas trop. Ne vous grisez pas. On ne vous en voudra pas si vous gagnez minablement. Dégagez en touche, tentez les pénalités, faites arbitrer Parra. Vraiment. On vous pardonnera toutes les petitesses : soyez patients comme une murène dans son repaire, déchiquetez votre adversaire à petits coups de dents, n'éprouvez aucune pitié pour personne, aucun sentiment romantique, aucun égard pour le beau jeu : vous avez gagné suffisamment d'estime, maintenant, il faut gagner des titres ! Vous m'entendez, Vern ? Gagnez petit, s'il le faut, mais GAGNEZ !<br />
Sa voix grave et échoïque avait amplifié tout au long de son incantation, à en faire trembler les murs.Je demeurais interdit. Je savais tout cela. Mais je savais aussi qu'il ne s'adressait pas qu'à moi. Il reprit :<br />
- Plus important : si je suis revenu des prairies élyséennes, moi, le fantôme du passé, ce n'est plus pour vous hanter, c'est justement pour vous inciter à oublier le passé : videz-moi cette charrette pleine de fange dans un fossé au bord du chemin. Vous n'avez rien à prouver ! Vous ne devez rien à personne et vous n'êtes pas chargés de surpasser je ne sais quelle malédiction, de venger je ne sais quel affront ou je ne sais quelle défaite injuste ! Croyez-moi ! Il faut oublier ! D'autres se souviennent déjà à votre place. Le passé, c'est le passé, et le futur n'existe pas : il sera à celui qui viendra le prendre, et, si l'on se réfère à l'expérience, il n'est pas regardant sur la qualité... Les Grands Hommes tombent et se relèvent : ils se remettent debout, ils époussettent leurs vêtements, et ils recommencent, comme si de rien n'était. Soyez donc des Grands Hommes : n'ayez aucun ressentiment, aucune peur, ne calculez plus, jetez toutes vos forces dans la bataille et ne pensez jamais à ce qu'il reste à faire. Car il n'est de pire mort que d'échouer avec des regrets...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il se tut.</div>
<div style="text-align: justify;">
Longuement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous écoutions le silence glacé.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Voila, Vern. J'ai parlé. Les entraîneurs motivent les joueurs : mais qui motive les entraîneurs ? Je suis venu vous faire votre causerie d'avant-match. Les mêmes qui vous porteront en triomphe, vous maudiront si vous perdez. C'est la Loi, aussi inique soit-elle. alors, ne soyons plus magnanimes avec la victoire, qui est aussi faite de bassesse et de renoncements.</div>
<div style="text-align: justify;">
De nouveau, une tournoyante tornade tourmenta dans mon bureau. Le fluide spectral se dissolut dans un bref tourbillon. J'entendis une voix résonnant du fond des âges :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et souvenez-vous d'oublier !</div>
<div style="text-align: justify;">
Les papiers retombèrent lentement sur le sol. J'étais en train de les ramasser quand Stéphane entra dans le bureau :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Putain, Vern, qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Rien, j'avais besoin d'un courant d'air pour me rafraîchir les idées...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-50245676103447462132014-03-23T03:08:00.002-07:002014-03-23T05:15:09.442-07:00Il était temps que je rentre<div style="text-align: justify;">
Comme je m'étais octroyé deux semaines au pays du long nuage blanc, je décidais d'arriver un peu plus tôt au stade le jour de la reprise.</div>
<div style="text-align: justify;">
J'ouvre la porte de mon bureau (tiens, la serrure n'est pas verrouillée...), et je vois une paire de semelles qui me font face sur ma table de travail, avec, en arrière plan deux mains de trois-quarts centre qui tiennent le journal <i>Le Monde</i>.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je croise les bras, j'écarte les jambes, et, bien campé dans l'ouverture, je racle ma gorge.</div>
<div style="text-align: justify;">
La brosse de Franck surgit au-dessus des cinq colonnes à la une. J'aperçois ses yeux pleins de surprise et de détresse, comme quand Isabelle Ithurburu lui demande au bord du terrain ce qui ne va pas à l'ASM. Les semelles, par un mouvement prompt, disparaissent sous le bureau et, dans une manœuvre précipitée et maladroite, Frank manque de tomber de mon fauteuil, se lève, plie le journal, sourit comme on s'excuse et me dit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Tiens ! Salut Vern !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut, Franck. Ça va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Un instant indécis, il se dirige vers la sortie, se glisse entre la porte et moi :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu m'avais dit que j'étais le patron en ton absence...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je suis rentré maintenant.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Hé ! Hé ! Pas mal ton interview dans <i>Le Monde</i>. La classe.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Comme tout le monde, j'ai commencé par <i>La Montagne</i>.</div>
<div style="text-align: justify;">
Et je le laisse regagner son bureau.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un peu plus tard, je fais un tour de stade, histoire de me remettre dans l'ambiance, apprécier ces moments de calme avant la tempête. Le meilleur moment, c'est lorsque je gravis les gradins pour gagner mon perchoir... Qu'est-ce que ?..</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Tiens ! Salut Vern !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut, Jean-Marc. Ça va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Il était assis, ses mains de troisième ligne croisées derrière la tête, les pieds sur le parapet.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu es rentré ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Apparemment...</div>
<div style="text-align: justify;">
Cherchant à masquer sa surprise, il se mit à faire semblant de farfouiller autour de lui. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu tombes bien. Justement - il fit une pause en s'accroupissant - je cherchais... Ah non, il n'est pas là non plus...</div>
<div style="text-align: justify;">
Me jetant un regard interrogateur :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu ne les aurais pas vues par hasard ? Hum... Je cherche mes notes sur le match contre Albi... En 2008 ? C'est pour un dossier sur l'arbitrage... Hum... Non ? Bon, okay... J'y vais alors... Bonne journée...<br />
<br />
Toujours plus tard, je rencontre Julien Bonnaire. Il est au téléphone. Je l'entends qui converse :<br />
- Non, il ne m'a pas encore appelé, mais bon, il ne l'aurait pas dit sinon...<br />
Il s'interrompt pour me saluer.<br />
- Ah ! Tiens ! Bonjour Coach !<br />
- Salut Jubon. Ça va ?<br />
- Ça va... Chuchotant, la main sur le microphone - Je discute avec un journaliste de ma sélection.<br />
- Ta sélection ?<br />
- Oui... Enfin... Tu sais... Ce que Saint-André aurait dit... Si j'ai envie de rejouer... Tout ça...<br />
- A 36 ans ?<br />
- 35 !<br />
Il reprend le téléphone. <br />
Je me crois obligé d'ajouter :<br />
- Bon... Tant que tu n'envisages pas de refaire ta vie avec une femme plus jeune ni de partir pour un tour du monde en kayak, parce que ça sent fort le démon de midi ton affaire...<br />
Il me fait un signe d'amitié en hochant le tête. Visiblement, tout à sa conversation, il ne m'a pas entendu...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Encore un peu plus tard, je croise le président. Il semblait fébrile.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Tiens ! Bonjour Vern !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bonjour Président. Ça va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui oui. Enfin non. Cette histoire de Toulon...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je comprends. La pression avant un match important...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Non ce n'est pas ça... C'est le graffiti...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Ça ! Un crétin...</div>
<div style="text-align: justify;">
Le président parut soudain gêné. Il prit un air de conspirateur, lança des regards méfiants dans toutes les directions, se rapprocha de moi, et, à voix basse :</div>
<div style="text-align: justify;">
- En fait, le tag, c'est moi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il se redressa, avec l'air ravi du polisson fier de sa bonne blague, les yeux brillant par-dessus ses bonnes joues empourprées. Il reprit, tout excité :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. Je passais par là. Je vois le bus. Personne aux alentours. J'avoue : je n'ai pas pu m'en empêcher... Pourquoi ? Comme ça ! Dans le feu de l'action ! Diantre ! On n'est pas homme sinon ! Je dois tenir ça de l’ancêtre Wallerand qui avait la réputation d'être un sacré farceur chez la comtesse de Gerlande... Bon, ça n'a pas été évident. Je n'avais qu'un <i>roller </i>sur moi et ils ne font pas de marqueurs indélébiles chez <i>Mont-Blanc</i>... Mais, avouez : quelle incise ! Quelle faconde ! Quel soufflet ! Ah ! Le Boudjellal, il doit bien fulminer ! Il doit en être tout marri ! Surtout, ne le dites à personne ! C'est un secret ! Hi ! Hi ! Bon ! - il redevint sérieux - Ça a fait tout un pataquès, après... Il a fallu rédiger un communiqué, tout ça... Mais j'ai bien ri ! Hu ! Hu ! Bon, je vous laisse...</div>
<div style="text-align: justify;">
Et il s'éloigna en gloussant comme un collégien qui aurait fait une bonne blague à son prof de maths...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Enfin, le match. Après cette victoire heureuse, je croise Bernard Laporte pour la dernière fois dans les couloirs du Top 14.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Tiens ! Salut Vern !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut Bernard. Ça Va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu es rentré ? On dirait pas... J'ai failli me tromper de vestiaire à la mi-temps.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Effectivement, il était temps que je rentre...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-18289211401544980862014-03-20T15:13:00.001-07:002014-03-20T15:22:16.369-07:00Ils ne changeront jamais...<div style="text-align: justify;">
On a tous besoin de changement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Tenez, moi, par exemple, lassé des beautés solitaires des hauts plateaux auvergnats, je suis allé passer quelques jours dans les landes isolées de Nouvelle Zélande. Là-bas, j'y ai retrouvé quelques moutons. Le mouton est un animal paisible qui ne demande qu'à brouter et bêler. De temps en temps, on le tond. Il apprécie beaucoup le tintement de la clochette qui pend à son coup, et qui, croit-il, le distingue particulièrement de ses congénères. Il ne lui manque que la parole.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le mouton aussi, a besoin de changement. Il faut le mener de pâture en pâture, car, même pour les ovins, l'herbe est toujours plus verte ailleurs, au contraire de la chèvre qui, elle, broute là où elle est attachée.</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est la raison pour laquelle le mouton aime tant, au beau milieu de l'hiver, le tournoi des 6 Nations : il peut fouler à grandes enjambées les grasses herbes iliennes ou le gazon palatin qui pousse entre les ruines de Rome, ce qui le change de la pelade des prairies du Haut Bugey ou des marécages du Pays Basque.</div>
<div style="text-align: justify;">
Cependant, il faut préciser, petite digression le temps d'un cappuccino touillé à la cuillère de bois, car il est toujours plus tôt que onze heures du matin quelque part dans le monde, que le rugby péninsulaire est déjà ruiné, décadent avant même d'avoir été, si bien qu'il ne pourra jamais, avant de trépasser définitivement, s'exclamer avec un regret sincère : "Qualis artifex pereo..." comme l'avait fait un Italien antique, grand amateur de sports, matricide et pyromane (il avait donc tout du parfait deuxième ligne, mais, pour le malheur du monde romain, le rugby n'avait pas été inventé à l'époque. Il se fit donc artiste, nous disent avec une perversité satisfaite Tacite, Suétone et Fernand Nathan). Depuis cette époque, nous révèlent doctement Herrero, Villepreux et Couderc, les grandes nations de ce sport ont toujours été des îles ou des finistères. Ce qui est, reconnaissons-le, le drame de la France, qui est à la fois péninsule et finistère, et qui, par-dessus tout, voudrait être artiste et artisan maçon en même temps. Ce qui est, également, paradoxal : un maçon peut être un artiste de la truelle mais, comme le soutient la sagesse populaire, un artiste n'a jamais fait un bon maçon (fin de l'oraison funèbre du rugby transalpin).<br />
Le XV cisalpin a, lui aussi, besoin de changement.<br />
Changement de vitesse, changement de dynamique, changement de karma, changement à Châtelet en direction du grand stade, bref, changement de paradigme pour employer un terme à la mode. Je ne parle pas des changements de tactique, de charnière, de joueurs et de sélectionneurs, pour changer.</div>
<div style="text-align: justify;">
Car il faudrait que le XV de France change, mais pour ne plus changer, une bonne fois pour toutes. C'est un paradoxe. C'est très français. Vous êtes ainsi. Vous coupez la tête de votre roi. Vous vous rendez compte de votre bêtise et appelez de vos vœux l'homme providentiel. La providence vous exauce à tel point que vous ne passerez plus votre temps qu'à le chercher. Vous cooptez un empereur, tour à tour caporal, général, pilleur de tombes, ami des lettres, directeur, consul, ennemi de l'humanité, législateur en bicorne, qui manque de tomber dans le ruisseau en ramassant la couronne, balbutie et trébuche une journée de Brumaire. Je passe les péripéties qui l'enverront, <i>in fine</i>, méditer à Sainte Hélène sur la vanité de la destinée humaine sous la garde sourcilleuse d'un arbitre vidéo anglais respectant à la lettre les règlements de l'IRB, quitte à ignorer les en-avants les plus grossiers, un certain de Las Cases doit à ce triste épilogue une postérité inégalée : c'était le premier producteur de "litté-réalité". Bref, il échoue, à plusieurs reprises, en finale. Lassés de ces caprices aventuristes et infantiles, vous restaurez la royauté, hésitez sur la république, faiblissez pour un second empire, rappelez la gueuse en catastrophe, la bradez un soir de déprime, oubliez tout lorsqu'elle revient, avant d'installer enfin une monarchie élective, intronisant une série de despotes de moins en moins bien éclairés et de plus en plus velléitaires, vivant dans un palais et ne rendant de compte à personne : deux cents ans pour revenir au point de départ... C'est, en langage astronomique, ce qu'on appelle une révolution. De là à dire que Marcoussis est le Versailles de la FFR...</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour que rien ne change, il faut tout changer, disait Tancrède Salina, un autre italien cynique. Les Français font honneur à cette maxime, en politique comme en rugby, ce qui est la même chose, quoique vous pratiquiez le rugby avec plus de sérieux, c'est dire...</div>
<div style="text-align: justify;">
Changeons donc ! Après tout, la stabilité n'est qu'un accident du hasard. Pourquoi ne pas faire confiance à l'aléa ? C'est ainsi que la science et la connaissance du monde progressèrent : Colomb découvrit l'Amérique en recherchant le Japon, Fleming la pénicilline en étant négligent et les sœurs Tatin leur tarte par accident. On peut donc raisonnablement espérer, avant extinction de la race ovine, que la chance conduira le XV de France à la consécration, avec beaucoup plus d'élégance et de romantisme - et pas moins d'incertitude - qu'un drop botté par un psychopathe de l'entraînement à la dernière minute d'une finale sans essai. Il est fort possible que ce cheminement tordu se fasse d'Austerlitz en Berezina, de Waterloo en Arcole, qu'il provoque autant de crises de nerfs que d'emballements inconséquents. Mais, il ne faut pas désespérer de la nature : on peut toujours compter sur une bonne dysenterie chez l'adversaire pour transformer un soir de défaite en bataille de Valmy.<br />
Vous avez tant fait pour la légende de ce sport que vous insulteriez vos mânes à vouloir gagner avec pragmatisme et réalisme. Ces deux gros mots sont des camouflets lancés à la face de Jauréguiberry et des frères Boniface. Vos joueurs l'ont bien compris et Marcel Ruffo vous expliquera mieux que moi que la vomissure de rugby pratiquée pendant le dernier tournoi n'est que le refoulement inconscient de ce jeu programmé et contre-nature que le trio d'entraîneurs nationaux a voulu imposer à vingt-trois Werther plus ou moins jeunes et plus ou moins dépressifs.<br />
<br />
J'apprends sur ces entrefaites que le retour de Julien Bonnaire en bleu est évoqué. Ça nous changera.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-66529190609340989702014-02-18T14:09:00.000-08:002014-02-18T14:29:02.343-08:00Soft Power<div style="text-align: justify;">
Hier matin, le président nous a convoqués. Quand je dis nous, je parle du staff, de l'attachée de presse et de quelques joueurs cadres. J'étais naturellement présent, en compagnie de Jean-Marc, Franck,
Roro et Morgan. Nous avons pris place autour d'une table dans une
salle sans âme qui est incontestablement la marque du
professionnalisme de toute entreprise moderne. A la différence près
qu'il y avait un laquais en livrée à l'entrée, qui, au moment où
le président entra, aboya d'une voix forte :</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Monsieur le Marquis !</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
Instinctivement, nous nous
levâmes. Jean-Marc fit une révérence en murmurant :</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Mes respects, Monsieur le
Marquis,</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
puis s'agenouilla pour porter la
main du président à son front. Morgan ne put alors s'empêcher de
le traiter de « fayot » entre ses dents, tandis que
Jean-Marc lui adressait un regard réprobateur.</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
Le président, indulgent, fit se
relever Jean-Marc et lui dit avec un sourire paternel :</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Allons, allons, pas de cela ici,
je vous prie. Ici, je ne suis que le président, un titre
démocratique et républicain certes, que j'endosse cependant avec
enthousiasme. Il est vrai que j'ai hérité, par mon père, et selon
les plus hautes traditions aristocratiques, du titre de marquis et
que je pourrais, comme certains cuistres, en faire un étalage
vaniteux en public ou dans la presse : rassurez-vous, ce n'est
pas mon genre...</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
Jean-Marc l'interrompit, en lui
remettant une feuille de papier :</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Monsieur le Marquis ?</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Oui ?</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
Voici le communiqué que j'ai préparé - l'attachée de presse, visiblement fatiguée par une nuit sans sommeil, toussa - je veux dire que nous avons préparée avec le service "Relations publiques".</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
- Ah ! Merci, Jean-Marc.</div>
<div style="text-align: justify; widows: 8;">
Morgan profita du fait que le
président chaussait ses lunettes et était plongé dans la lecture
pour envoyer une boulette de papier sur Jean-Marc. Celui-ce le
fusilla une seconde fois du regard.</div>
<div align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; widows: 8;">
<div style="text-align: justify;">
- Bien ! fit le président au moment où Jean-Marc s’apprêtait à riposter. J'ai cru comprendre que depuis la fin de la saison 2010, l'arbitrage nous a été défavorable dans certains matches importants. Comme vous le savez j'étais aux States ce week-end - Dieu quel pays ! des gens vraiment très sympathiques, très souriants, mais avec ce soupçon de vulgarité qu'on apprécie chez le gendre de son métayer... Bref j'ai cru comprendre que... vendredi soir, que l'on... que... comment dire ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- On s'est bien fait enfiler !</div>
<div style="text-align: justify;">
C'était Morgan qui avait trouvé les mots justes. Le président, visiblement amusé mais gêné de cette trivialité, réprima un sourire et poursuivit avec une moue bonhomme :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui, comme le dit notre jeune ami avec ce langage imagé qui lui est propre, les décisions arbitrales ne nous ont pas été favorables.</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Marc pointa du doigt un paragraphe de la feuille et renchérit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui, Monsieur le Marquis, c'est exactement ce que nous avons voulu dire en écrivant que nous attendions "plus d'implication de la part du milieu arbitral".</div>
- Merci Jean-Marc. En effet, je me suis demandé, à ma descente de la Caravelle, si nous ne devrions pas communiquer sur le sujet et j'ai donc souhaité que Jean-Marc nous rédige un texte "coup de poing" pour marquer notre territoire et dire à ce Monsieur Mené ce que nous pensions de ses serfs, je veux dire de ses ouailles !<br />
L'attachée de presse toussa à nouveau. Et Jean-Marc de préciser :<br />
- Oui, enfin, je l'ai rédigé avec l'aide de notre service "Communication".<br />
- Merci Jean-Marc. Alors, que nous dit ce brulot ?<br />
Le président parcourut le papier :<br />
- [Murmure] Sodomie arbitrale ? [le président leva un sourcil] [Murmure] Pipasse ? [le président leva un second sourcil] [Murmure] Incompétent ? [le président fronça les sourcils] [Murmure] Valeurs du rugby - Ah ! Très bien ça ! [Murmure] Travail de fond réalisé par Jean-Marc Lhermet ? [double haussement de sourcils] [Murmure, murmure, murmure].<br />
Le président redressa la tête et parut assez mécontent :<br />
- Mais Jean-Marc, ce n'est pas du tout ce que je vous avais demandé ! Un brulot, certes, pas un palimpseste de jobarderies, comme disent les jeunes ! (Morgan conserva un air interdit) Il faut être plus débonnaire, plus rond, plus pneumatique...<br />
Jean-Marc se rembrunit :<br />
- Ah mais Monsieur le Marquis, c'est exactement ce que j'ai dit au service "Farces et attrapes" ! En même temps, "incompétent", ce n'est pas une insulte...<br />
L'attachée de presse leva les yeux au ciel.<br />
- Bon, reprit le président, je me demande si finalement c'était une bonne idée... Vern, qu'en pensez-vous ?<br />
- Il faut aussi savoir gagner dans l'adversité, président.<br />
Jean-Marc griffonna frénétiquement sur son carnet de notes. <br />
- Oui, pourquoi pas ? fit le président, pensif. J'ai entendu parler de cette théorie... Peut-être pourrions-nous prendre un avis autorisé auprès de mon prédécesseur. Ce cher René,
d'extraction médiocre certes, mais toujours animé de ce bon sens paysan des gens simples...</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Le président fut alors interrompu
par le <i>Te Deum</i> de Marc-Antoine Charpentier. Son téléphone.</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Pardonnez-moi, fit-il implorant, c'est la Marquise ! Allo ? Oui, ma
Mie... Vous ne les retrouvez pas ? Avez-vous cherché dans le
grand salon ?.. Et dans la chambre bleue ?... Le petit
cabinet alors ?.. Non ? Dans l'armurerie peut-être...
Non !?.. C'est qu'un domestique les aura emmenées par devers lui dans
les communs, alors... Oui... C'est cela... Rappelez-moi...</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Il raccrocha.</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Excusez-moi, le château est
tellement peu pratique qu'on n'y retrouve rien... Que voulez-vous,
l’aïeul Enguerrand a bien fait ce qu'il a pu pour le remanier,
mais c'était au temps des Orléanistes et nous étions en froid avec
ces coquins...</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Le président mit fin à son
monologue, alors qu'il déchiffrait l'incompréhension sur les
visages de l'assemblée. Pour se redonner contenance, le président avisa Roro : </div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Bon ! Aurélien, Qu'en pensez-vous ?</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Roro ne réagit pas. Il tapotait
sur son ordiphone. De là où j'étais, je pouvais voir qu'il
publiait le menu du jour du HPark sur sa page Facebook.</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Roro ! Fit Jean-Marc
brusquement, voyant que le président commençait à s'impatienter.</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Roro leva la tête, visiblement
surpris. Jean-Marc poursuivit :</div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Aurélien, Monsieur le Marquis
te demande ton avis !<br />
- Eh bien, on est venu avec des intentions et on n'a pas été récompensé contre une grosse équipe de Grenoble. On n'a pas eu de chance avec l'arbitrage mais on doit travailler la concrétisation de nos actions.<br />
Jean-Marc griffonna frénétiquement sur son carnet de notes. </div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
Le président esquissa une moue
dubitative. </div>
<div align="JUSTIFY" style="widows: 8;">
- Et vous Franck, qu'en dites-vous ?<br />
- J'aimerais bien savoir ce que c'est que cette histoire de rapport précis à la commission centrale de l'arbitrage.<br />
Jean-Marc parut gêné :<br />
- Ben, tu sais, c'est ce que je fais le lundi après-midi... Le service "Prépare-moi un café" a oublié d'ajouter, comme je l'avais bien sûr demandé, "en concertation avec le staff". La procédure est en tout cas bien rodée : j'envoie le rapport par mail à l'adresse que m'a donné Didier Méné : causetoujours@lnr.fr. On fait ça aussi avec l'ERC, mais l'adresse change. C'est : kissmyass@erc.com.<br />
Morgan ne put s'empêcher d'ajouter :<br />
- Avec l'efficacité que l'on sait...<br />
Franck remarqua :<br />
- Je me demande si tous ces efforts sont très utiles, et s'il ne faudrait pas plutôt relancer, comme l'ont proposé Nathan et Jamie, les ateliers "j'te mets une petite mandale discrète dans le ruck ni vu ni connu"... Les bourre-pifs inspirent toujours plus le respect que le spam...<br />
- Bon, coupa le président, on va y réfléchir mais il faut, de toute façon, me reprendre ce texte. Dans ma situation, je ne peux pas me permettre de parler comme un parvenu. Je sais que ce que je vous demande est difficile : râler après les arbitres, leur mettre la pression, mais avec élégance, avec fair-play. Jean-Marc, vous êtes le littéraire de la bande, je vous fais confiance, faites-moi ça proprement. A propos (il s'adressa à l'attachée de presse qui avait de nouveau levé les yeux au ciel), quels media avons-nous ciblé ? L’Équipe ? Midi Olympique ?<br />
L'attachée de presse bredouilla :<br />
- Beuh, non... Plutôt le site Internet du club...<br />
Apparemment contrarié, le président sembla finalement prendre son parti :<br />
- Bon, ça ira pour cette fois. Nous n'en sommes qu'au début d'une longue campagne de lobbying. Mais qu'on se le dise : ils vont voir de quel bois je me chauffe, Morbleu !<br />
<br />
Le communiqué final <a href="http://www.asm-rugby.com/140219-itw-de-cromieres.html" target="_blank">ici</a>.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-6537657779969710152014-01-28T13:47:00.002-08:002014-01-28T13:50:25.935-08:00Une lettre d'Ecosse<div style="text-align: justify;">
A l'occasion de la trêve internationale, je vous fais partager un courrier que j'ai reçu du ministre des sports écossais (traduction libre du gaélique).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cher Monsieur, ou plutôt, cher Vern (vous permettez que je vous appelle Vern, Vern ?),</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au nom du premier ministre de la Nation écossaise, je vous souhaite, avec un peu d'avance, la bienvenue en Écosse. A ce sujet, et à vrai dire, nous avions caressé l'espoir de vous accueillir un an plus tôt. Mais, et malgré les assurances de M. Lhermet, nous avions bien compris l'intérêt que vous portiez à une véritable équipe de rugby capable de remporter des titres.</div>
<div style="text-align: justify;">
Bienvenue, donc, dans notre beau pays de lochs, de whisky et de moutons. Ne prévoyez pas de tenues trop légères, la température dépasse rarement les vingt degrés ici, mais je pense que les conditions climatiques extrêmes ne seront pas une découverte pour vous.</div>
<div style="text-align: justify;">
Laissons de côté les dépliants touristiques, vous aurez le temps d'apprécier la chaleureuse hospitalité de notre sympathique population : l’Écossais, bien que rude et incompréhensible (même pour un anglophone) au premier abord, n'en reste pas moins un personnage amène et amical pour peu que l'on accepte de lui payer une bière de temps en temps. Là encore, je pense que vous ne serez pas dépaysé.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour entrer dans le vif du sujet, je dois vous avouer que nous vous attendons avec impatience. L’Écosse, vieille nation mais jeune État, n'a finalement que peu d'occasions de faire parler d'elle en dehors sa production d'alcools, de tranches de saumon fumé et de pulls en cachemire. Son équipe nationale de rugby devrait à ce titre représenter une bonne part de la fierté nationale. Il se trouve, et il ne faut pas avoir peur des mots, que cette équipe incarne surtout le symbole de l'incapacité nationale. Nous comptons donc sur vous pour redorer notre blason quelque peu cabossé et redonner confiance et orgueil à notre population sévèrement éprouvée en termes de résultats rugbystiques. Notre dernier exploit international remonte à une improbable victoire d’Édimbourg contre le Stade Toulousain en H Cup, c'est dire...</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour faire clair et simple, en Écosse, on ne plaisante pas avec le rugby, et nous avons eu trop d'humoristes sur le terrain au cours des dernières années.</div>
<div style="text-align: justify;">
D'ailleurs, vous le savez certainement, l’Écosse, alliée historique de la France, nourrit une animosité naturelle à l'encontre de son voisin méridional, oppresseur impérialiste, buveur de bière tiédasse, pervers monarchiste, et j'en passe, dont je tairai le nom mais dont vous voyez bien de qui je veux parler, suivez mon regard... Vous objecterez qu'il n'existe, a priori, dans le monde aucune nation digne de ce nom qui peut encadrer les Rosbifs. Certes. Mais la proximité et l'histoire que nous avons été forcés de partager avec cet inutile voisin rend le sujet particulièrement sensible dans les Highlands. C'est pourquoi je me permets d'insister lourdement sur l'impérieuse priorité qui est la votre de remporter toutes les rencontres qui nous opposeront au XV de la Rose, et plus particulièrement, celles qui auront lieu à Murrayfield. En cela, vous ne vous écarterez pas d'une vieille tradition française, et, j'oserais dire, auvergnate : L'une de vos missions est bien de transformer "Edimbourg-terre d'accueil" en "Citadelle imprenable".</div>
<div style="text-align: justify;">
D'autre part, je n'ai certainement pas besoin de vous rappeler que le dernier grand chelem du XV du Chardon remonte à 1990. A l'époque, Gavin Hastings jouait, avec, entre autres, Craig Chalmers et John Jeffrey. J'en ai des frissons rien qu'à y repenser, et le souvenir d'un extraordinaire mal de tête. Il s'agit en effet de la dernière cuite nationale à ce jour. Inutile de vous dire que les Écossais sont sevrés : les plus anciens seraient heureux de revivre, et les plus jeune de découvrir, l'expérience de boire sans modération et sans arrêt du samedi au samedi suivant et de se réveiller dans un lieu indéterminé avec une gueule de bois à la hauteur de l'évènement. Sur ce point, votre curriculum vitae parle pour vous : vous avez vaincu 100 ans de malédiction en Auvergne, vous n'aurez, je pense, aucun mal à vaincre un quart de siècle de disette sportive. D'autant que vous ne partirez pas d'aussi loin : en Écosse, nous avons, par exemple, réussi à nous entendre sur un hymne...</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour finir, j'aimerais appeler votre attention sur la situation politique délicate dans laquelle le gouvernement auquel j'appartiens se trouve. Vous savez certainement que notre Premier ministre a imprudemment promis l'organisation d'un référendum d'autodétermination d'ici la fin de l'année. De deux choses, l'une : soit le parti indépendantiste l'emporte, et les maigres ressources du pays ne suffiront pas à maintenir un train de vie largement supérieur à nos moyens, soit le parti à la solde de l'envahisseur oppresseur impérialiste parvient à voler les élections et mon mouvement politique se trouverait alors dans une situation délicate, pour ne pas dire intenable, à la manière d'un sélectionneur qui remporterait la cuiller de bois pour son premier tournoi (je crois que vous saisissez parfaitement l'allusion). Bref, dans les deux cas, on sera dans la merde. Votre rôle sera alors crucial : vous aurez l'obligation de faire oublier au peuple écossais ces petits désagrément de la vie en lui offrant un rugby total, séduisant et surtout, efficace.</div>
<div style="text-align: justify;">
Voila, mon cher Vern, je sais que l’Écosse peut compter sur vous. En échange, nous ne lésinerons pas en cas de redressement spectaculaire : vous aurez votre statue, et vous verrez que les Écossais, eux, savent tenir parole...</div>
<div style="text-align: justify;">
A l'occasion, si vous passez par là, je serais heureux de partager un haggis avec vous.</div>
<div style="text-align: justify;">
Que la fleur du chardon vous protège...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: right;">
Minister for Commonwealth, Games and Sport </div>
<div style="text-align: right;">
</div>
<div style="text-align: right;">
Shona Robison MSP</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-25650301630554877602014-01-15T14:23:00.002-08:002014-01-15T14:25:52.262-08:00Incertains<div style="text-align: justify;">
Il a déboulé comme un chiot turbulent dans notre jeu de quilles. Il a salué Franck, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut Franck, pas trop stressé ? T'inquiète pour l'année prochaine : moi, je reste.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il est passé devant Elvis et ses béquilles, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Yo Elvis ! J'te passerai le 06 de mon orthopédiste... Oh ! Excuse, on a le même en fait ! Bon, ben non alors : doucement sur la rééduc. A ton âge, on ne sait jamais...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il a branché Siti, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'ai appris pour Castres, c'est moche. Mais bon, je comprends que tu veuilles être le patron sur le terrain, et ici, y'en a un de nous deux qui est en trop, visage pâle !</div>
<div style="text-align: justify;">
Il est venu asticoter Thierry, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu sais à quoi on reconnaît les grands joueurs ? Non évidemment. C'est pourtant simple : les grands joueurs, ils ne sont plus blessés pour les grands matches !</div>
<div style="text-align: justify;">
Il a poursuivi avec Rado, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est bon, le Bleu. Tu peux arrêter de souiller ton short : je reprends les clés du camion.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il s'est frotté à Jubon, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ho ! L'ancien ! Je comptais sur toi pour me défendre. Tant pis, je me débrouillerais tout seul, une fois de plus...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il a avisé Roro, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'ai battu ton record de convalescence. Je m'en serais voulu de ne pas être là pour ta cinquantième cap européenne...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il s'est approché de moi, mains dans les poches, yeux dans les yeux, en disant :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon, coach. Je t'ai manqué, hein ? On la met au point cette stratégie ? J'ai l'articulation qui refroidit...</div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;">***</span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Fin de l'entraînement. Je traîne un peu dans le vestiaire. Plus personne... A moins que... J'entends un bruit, comme un sanglot réprimé. Je tends l'oreille. Il y a quelqu'un. Morgan est assis dans un recoin. Il ne m'a pas vu. Tête basse, il soliloque. Je me recule, curieux et intrigué. Qu'est-ce qu'il fabrique, ce... Mais oui, c'est ça ! Il parle à son genou !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu vas pas me lâcher maintenant, hein ? Je veux que tu tiennes. Après, on verra. Tu peux hurler de douleur, tu peux me crucifier de souffrance, me torturer autant que tu voudras, mais je t'en supplie, tiens bon !</div>
<div style="text-align: justify;">
Je passe un œil. Je l'observe à la dérobée, qui grimace en contemplant son genou. Il relève la tête, regarde fixement le mur et poursuit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Putain, je vais pas y arriver, je vais pas y...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il s'interrompt. Le ton de sa voix change. Je frissonne : on dirait Norman Bates dans <i>Psycho</i>...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Si ! Tu vas y arriver ! Tu vas y arriver ! C'est pas comme si c'était la première fois. Tu as fait une finale de coupe du monde, tu vas pas baliser pour un pauv' match de poule dans un stade obsolète.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il se lève. Se retourne. Ouvre son caisson. Je le vois qui farfouille, ouvre une enveloppe de laquelle il sort des morceaux de photo déchirée. Il commence à ré-assembler les morceaux sur la tablette du placard, hésite un moment, puis se ravise. Il lève la tête : je le vois, de profil, réprimer un rictus de tristesse. Il se reprend dans un soupir, brouille le puzzle et en remet les pièces dans l'enveloppe qu'il repousse au fond du placard.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je me recule, pour rester hors de sa vue. Je tape dans la cloison, frotte mes pieds au sol et tousse. J'entends la porte du caisson qui se ferme, j'avance, j'apparais, il s'est retourné, il me voit. Il a l'air étonnamment calme et sûr de lui. Il fait :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! C'est toi, coach ! Tu vas voir, on va bouffer du rosbif ce week-end !</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-43650150806470960242013-12-28T14:10:00.001-08:002013-12-28T14:11:22.512-08:00Sous mon bonnet...<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh86SmJ1NJAJNRT_K3tuSZDBHYJCuaH2-J9d8Gs8nxxc1dgsj-iLdy9uwARItftYfcEu8UWrYuRQom-X3e4tj2M8jCkOIVtColq8PUjxZjouTOEuDTPAUojH6_gisLtSvQTj3uXdfqET1RI/s1600/Sous+mon+bonnet.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh86SmJ1NJAJNRT_K3tuSZDBHYJCuaH2-J9d8Gs8nxxc1dgsj-iLdy9uwARItftYfcEu8UWrYuRQom-X3e4tj2M8jCkOIVtColq8PUjxZjouTOEuDTPAUojH6_gisLtSvQTj3uXdfqET1RI/s200/Sous+mon+bonnet.jpg" width="176" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a mon crane, nu comme un ballon, et, sous mon crane, y'a souvent la tempête.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un mec, qui s'est pas maquillé et qui veut pas qu'on l'aime.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Cotter, qu'aime pas qu'on le regarde.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Cotter, qu'aime pas qu'on parle de lui. </div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Vern, le gars des Manukau qu'a dit non aux All Blacks.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Vern, l'autre, le bon père de famille un peu fleur bleue.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Vern, l'autre, l'ami fidèle et taiseux.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Vern, l'autre, celui qui s'est planté et qui va se planter. </div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a tout un tas de types, en fait.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a quatre cent vingt-et-une combinaisons, dont treize qui fonctionnent.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a cent compositions d'équipes différentes et un nombre incalculable de feuilles de matches.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un ancien joueur sans gloire aux articulations qui grincent.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un coach qui a le virus de la gagne et qui veut être contagieux.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un jeu ambitieux et organisé. </div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un technicien opiniâtre et perfectionniste, qui emmerde souvent le monde.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un père de famille qui passe trop de temps au boulot.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un type honnête qui n'aime pas les tricheurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un chasseur précis.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a des rêves de gloires et des mauvais souvenirs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a une trogne qu'a pas vraiment un beau nez.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a des neurones abimés par les troisièmes mi-temps.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a des gueules de bois en plomb.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a une gueule de Bout de Bois qui avait fui pendant cent ans.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a une gueule à faire peur dans les rucks.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un mec qui attend sa statue.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un fermier néo-zed qui aime pas qu'on l'asticote.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a le sang des proscrits et des réprouvés.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a Gallaher qu'aurait pas fait Pashendale.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a une veine temporale qui palpite contre la laine et qui dit "y'a d'la vie, y'a d'la vie, y'a d'la vie...".</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a tout un cinéma, un tas d'idées bizarres, des tactiques, des séquences, des rushes et des scènes coupées.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a quelques principes et des secrets aussi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a l'rugby, qui aurait deux ans et que j'réinventerais.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un Français qui rêve de coacher l'Quinze de France.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a deux yeux bleus qui scrutent le champ profond.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a des lèvres qui font vibrer une membrane.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a des oreilles qui hument l'air du stade. </div>
<div style="text-align: justify;">
Sous mon bonnet, y'a un type, à qui les bonnets ne vont pas.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-71615666325032726122013-11-30T00:57:00.001-08:002013-11-30T01:12:10.974-08:00Sivouvatu<div style="text-align: justify;">
Je croise Franck un matin, hagard, les yeux dans le vague, qui ne me salue pas. Je m'arrête, me retourne :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Hey, Franck ! Ca va ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Je le vois qui soupire, tête basse.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Non, Vern, ça ne va pas trop, non... </div>
<div style="text-align: justify;">
Un silence.</div>
<div style="text-align: justify;">
- T'es au courant ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouais...</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est moche, hein ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouais...</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est dur, comme ça, en pleine saison...</div>
<div style="text-align: justify;">
Silence à nouveau.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il lève les yeux vers moi.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bonne journée.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouais, à tout à l'heure sur le pré.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Plus tard, je passe voir Jean-Marc. Les murs de son bureau sont tapissés d'impressions noir et blanc d'articles de sites de transferts de rugby. Rugbymercato.com dit : "Davies, le Gros Coup de Clermont". Rugbytransferts.fr dit : "Clermont recrute gros : Davies". Valeursrugby.tv dit "Davies : Clermont ? Le club de mon coeur." Rumeursdebruitsdevestiaires.com dit :"Davies : je viens à Clermont pour gagner des titres."</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut Jean-Marc. Qu'est-ce qui s'est passé, bon sang ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je sais, je sais... Écoute Vern, il faut positiver : on a Buttin, Davies, Fofana, Nalaga... Malzieu qui revient en forme.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ne plaisante pas avec ça s'il te plaît...</div>
<div style="text-align: justify;">
Il coupe :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je suis sérieux.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est bien ce qui m'inquiète... Méfie-toi, y'a des jours, j'ai vraiment envie d'accorder des interviews à La Montagne...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le bus direction Perpignan. Aimé Giral et sa porte d'arène. Vestiaires. Couloir. Dolpic et strapping. J'enfile mon brassard noir. Je serre la main de Marc Delpoux.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vraiment désolé, Vern.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouais, je sais, merci.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Fin du match. Gagné : une pensée pour un type bien parti trop tôt. Des supporters m'apostrophent à la sortie du stade :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vern ! Comment t'as pu laisser faire une chose pareille ? Tu te rends compte qu'on va être obligé de regarder les matches de Castres pour le voir, maintenant ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Je leur réponds :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ça va, les gars ! Il y a des choses plus graves dans la vie. C'est que du rugby...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah non, Vern ! Je t’arrête tout de suite, c'est bien plus que du rugby...</div>
<div style="text-align: justify;">
Un autre renchérit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Il a raison ! Sivivatu, ce n'est pas du rugby, Sivivatu, c'est... du funambulisme... de la danse... de la magie... C'est le Houdini des courses en travers ! C'est le type qui fait des trucs que Majax ne sait pas t'expliquer ! C'est le David Coperfield du Tchic - Tchac...<br />
Je dis :<br />
- Si tu aimes les métaphores à la Denis Lalanne, tu peux toujours candidater au MIDOL ou te lancer dans l'écriture d'un blog...<br />
Et je m'éloigne en l'écoutant ânonner ses tentatives d'élucidations de Sivi... Curieux cette volonté de vouloir tout expliciter... Moi je sais bien qu'il n'existe pas de mots pour raconter ce que Sivi fait sur un terrain. Moi je sais bien que Sivi, c'est n'est pas du rugby. Moi je sais bien que Sivi c'est LE rugby.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
De retour à Clermont. Devant l'ordinateur, j'écris ces lignes. Stéphane m'apporte les vidéos du match. Il dit, en posant les DVD sur le bureau :<br />
- Du bon... Et du moins bon...<br />
Je dis :<br />
- Je sais.<br />
Une pause.<br />
- J'ai repris mon blog.<br />
- C'est bien.<br />
- Je sais pas.<br />
- C'était pas une question.<br />
- Tu fais partie des deux mecs qui m'ont réclamé une suite.<br />
- Ça te rend aussi populaire que François Hollande.<br />
- Ne plaisante pas avec ça.<br />
- Je ne plaisante pas.<br />
- C'est bien ce qui m'inquiète.<br />
- Je peux voir ?<br />
Je tourne l'écran. Il se penche. Je relis avec lui en silence. Il me dit :<br />
- On y comprend rien à ton truc. Tu parles de Manu ou de Siti ?<br />
- Des deux.<br />
- Mais ça n'a rien à voir !<br />
- Au contraire, je crois que ça a tout à voir.<br />
Il se redresse, interdit.<br />
- Ah ouais ?<br />
- Ouais. J'ai pas mal de regrets dans ce métier. Pas mal de satisfactions aussi. Mais il en existe une qui m'est particulièrement précieuse. C'est d'avoir entraîné Sivivatu au sommet de son art.<br />
- Et je ne vois toujours pas le rapport... </div>
<div style="text-align: justify;">
- Le rapport ? C'est bien simple : Sivivatu, c'est le genre de joueur qui, l'espace d'une fulgurance, te fait oublier un instant que la vie est absurde, ou que le Grand Arbitre puisse siffler, comme ça, sans raison, la fin du match à la 41ème minute...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-82423400520710735042013-05-19T09:05:00.000-07:002013-05-20T02:40:07.554-07:00Le fantôme de Marcel<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: right;">
<i>"L'échec est l'état normal de l'humanité. Il faut s'y habituer..."</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Frank Zappa</i></div>
<br />
Je suis assis dans la
pièce obscure. Le stade est déserté. Tout est silencieux. La ville
souffre en silence.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je suis seul. Je n'ai pas
envie de rentrer ce soir. Je n'ai plus jamais envie de rentrer, nulle
part... Je prends ma tête entre mes mains. Jusqu’à présent, j'ai
donné le change. Je n'ai pas cillé, pas souri, pas grimacé. J'ai
pris la médaille qu'on m'a tendue, j'ai félicité Bernard, j'ai eu
un mot pour les joueurs. Je suis allé à leur putain de conférence
de presse. Nous sommes rentrés. L'avion... Un silence de mort...
Tous hébétés. Tous incrédules. Même Morgan a fermé sa gueule...
Le décrassage ce matin.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Entre temps, je reçois
des SMS de Graham Henry : « Now you know ! » et
de Maître Guy : « Le doublé était possible...Bien à
toi... ».</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Et puis je suis venu dans
ce bureau qui abrite mes veilles, mes réflexions, mes doutes, mes
conversations, mes rêves... J'y suis depuis des heures. Je n'en ai
pas bougé. Je ne veux pas rentrer ce soir. J'ai envie de pleurer. Je
serre ma tête entre mes poings. Putain, pas maintenant ! Ne
craque pas ! Pas maintenant ! J'ai envie de tout casser, de
tout envoyer balader. Je voudrais seulement m'allonger, la tête sur
les genoux de ma femme, fermer les yeux et ne plus penser à rien. A
rien... A rien...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je soliloque,
pathétique :</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Pourquoi ?
Pourquoi est-ce que c'est si dur ?</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Je dirais que c'est
encore plus dur à chaque fois...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je sursaute. Qui a
parlé ? Une voix étrange. Une voix d'outre tombe. Grave,
solitaire, pesante... Dans un coin du bureau, je devine une
silhouette diaphane. Un spectre... Un homme qui n'est pas un homme...
Un fluide translucide aux contours incertains. Ses yeux brillent d'un
éclat céruléen.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Bonjour Vern. Tu ne me
reconnais pas ?</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je frissonne. Il fait
froid soudain. Rien ne bouge mais c'est comme si un vent glacial
traversait la pièce. Je contemple la statue du Commandeur et me
demande s'il ne va pas m'emporter avec lui aux Enfers.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- N'aie pas peur, Vern.
Je ne te veux pas de mal et tu me connais bien. Je suis la cause de
toutes tes déceptions. Je suis la raison de ton désarroi. Je suis
celui qui t'a amené ici, dans cette pièce obscure et froide, au
bord du désespoir. Je suis le fantôme de Marcel Michelin.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je demeure interdit. Je
ne crois pas aux fantômes. Mais, après tout, si on a réussi à
perdre cette finale, les fantômes peuvent bien exister... Il
reprend :</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Et pourtant, le
désespoir, je le connais bien... Je l'ai fréquenté pendant de
longs mois, à Buchenwald... Auparavant, j'avais appris la mort de
mon fils...
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai l'impression qu'il
sourit :</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Moi aussi, j'ai raté
des finales... Ils s'y sont même repris à trois fois avant d'avoir
ma peau ! Alors crois-moi, Vern, ce que tu vis ce soir, n'est
qu'une péripétie...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Je sais tout cela. Mais
la blessure est à vif et l'amertume ne fait que la réveiller...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le fantôme se déplace à
travers le bureau et se plante devant la fenêtre. Je crois qu'il
regarde le puy de Dome.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Tu sais, Vern, si ce
volcan venait à se réveiller un jour, à n'en pas douter, cette
ville serait rasée... J'ai toujours pensé que le puy de Dome
donnait sa personnalité aux Clermontois : se lever, chaque
jour, dominé par cette masse tutélaire et menaçante, voilà de
quoi rendre philosophe et rappeler incessamment l'inanité de nos
destins et la vanité de nos entreprises... Ce n'est pas un hasard si
Pascal est Auvergnat... D'ailleurs, nous en parlons souvent,
là-bas...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Pour la première fois de
ma vie, et la dernière j'espère, je vois un fantôme soupirer. Il
fait de plus en plus froid...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Je sais, Vern, où tu
te trouves. Moi aussi, j'ai perdu, et plus qu'à mon tour... Mais que
veux-tu, dans le sport, comme dans la vie, il n'existe pas de
justice, et de morale, encore moins. Les meilleurs, les plus
entreprenants, ne sont pas toujours récompensés... C'est ainsi...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Il se retourne et me
transperce de son regard enflammé de jaune et de bleu :</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Et maintenant, que
vas-tu faire ?</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
J'hésite. A mon tour, je
soupire :</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Je ne sais pas... Je
suppose que la routine, l'entourage, les échéances, tout cela me
ramènera au travail, et très vite... Mais je ne sais pas. Je ne
sais pas si j'aurais la force d'analyser sereinement une nouvelle
débâcle... Je ne sais pas si j'aurais encore la force de soulever
cette carcasse appesantie, si j'aurais encore le courage d'empoigner
mes outils et, dans la brume de l'incertitude, repartir au labeur...
Je ne sais pas si j'aurais envie de me tromper une nouvelle fois...</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
- Tu ne t'es pas trompé,
Vern. On ne se trompe pas, lorsqu'on échoue à cause de ses
convictions.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Il y eut un nouveau
silence. Puis un tourbillon violent fit s'envoler tous les papiers de
mon bureau. Les feuilles claquèrent dans le tumultueux zéphyr et le
fantôme disparut, comme il était venu. L'atmosphère se réchauffa
d'un coup et je demeurai seul au milieu des documents répandus dans
la pièce.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Après un temps qui put
durer une seconde comme une heure, je décidai de rentrer chez moi.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-18670772202998400182013-05-02T07:07:00.000-07:002013-05-02T07:07:53.045-07:00Argent pas facile<div style="text-align: justify;">
Après les dernières déclarations de Mourad, je discutais du sponsoring avec René. Celui-ci me proposa, à titre d'illustration, de l'accompagner dans une tournée de collecte de dons.</div>
<div style="text-align: justify;">
René m'avait donné rendez-vous au petit matin devant la porte du stade. Au début, je ne l'avais pas reconnu : il était déguisé en chauffeur - livreur et m'attendait devant une camionnette banalisée.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu comprendras tout à l'heure, me dit-il sans autre explication.</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous nous mimes en route, direction Egliseneuve d'Entraigues, petit village de marchands de draps à la splendeur défunte et victime de l'exode rural.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Victime aussi du plateau de Durbise, marmonnait René au volant : quand il faut que tu te coltines les quinze derniers kilomètres dans le blizzard avec le tube, merci bien...</div>
<div style="text-align: justify;">
Effectivement, passé Besse-en-Chandesse, nous pouvions voir que nous rentrions dans la Haute Auvergne...</div>
<div style="text-align: justify;">
Arrivés à Egliseneuve, René gara la camionnette à cheval sur le trottoir dans la rue principale, devant une maison qui ne payait pas de mine. Sur la boîte aux lettres, était collé un ruban adhésif DYMO sur lequel on pouvait lire : <i>LOGICA, Consulting Technologique</i>. René fit grincer le portail défraichi et nous traversâmes une petite cour qui avait tout du bric à brac et de la brocante : des objets rouillés divers et variés s'entassaient entre des pneus et des carcasses de tracteurs, et, dans un coin, une vieille 504. Chose étrange, René avait à la main un carton. Il sonna à la porte. Après quelques instants, des bruits de multiples serrures se firent entendre. René cria :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Un colis pour vous, Monsieur ! C'est l'Homme Moderne !</div>
<div style="text-align: justify;">
La porte s'entrouvrit et une tête de vieil auvergnat se fit apercevoir dans l’entrebâillement : yeux chafouins enfoncés entre un front ridé et des joues couperosées, surmontés d'un béret et long nez retroussé prenant racine dans une épaisse moustache grise...</div>
<div style="text-align: justify;">
Le vieil homme observa le paquet, puis leva les yeux vers René : il eut soudain comme une révélation et, avec une vivacité insoupçonnable, tenta de refermer la porte. Trop tard : René avait intercalé son pied. De l'autre côté de la rue, derrière les fenêtres, des rideaux s'agitaient : les voisins venaient au spectacle. J'aperçus une figure patibulaire qui disparut aussitôt que nos regards se croisèrent. Autant par peur du qu'en dira-t-on que par la virulence avec laquelle René poussait la porte, l'hôte des lieux fut obligé de nous céder le passage.</div>
<div style="text-align: justify;">
Une fois notre entrée garantie, René balança le carton sur un tas de <i>La Montagne</i>, en fait, une collection des vingt dernières années de <i>La Montagne</i> méticuleusement entassés et empaquetés avec de la ficelle. Voyant mon air étonné devant ce spectacle, notre homme lança avec un fort accent local un :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Eh Miladiou ! On sait jamais...</div>
<div style="text-align: justify;">
qui me plongea dans une certaine perplexité.</div>
<div style="text-align: justify;">
René, tout en se débarrassant de sa combinaison de livreur, commença la conversation avec jovialité, comme il est de bon ton dans vos campagnes, et parlant fort, présumant de la surdité du bonhomme :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Alors Monsieur Robert - j'ai modifié le nom - toujours la même voiture ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Eh Vindieu ! Ça coute cher ! Et puis l'essence, aujourd'hui...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon, vous nous servez un petit canon ?</div>
<div style="text-align: justify;">
En aparté, René me dit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je sais qu'il est tôt, mais c'est l'un de nos plus gros contributeurs, du genre que Mourad nous envie... Alors il faut faire des efforts...</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous entrâmes dans la salle à manger où régnait une indéfinissable odeur que je ne saurais vous décrire : pour l'expérimenter, il faut avoir été dans la salle d'attente du médecin de campagne...</div>
<div style="text-align: justify;">
Monsieur Robert récupéra trois verres dans son évier qu'il récura à l'eau du robinet avec deux doigts aux ongles noirs, puis s'empara d'une bouteille de vin rouge consignée et sans étiquette. René, avec un sourire forcé, dit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah ! Je vois que nous avons droit à la cuvée de la maison.</div>
<div style="text-align: justify;">
En servant, Monsieur Robert répondit :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oh ! Les autres y sont pas meilleurs...</div>
<div style="text-align: justify;">
On trinqua au-dessus de la toile cirée dans les verres Duralex et René et moi réprimâmes une grimace à l'ingestion du colorant. Un homme capable de survivre à la consommation régulière d'un tel produit n'est pas du même bois que le commun des mortels...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Alors Monsieur Robert, enchaîna René, ces comptes en Suisse ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouh Là ! Jamais ! J'ai toujours été au Crédit Agricole ! Y'a pas d'raison de changer. Au moins, on sait où sont ses petits...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bon Monsieur Robert, reprit René, vous savez pourquoi je suis là ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Monsieur Robert eut une moue gênée et regarda fixement son verre.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Notre petit chèque annuel, poursuivit René enjoué.</div>
<div style="text-align: justify;">
De mauvaise grâce, Monsieur Robert se leva et s'en fut farfouiller dans un tiroir de son bahut. Il en revint avec un chéquier. Il se mit à remplir le chèque. René fit claquer sa langue sur sa gencive :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Allons, allons !</div>
<div style="text-align: justify;">
Puis, d'un signe de la main, il montra une photographie jaunie encadrée qui trônait au-dessus d'un buffet et que je n'avais pas remarquée : on pouvait y voir Monsieur Robert, jeune, et François Michelin.</div>
<div style="text-align: justify;">
Monsieur Robert lança un regard désaprobateur à la photographie, puis ajouta un zéro à son chèque.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Voila, c'est mieux ! fit René en s'emparant du chèque.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le mauvais moment passé, nous restâmes discuter encore quelques minutes, nous nous administrâmes un nouveau coup de rouge, puis nous regagnâmes notre camionnette. En redémarrant, René lança :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et l'autre qui croit que c'est facile...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-76639307312035063262013-04-28T02:00:00.001-07:002013-04-28T02:27:41.204-07:00Being a Munsterman<div style="text-align: justify;">
I am Irish. Born in Limerick, but living in Paris. Work for a bank from Monday to Friday. But when saturday comes... I'm a Munsterman. A Proud Member of the Red Army. The Justified and Ancient, Unbeatable Red Army. So thought I...</div>
<div style="text-align: justify;">
A few weeks ago, I decided to come down on my own to Montpellier to see my favourite playing against that famous French team which is said to be able to beat <i>Les Bleus</i>... The harder they come... I struggled to get some tickets for the game, but finally found one : right in the middle of the Yellow Army fans stand. Surrounded but not sunk, I was meant to be a red partisan in a yellow but not mellow ocean...</div>
<div style="text-align: justify;">
Drove down to Montpellier, rather than going by TGV. Don't know why. Maybe I wanted to meet <i>L'Auvergne</i> before the match, see where those fantastic fans were living and check if the volcanoes were really asleep... I was not disappointed : I will always remember my journey through the <i>Col de la Fageole</i>. I could not imagine it could be so snowy in the so-called "French enchanted April"... I eventually found my way through the blizzard... But most striking was that long and unfinished blue and yellow motor snake which winded from Clermont until Montpellier. For sure, I was on the track. For sure, the afternoon would not be a picnic on the pitch for Paul and his team mates...</div>
<div style="text-align: justify;">
Registered in the hotel, then headed to the stadium. Proudly wearing my red jersey, I must admit I was not so confident, alone in the yellow tide... But I felt reassured when some happy, friendly and joking French faces came to me to offer me a beer - French I was afraid, but always good to have... We began to talk : the few French I took vis à vis the worst English I ever heard in the world...</div>
<div style="text-align: justify;">
"Munster ! Good ! Good ! Red Army ! Good game ! Good !" they kept on saying, with the smiling face of the too-early-in-the-afternoon drunkeness... I did my best to reply "Merci beaucoup ! Santé !" but I was quickly separated from my new friends, in the search of my seat in the <i>Canigou</i> stand.</div>
<div style="text-align: justify;">
Once again, I was not disappointed : if you saw a little red spot in the middle of a yellow field, that was probably me... What an atmosphere ! I could not hear myself shouting during the game ! I was deaf after the end of it !</div>
<div style="text-align: justify;">
Indeed that was a huge game. It was a test match intensity down on the pitch, no wonder ! First half scared me : we were promised hell, and that was it... No ball, no scrum, no line out... A machine was walking on our side and no one could stop it... I was even happy to be only ten points below at half-time. Could have been worse...</div>
<div style="text-align: justify;">
Anyway, I felt more and more comfortable : the stadium was smelling beer. I took advantage of the break to look for a <i>buvette</i>. There, I found a lot of Yellow Army Fans in lively discussions about the game. I fraternized with some decent chaps speaking a better English. We spoke about that incredible blind-side flanker, jumping on every ruck, named Bardy. A Portuguese guy, they told me. I thought they were making fun of me, but, indeed, he was Portuguese... What a warrior, I said... We drank and spoke for a while. From that moment on, my memory is not so sharp it should have been...</div>
<div style="text-align: justify;">
I only remember that when I was back in the stand, the second half had begun a few minutes ago... The Reds were attacking in the Clermont side and suddenly, the thunder stroke from ROG. Yeeeaaaaahhhhh ! And the conversion ! Six below and twenty minutes to go ! Come on Munster ! That was a game changer and everything was set up for a nail-biting climax... I thought it was done when Nalaga got muddled up on his line. But then again, no... I was furious against Nigel Owens when he whistled that forward pass in the last minute. And then it was over... Incredible atmosphere : those guys were shouting, jumping, singing <i>La Marseillaise</i>, dancing, even crying, everywhere... For sure, they deserved their win and their joy. I was absolutely gutted, but forced to admit our defeat. And very proud of my team : they struggled until the end and never surrendered... I congratulated my French neighbours who told me several times "Sorry good game". I don't know why they all keep on telling the same line...</div>
<div style="text-align: justify;">
I staid a little while in the stand, waiting for the team to salute the fabulous Red Army, which had merrily come along from this marvellous Erin Shore I miss sometimes in the French capital... All these fighters, Paul, Keith, James, Casey, Conor, Ronan... Well done, boys, see you next year for the strike back of the Red Empire... I almost cried when I saw ROG saying good byes with his son in his arms... I don't know why, but when I saw him, I had in mind that silly <i>Top Gun</i> song from the Righteous Brothers <a href="http://www.youtube.com/watch?v=bTvU3BELZEo" target="_blank"><i>You've lost that loving feeling</i></a>...</div>
<div style="text-align: justify;">
Fuck ! I love you Ronan ! I love that team ! I love that game ! I even love you, you French Bastards, with your fucking great team and fucking great supporters !</div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Merci pour tout, les Auvergnats. Les Munstermen vous saluent, vous souhaitent bonne chance et vous disent à l'année prochaine pour la revanche !</i></div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-80718307665518363242013-04-25T12:29:00.001-07:002013-04-25T12:29:30.402-07:00Complaisance<div style="text-align: justify;">
Le petit matin blême. Je regagne ma garçonnière, seul et titubant, triturant la clé à la recherche d'une serrure revêche. La porte est ouverte. Bof... J'ai du oublier de la fermer en partant... J'entre. Je n'ai qu'une envie, m'allonger dans mon lit <i>king size</i> à baldaquin, tirer la moustiquaire et dormir du sommeil de l'ivrogne.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je vois une ombre assise dans le canapé.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est toi, Brock ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Pas de réponse. J'avance d'un pas chaloupé, échappant, tel Wesley Fofana dans la défense anglaise, aux plaquages de la table basse et du fauteuil club.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce n'est pas Brock. Brock avait encore des cheveux la dernière fois qu'il est venu ici. Je suis ivre, mais pas encore assez...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je m'approche : P... Vern ! Il est vrai que je lui ai donné les clés.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est à cette heure-ci que tu rentres ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Je respire péniblement, réprimant une nausée, et prends appui sur l'accoudoir du canapé.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vern, qu'est-ce que tu fais ici ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Je m'affale dans le fauteuil qui lui fait face. Dans la pénombre, sur la table basse, je devine le cimetière de pizzas, de bouteilles de bières et de paquets de chips éventrés que j'ai consciencieusement alimenté depuis plusieurs jours. Ce spectacle peu ragoutant me fait penser à la défense du Stade Français et la nausée me reprend : j'ai le vertige.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Regarde moi dans quel état tu t'es mis... Et regarde moi le bordel dans cet appartement... Tu espères ramener quelqu'un comme ça ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Justement, répliqué-je dans un accès d'humeur : c'est ma meilleure défense. Jamais je n'oserai inviter une personne convenable dans ce capharnaüm digne du projet de vie collective du Racing. Ainsi, je suis sûr de ne pas fauter.</div>
<div style="text-align: justify;">
Satisfait de ma réponse, je cherche ses yeux perçants dans le noir. Il ne bronche pas, immobile. Je déteste lorsqu'il est comme ça. Je sens sa colère froide comme la soupe chinoise qui trempe dans le bol qui repose sur la table entre nous deux. Enfin, il se décide à attaquer :</div>
<div style="text-align: justify;">
- A quoi tu joues ? Cela fait plus d'un mois que tu n'as rien sorti. Je viens pour prendre de tes nouvelles, et je vois que tu te laisses aller... Complètement...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je m'empare de la télécommande qui était cachée sous une feuille de papier vierge : le "Plan stratégique 2015" du XV de France, que je m'étais procuré à grand frais grâce à Richard Escot. J'allume la télé : j'étais resté sur une chaîne bolliwoodienne. J'aime le cinéma indien, c'est reposant : il y a des méchants tricheurs, des gentils méritants, et, à la fin, après bien des péripéties, les gentils gagnent, les méchants se repentent et la morale est sauve. La plupart du temps, on pleure de joie. Tout le contraire du sport professionnel...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Avec tout le respect que je te dois, Vern, tu m'emmerdes. Je suis comme Sella à Agen : je ne sais pas quoi faire, je suis bloqué. Il n'y a plus rien qui sort...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je contemple la belle héroïne à la peau mate et au nez légèrement aquilin. Le visage de Vern est éclairé à moitié par la lumière diffuse provenant de l'écran. Il n'a toujours pas sourcillé. Je poursuis :</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'ai beau y penser tous les jours, rien... Même le MIDOL ne me fait plus réagir... Mourad et Bernard m'indiffèrent... Paul O'Connel me fait l'effet d'un joyeux drille... Salviac me manque... J'ai perdu toute velléité sarcastique. Je n'ai plus de fiel... J'ai le sens de l'humour d'un Mormon neurasthénique... Et tout cela, c'est ta faute !</div>
<div style="text-align: justify;">
J'observe Vern du coin de l’œil, tout en essayant de comprendre pourquoi la Belle a poussé du balcon le Gentil et non pas le Méchant. L'argent, certainement... Mon Divin Chauve paraît surpris, lui aussi. J'embraye :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et oui ! Figure-toi que j'ai été élevé dans les travées d'un Stade Marcel Michelin que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... On y voyait des équipes comme Aire-sur-Adour ou Mazamet ! Alors contempler Sivivatu faire une passe après contact dans l'intervalle à Regan King, ben moi, ça me fait chialer de bonheur... Et surtout, ça me laisse coi. Tous les week ends, je pleure ! Et le lundi, quand je me demande ce que je vais bien pouvoir raconter pour faire ricaner trois pékins qui s'ennuient au bureau, eh bien, je flanche : je vois Mike Delany et je souris comme un adolescent en chaleur... Tout le monde nous encense. On pratique l'un des plus beaux rugby jamais joué en France et en plus, on gagne... Que veux-tu que je rajoute à cela ? Donc, pour compenser cet excès de plénitude, je glande devant la télé, je bouffe des plats à emporter, je sors et je picole... Avant, je pouvais compter sur l'ASM pour instiller une nuance d'inachevé et de déception dans ma vie... Aujourd'hui, je dois trouver un nouvel exutoire à ma déprime et mon insatisfaction...</div>
<div style="text-align: justify;">
Vern soupire. Il se lève, s'empare de la télécommande, éteint le téléviseur, au moment même où le bon flic original et sa plantureuse assistante ingénue commençaient à cuisiner le couple diabolique.</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'aurais préféré une séance vidéo de meilleure facture, lance-t-il.</div>
<div style="text-align: justify;">
De nouveau le silence. Je cherche sur la table une canette de bière encore consommable. J'en trouve une que je porte à ma bouche. Je grimace et je recrache aussitôt le liquide tiède souillé par la cendre d'un mégot... Vern m'observe avec commisération. Indigné, je reprends :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et puis, je suis comme l'équipe : moi aussi, contrairement aux apparences, je grandis ! Et je ne veux plus de billets faciles qui vont flatter mon lectorat.</div>
<div style="text-align: justify;">
Vern soupire à nouveau.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et ton livre, ça en est où ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Les coups bas, maintenant...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Il est prêt, enfin presque... J'attends que tu aies réalisé le doublé : la période sera plus propice à la vente...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je soutiens son regard, avec une moue avinée que j'espère provocatrice, mais qui ne doit être que pathétique. Vern se lève, se dirige vers la porte, se retourne vers moi avant de l'ouvrir :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Pour ta gouverne, réaliser le doublé, cela demande de l'opiniâtreté, de la précision, de la chance, du talent, et surtout, beaucoup de travail. Lorsque tu auras fini de procrastiner, on pourra en reparler...</div>
<div style="text-align: justify;">
Là-dessus, il sort et ferme la porte sans bruit.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je me retrouve seul avec mes cadavres peu exquis. J'ai dessaoulé plus rapidement que prévu, je n'ai plus sommeil.</div>
<div style="text-align: justify;">
J'allume mon ordinateur, et, dans le petit jour, je tente une relance de l'en-but.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-41820901213268179712013-03-18T09:31:00.000-07:002013-03-18T09:43:45.791-07:00Trou de la Sécu<div style="text-align: justify;">
Ludo et Kevin étaient tranquillement assis dans la salle de repos en train de faire des sudokus et lire des magazines pour hommes, quand Morgan est revenu du Tournoi.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Salut les COTOREP ! a-t-il lancé jovialement, et si sympathiquement, comme à son habitude.</div>
<div style="text-align: justify;">
Kevin et Ludo n'ont d'abord pas vraiment fait attention, habitués qu'ils sont de ces incises pertinentes et impayables. Mais ils ont aussitôt après levé la tête avec circonspection, certainement alertés par un bruit inhabituel, celui des béquilles sur le carrelage. Ludo et Kevin se sont consultés du regard, interdits, puis se sont tournés vers Morgan :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Merde, tu es blessé ! a fait Rado.</div>
<div style="text-align: justify;">
- What happened ? a renchéri Kevin.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Putain les gars, vous regardez pas les matches du tournoi ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Ludo et Kevin ont eu l'air un peu gêné...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Euh... Ben ouais... Tu sais... Y'avait <i>The Voice</i>... Et puis au début on a cru que c'était <i>Le Plus Grand Cabaret du Monde - Le Bêtisier</i>. Alors, tant qu'à regarder un spectacle commercial, autant voir de vrais artistes... Et puis question "jury" et debriefing, Jennifer est plus mignonne que Jacques Verdier...</div>
<div style="text-align: justify;">
- OK, ça va les gars, vous fatiguez pas, j'ai compris. D'un autre côté, je vous pardonne, moi aussi je me suis cassé avant la fin...</div>
<div style="text-align: justify;">
Kevin a alors osé un :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et... Ta blessure... C'est grave ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ouaip, quatre semaines minimum, peut être plus...</div>
<div style="text-align: justify;">
Kevin et Rado ont alors pris l'air intelligent de ceux qui calculent dans leurs têtes... Puis l'air inquiet de ceux qui voient leurs vacances s'évaporer :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Mais alors Toulon... Et le quart de finale...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et ouais les pygmées ! Vous allez faire remonter les statistiques RSE de la boite en temps de travail de minorités visibles !</div>
<div style="text-align: justify;">
Kevin et Ludo ont commencé à paniquer :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah mais non ! C'est pas possible ! Nous on a signé pour les doublons et Mont-de-Marsan ! On veut bien dépanner pour Castres et Bayonne, grand maximum, mais au printemps, c'est ton tour !</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est vrai quoi ! Tu as pensé un peu à nous ? Tu crois vraiment que tu peux débouler comme ça avec tes béquilles et nous... et nous... et nous mettre dans la merde ! a renchéri Ludo.</div>
<div style="text-align: justify;">
Kevin, pensif :</div>
<div style="text-align: justify;">
- On est foutu... Si près de la retraite... John m'avait bien dit de pas venir...</div>
<div style="text-align: justify;">
Rado a balancé son <i>Play-Boy</i> de rage :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Pfff ! J'ai plus goût à rien maintenant ! Autant signer au Stade Français... Là-bas, c'est sans risque... Mon agent m'avait prévenu... Kevin, passe-moi le 06 de la Skrèle, il a trouvé une combine pour se barrer...</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est alors qu'un individu en costume est rentré tout excité dans la pièce :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ça y est, j'en ai un ! a-t-il crié en désignant Morgan.</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Marc est arrivé juste après, essoufflé :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Bonjour Messieurs. Je vous présente M. Falot, inspecteur de la sécurité sociale. Il vient enquêter sur les dépenses médicales excessives, selon lui, du club.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Excessives, oui, oui, c'est un fait ! reprit aussitôt l'inspecteur. Cela cache quelque chose. Il y a une arnaque là-dessous, et je suis là pour la découvrir !</div>
<div style="text-align: justify;">
Le médecin du club entra à son tour :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Mais enfin, M. Falot, il n'y a aucune arnaque. C'est un club de rugby, ici. La douleur, la blessure, font partie du quotidien !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah oui ? Le sport n'explique pas tout ! En particulier pas ces dépenses élyséennes à la clinique de la Châtaigneraie, notamment pour un certain M. Skrela, la carte VIP au centre de radiologie et d'imagerie médicales, le partenariat avec les laboratoires Chibret... Même dans une équipe cycliste, il n'y en a pas autant... C'est parfois tellement grossier que j'en rirais presque : les guérisons miraculeuses de M. Rougerie, par exemple. Non non ! Ce n'est pas du rugby, c'est Lourdes !</div>
<div style="text-align: justify;">
Le médecin ne perdit pas sa contenance :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Nous pouvons prouver tout cela !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Eh bien prouvez-le, alors !</div>
<div style="text-align: justify;">
Le docteur sortit d'un grand carton à dessin une dizaine de radiographies qu'il étala sur le carrelage blanc :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Voyez-par vous même !</div>
<div style="text-align: justify;">
L'inspecteur partit d'un grand rire :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vous me prenez vraiment pour la défense d'Agen. Je ne suis pas aussi naïf. C'est le squelette d'un homme de soixante ans !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Mais pas du tout, au contraire, il s'agit de l'un de nos meilleurs joueurs !</div>
<div style="text-align: justify;">
Le docteur désignait du doigt une radio étiquetée "Gerhard Vosloo".</div>
<div style="text-align: justify;">
L'inspecteur reprit, inquisiteur :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et puis ce dossier médical que vous trainez derrière vous sur un diable (il montrait un tas de papiers d'un mètre de haut sur un petit chariot), vous allez me dire qu'il appartient à un joueur de 27 ans ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Exactement, c'est celui de notre pilier international, Thomas Domingo !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Allons ! Allons ! Il n'est pas normal d'être aussi abimé avant d'avoir atteint trente ans...</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Marc crut devoir intervenir :</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est le sport de haut niveau... Ça marque...</div>
<div style="text-align: justify;">
L'inspecteur considéra Jean-Marc un instant, puis répondit, désormais visiblement convaincu :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Moi qui pensais que le sport c'était la santé : c'est décidé, demain je reprends la cigarette...</div>
<div style="text-align: justify;">
Furetant alors parmi les dossiers médicaux que le médecin lui présentait, il s'arrêta soudain sur l'un d'eux :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah mais je vois que vous avez tout de même quelqu'un en bonne santé dans votre effectif !</div>
<div style="text-align: justify;">
Le médecin parut surpris. Il jeta un œil suspicieux sur la couverture du dossier, puis déclara, soulagé :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah mais, c'est une erreur ! C'est le dossier médical du gardien du stade !</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-76190582444191043272013-03-09T08:24:00.000-08:002013-03-09T08:24:10.384-08:00Parrattitude
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Vous vous souvenez que j'avais débuté
une série « d'entretiens de carrière » avec mes
joueurs. J'avais naturellement reçu en premier mon capitaine, Roro,
qui m'avait fait part de sa volonté de se recentrer. Aujourd'hui, je
vais vous relater mon entrevue avec Morgan Parra.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Morgan est entré dans mon bureau avec
son air incomparable d'ingénu insolent. Sourire en coin, il
regardait partout autour de lui, avec une ostensible moue de
satisfaction.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Salut Vernon – tu permets que je
t'appelle Vernon ? C'est la classe ton bureau...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En s'asseyant, il s'empara d'une photo
de famille encadrée qui agrémente mon plan de travail :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- C'est tes gamins ? Ils ont l'air
sympa...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Puis il reposa le cadre, se cala dans
son fauteuil et me regarda droit dans les yeux :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Qu'est-ce que tu veux savoir, coach ?
Ah oui ! Je te mets à l'aise tout de suite, on peut se tutoyer.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Un peu abasourdi par cette entrée en
matière pour le moins cavalière, je ne me départis pas de mon
calme pour autant :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Eh bien je pensais qu'on pourrait un
peu discuter de ton avenir...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Alors je t'arrête tout de suite :
tout est déjà écrit, décidé !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La surprise dut marquer mon visage
habituellement impassible :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Ben oui ! Pas la peine de faire
cette tête-là ! Il faut être lucide ! Magnéto – il
mime avec son doigt le rembobinage d'une bande magnétique – 2009,
j'arrive au club : je tâtonne, je me cherche, je m'impose.
Brock nous fait son <i>burn-out</i> et je décide de prendre les
choses en main. Résultat des courses, on gagne. Je te résume vite
la situation en équipe de France. 24 ans, déjà cinquante
sélections (mieux que Wilko!), un grand chelem et une finale de
coupe du monde. Et encore, celle-là, si je ne me fais pas <i>mccawer</i>
la tronche, on transforme la Nouvelle Zélande en Haïti après le
passage d'un nuage de criquets... Bref, je te fais pas un dessin...
En corollaire, je me suis déjà goinfré plusieurs générations de
demis de mêlée : exit les Yachvili (trop vieux), les Dupuy
(trop tuberculeux), les Tillous-Borde (trop musclé), les Doussain
(trop transparent) ... Le Machenaud a fait illusion le temps d'un
automne, mais bon, le pauvre, il joue au Racing... Je peux te dire
que le sélectionneur qui va oser se passer de moi n'a pas encore été
embauché comme consultant sur France 2... Donc... Étant donné que
je suis là pour un bail et que je suis à peu près le seul qui
réclame des responsabilités, je me donne deux ans, vue la
conjoncture actuelle, pour devenir capitaine du XV de France.
D'ailleurs, tu as pensé à l'après Rougerie ? Il va bien
falloir songer à le remplacer un jour l'ancien du gaz... Parce que
c'est sûr, c'est bien d'avoir un ambianceur de vestiaires, mais bon,
Elvis, il a fait son temps... Place aux jeunes, hein ? Comme on
dit !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sur ce, il croisa ses jambes et posa
négligemment ses baskets vintage sur le coin de mon bureau,
précisément sur le tas de fiches de joueurs qu'on supervise avec la
cellule de recrutement. J'allais reprendre la parole mais il n'en
avait pas tout à fait terminé :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Bon, et puis il faut voir les choses
en face : si tu veux prendre les All Blacks, il va falloir
vaincre autre chose qu'une malédiction. Regarde Joe : il frappe
déjà à la porte de la sélection irlandaise et nous on en est
encore à se palucher sur <i>You Tube</i> en regardant des vidéos de
2010 et des <i>gif</i> animés où tu chiales avec Mario. Nan, cette
année, il faut ramener quelque chose, et , de préférence, pas le
prix du meilleur public ou celui de la convivialité. Moi, je laisse
ça à Bayonne... Cette année, je veux repartir de la Nuit du Rugby
comme Gengis Khan est reparti de Samarkand et de Bagdad : tout
doit disparaître !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Maintenant amusé par la faconde du
Merdeux, je tente un trait d'ironie :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Oui... Le doublé, sinon rien...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il soutient mon regard avec un sérieux
qui n'est pas loin de me déstabiliser :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Pourquoi ? Tu pensais à autre
chose ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il remballe alors ses jambes, et
emporte avec elles une fiche qui tombe par terre, en feuille morte.
Il s'en saisit aussitôt, la consulte avec un petit rire et me la
tend, en me disant :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Tiens, un Lourdais, comme toi... Tu
m'excuseras, j'ai marché dessus... Allez, je te laisse, on m'attend
à Marcoussis, ils ne peuvent plus se passer de moi.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et il me laisse là, avec la fiche de
Thierry Lacrampe imprimée de sa semelle...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-27494221944816968372013-02-04T01:53:00.004-08:002013-02-04T02:01:42.694-08:00Ah ! Les vacances !<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ah ! Les vacances ! Enfin du temps ! Du temps pour penser à autre chose qu'au rugby. Du
temps à consacrer à sa famille, à soi, au rangement du garage, à
la coupe du gazon et du bois, à la clôture qui bée, au robinet qui
ferme mal, à la Harley qui tousse, au chien qui a des gaz, à sa
déclaration d'impôts, à ces douleurs récurrentes aux lombaires,
aux tuiles faîtières qui branlent, aux dissensions dans le
voisinage, à la situation économique du pays, aux enfants soldats
en Afrique, à l'apparition des narco-Etats, aux quarks et à
l'extension de l'univers, aux trous noirs et à la fin du monde, au
sens de la vie, à la …</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ah ! Les vacances !
Vraiment, un bon moment ! Un moment où l'on ne vient pas vous
rappeler à chaque instant que le doublé est impossible, que les
doublons sont possibles, que Brock n'a pas de double, que si on ne gagne rien cette année, on ne
gagnera jamais, que le Stade
Toulousain joue mal mais qu'il est tout de même devant nous au
classement, que ce n'était pas le Grand Leinster cette année...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ah ! Les vacances !
Justement, je profitais de ces instants privilégiés en me promenant
tranquillement dans la campagne avec ma femme et le chien, l'esprit
vide de toute préoccupation extérieure.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- A quoi penses-tu mon
amour ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Pas à la préparation
physique des joueurs, en tout cas, Ah ça non ! Encore moins à
la prochaine séance vidéo, ni à la composition de l'équipe,
certainement pas !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ma femme me regarda d'un
air réprobateur...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Je suis désolé, c'est
plus fort que moi, je n'y arrive pas... Mais je vais faire des
efforts, je te le promets.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous nous blottîmes l'un
contre l'autre et continuâmes à marcher lentement.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Qu'est-ce que tu fais
mon amour ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Rien, rien ! J'ai
un truc qui me démange dans la poche...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Un truc qui s'appelle
un téléphone portable... Donne-le moi s'il te plaît.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A contre cœur, je lui
donnais mon téléphone, sur lequel j'avais téléchargé quelques
actions du dernier match pour les analyser...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après une heure
interminable à profiter d'une balade en couple, des beautés de la
nature, de la solitude du promeneur, à faire des passes vrillées au
chien avec des pommes de pin, à déplacer avec le pied, à chaque
pause, très innocemment et sans avoir l'air d'y toucher, des petits
cailloux sur le sol pour simuler un lancement de jeu, ma femme finit
par abdiquer :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- C'est bon, Vern, on
rentre à la maison.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le chien jappait
joyeusement en me tournant autour, réclamant sa pomme de pin.
L'espace d'un instant, j'ai cru que c'était Morgan qui me demandait
s'il pouvait jouer le prochain match.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Une fois à la maison, je
débouchais une petite bière hollandaise que j'avais appris à
apprécier avec le temps. Elle ne m'avait pas donné d'aigreur cette
année. Puis, je prenais un bon livre, au coin du feu, pour me
détendre : <i>Le Rugby, Noble Jeu</i>, par Paul Audinet (je
vous le conseille).</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ma femme finit par
s'asseoir à mes côtés, puis m'adressa un nouveau regard noir
lorsqu'elle vit l'objet de mon attention. Je protestais :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Ça parle du rugby
amateur !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
De guerre lasse, elle
prit un magasine sur la table basse : <i>Rugby Attitude</i>.
Elle le jeta loin derrière. <i>Rugby Mag</i>. Nouveau renvoi aux 22.
<i>Rugby Info Clermont</i>.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Non ! Pas
celui-là ! Il y a un poster de Brock au plaquage à
l'intérieur ! C'est collector !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai cru qu'elle allait
s'énerver. Elle reposa le magasine :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Où sont mes <i>Vanity
Fair</i> et mes <i>Vogue</i> ? Et mon <i>Voici</i> ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Ah ! Pour les
ragots, tu as le MIDOL !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle soupira bruyamment
et s'empara de la télécommande. La télévision s'alluma sur <i>ESPN
Classic</i>, une rediffusion de la RWC 2011. Ma femme tendit le bras
pour changer de chaîne, appuyant frénétiquement sur le bouton.
Rien à faire, la télécommande était bloquée... Je fis mon plus
beau sourire gêné. Ma femme balança la télécommande sur le tas
de magazines et s'en fut dans la cuisine.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après quelques minutes,
je ne tenais plus en place. Je pris mon manteau et mes clés de
voiture :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Chérie, je vais
chercher du pain !</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle n'eut pas le temps
d'objecter qu'il était trop tard et qu'on avait de toutes façons
déjà du pain, j'étais déjà en route vers le stade.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il faisait nuit lorsque
j'arrivais. Les bureaux étaient déserts. Je me mis au travail.
J'eus soudain l'envie d'appeler Maître Guy. Il décrocha rapidement.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Vern ? C'est toi ?
Comment se passent les vacances ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Euh ! Bien !
Bien ! La famille, la maison, tout ça... Et toi ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Pareil ! Pareil !
La maison, la famille...</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Un silence. Guy lâcha le
premier :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Je suis en salle
d'analyse vidéo. J'ai eu un doute sur une combinaison en touche
pendant un Albi – Montauban en 92... Il n'y a personne d'autre que
moi ici, mais je suis bien.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Moi aussi. Je bosse mon
quart de finale. Je suis tout seul. Effectivement, c'est agréable de
travailler entre professionnels.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nouveau silence. Je
demandais, un peu inquiet :</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Guy, tu ne crois pas
que j'en fais un peu trop ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Au contraire, Vern, au
contraire. Fais moi confiance, tu es sur la bonne voie !</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-89857745883989986992013-01-20T01:35:00.000-08:002013-01-20T01:49:11.901-08:00Homeland<div style="text-align: justify;">
Centre d'interrogatoire secret de la cellule de recrutement de l'ASM - Quelque part en Auvergne.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
La femme, d'âge et d'origine indéterminés, est assise, les coudes sur la table. Elle tente de se donner une contenance, son fume-cigarette négligemment tenu entre deux doigts fins. Elle ne parvient pas, cependant, à dissimuler sa nervosité. Ses grands yeux noirs vont de droite et de gauche et ne trouvent pas un point où se fixer, ce qui est par ailleurs assez déstabilisant pour l'interlocuteur : on ne sait jamais où elle regarde, et, partant, ses intentions à votre encontre. Son physique ne laisse pas indifférent : elle est indiscutablement belle, racée, élancée mais elle ne donne aucune impression de fragilité. Ses articulations sont fines, mais on devine un corps musclé et entretenu soigneusement, quoique féminin, sous sa robe fourreau noire.</div>
A mes côtés, un <i>scout </i>déclare :<br />
<div style="text-align: justify;">
- Elle a des heures de vol, mais elle est encore tankée, l'Ancienne... Un poil de chirurgie esthétique et elle est repartie comme en 1996...</div>
<div style="text-align: justify;">
Derrière la glace sans tain, je l'observe attentivement. Soudain, j'ai l'impression qu'elle me fixe à travers le miroir. A-t-elle senti ma présence ? Il faut dire que cela fait un bail que je la piste, cherche, courtise, piège... Je l'ai croisée très régulièrement depuis mon arrivée en Auvergne, sur différentes opérations. Je l'ai souvent doublée, mais, au final, elle a -presque- toujours emporté la mise... Derrière moi, Stéphane fait tourner des images :</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est bien elle. Regardez : on la reconnaît en 2008, jamais très loin du professeur Novès. Elle est également présente en 2001. En revanche, on n'a plus aucune image d'elle depuis presque trois ans.</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est vrai qu'elle a bien vieilli... dis-je, songeur... Qu'est-ce qu'elle fait là ? Et cette tenue ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Marc entre. Il prend la conversation au vol :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Elle est habillée pour un gala. Elle devait partir à Londres pour une opération demain. Le gala lui servait de couverture. A vrai dire, elle est un peu en froid avec ses collègues en ce moment. Elle a trouvé un prétexte pour ne pas partir avec l'équipe... et elle s'est présentée au Bureau, dans cette tenue, la nuit dernière. Depuis, on fait des recoupements... Je l'interromps :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Un piège ? Un agent provocateur ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Un transfuge plutôt... On a bien étudié le dossier. Tout concorde. Elle a cessé pratiquement toute activité à Toulouse depuis deux ans. Elle est publiquement en désaccord avec la nouvelle ligne du parti. Elle désapprouve totalement la façon dont sont conduites les affaires par le Grand Maître Guy. Nos informateurs nous disent qu'elle a coupé tous les ponts avec le numéro 3. La dernière personne à qui elle accordait sa confiance était McAllister. Mais le torchon brûlait déjà fort depuis quelques mois...</div>
<div style="text-align: justify;">
- On dirait bien qu'elle est en train de passer à l'est.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le président était entré à son tour et avait prononcé cette phrase avec un ton d'apparente satisfaction. Il semble encore plus fatigué qu'à l'habitude. Il avait été réveillé en pleine nuit dans son nid d'aigle des Alpilles et avait pris un jet privé en catastrophe.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Elle est moins belle qu'Angelina, mais je l'accepte volontiers à Eygalières... Vern, qu'en penses-tu ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Tous les regards se tournent vers moi. Je demeure silencieux un long moment. Cette pièce anonyme et froide me rappelle tant de souvenirs : c'est ici que j'ai fait mon plus gros coup après l'échec de l'opération McIntyre. Je me revois en train de cuisiner Brock. C'est ici que j'ai retourné mes deux meilleurs agents, alors exfiltrés d'une Berjallie en décomposition avancée...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Nous allons bien voir...</div>
<div style="text-align: justify;">
Et j'ouvre la porte qui donne sur la salle d'interrogatoire.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans la lumière jaunâtre et tamisée qui efface les rides, fugitive, lâchée par les siens, fragile, elle est plus désirable que jamais. Dans sa robe de soirée, on dirait une vamp sortie tout droit d'un film noir. J'ai envie de lui dire "Philip Marlow" pour qu'elle me réponde "Vivian Sternwood" en me tendant lascivement sa main gantée... Je me dis que nous avons le même âge, celui de la maturité, et que nous avons tant de choses à accomplir ensemble. Une idée me traverse l'esprit : partons, maintenant, aux Antipodes. Là-bas, nous deviendrons invincibles ! Mais je me ravise, il est trop tôt, et il y a encore beaucoup à accomplir ici...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je m'assois, nous sommes face à face.</div>
<div style="text-align: justify;">
En fait, c'est elle qui lance la conversation :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vern ! Quel plaisir ! Je suis venue pour vous, savez-vous ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Pour moi... Et pour l'équipe aussi...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Certes... Vous avez beaucoup d'atouts et d'arguments -pensive- des choses que je ne retrouve plus à Toulouse... Que voulez-vous, une femme comme moi a besoin de changements, d'étonnement, d'incertitude, de mouvement, de classe, enfin. (Elle prend un public imaginaire à témoin.) L'efficacité seule ne m'intéresse pas. Je trouve cela tellement vulgaire...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je coupe :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Mais qu'est-ce qui me prouve la sincérité de votre démarche ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle avance la tête et me regarde dans les yeux. Je me dis que je ne dois pas craquer :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ecoutez-moi bien Vern. Depuis la mort de William Webb, ce sport n'est plus le même. Comme vous, je suis de la vieille école : je ne fais pas cela uniquement (elle appuie sur ce mot) pour l'argent et le résultat. Je ne suis plus heureuse à Toulouse, et je suis fachée avec la moitié du staff et de l'équipe. Vous le savez, tout est écrit dans vos dossiers...</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle soutient mon regard, avec un air de défi, puis se détourne.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Et pourquoi nous ? Pourquoi pas Toulon ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle rit, s'esclaffe presque...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Allons ! Vern ! Vous me faites marcher ! Toulon... Et pourquoi pas le Racing, tant que vous y êtes ? Vous savez bien que notre métier se pratique dans l'élégance et la discrétion. Et pour tout vous dire, j'abhorre la brutalité de ces sudistes... Non, j'ai besoin qu'un Sivivatu me fasse danser, je veux que Wesley me donne le tournis, que Bonnaire me tienne dans ses mains douces mais fermes, que Brock me double-saute...</div>
<div style="text-align: justify;">
Elle commençait à s'échauffer. Le sud-ouest poussait sa corne... Je mettais fin à son monologue ambigu, en faisant glisser du doigt un dossier sur la table :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Voici votre programme des semaines à venir : tout d'abord, un petit lifting et une cure thermale dans un établissement très privé de Royat. Ensuite, reprise de l'entraînement. J'espère que vous serez prête pour le printemps.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Allons, Vern ! Je suis déjà prête. Je n'attendais que ça...</div>
<div style="text-align: justify;">
Je me levais pour prendre congé. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah oui ! J'oubliais, votre nouvelle identité...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Quel joli nom de code m'avez-vous trouvé ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Jeu à la Clermontoise.</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-16874263517820959782012-12-16T07:54:00.000-08:002012-12-16T07:54:38.163-08:00Godspeed, ASM !<div style="text-align: justify;">
Centre Spatial de Sohae - Corée du Nord - Décembre 2012</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’Everest de la Pensée s'installe devant le poste de contrôle. Autour de lui, les généraux, uniformes gris et bérets sur la tête, attendent au garde à vous. L'un deux s'approche de la Super Nova de la Prospérité en lui tendant respectueusement une clé sur un coussin rouge.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Monsieur le Grand et Puissant Maréchal, voici la clé de lancement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le Pinacle de l'Intelligence s'empare de la clé et la glisse dans une serrure verticale enfichée dans le tableau de bord. Compte à rebours. Cinq - Quatre - Trois - Deux - Un - Zero - Ignition.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le Yang Tse Kiang de la Sagacité tourne la clé. Sur les écrans de contrôles, les turbo-réacteurs se mettent en route dans un fracas et une fumée effrayants. La fusée blanche s'élève lentement puis accélère. Bientôt, le missile est haut dans le ciel de l’Éternelle et Indépassable Corée.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le Grand Maréchal esquisse un sourire. Autour de lui, les généraux, soulagés, perdent un peu de leur raideur.</div>
<div style="text-align: justify;">
Soudain, sur l'écran, un nouveau point apparaît. Murmures d’incompréhension chez les généraux. Conciliabules. L'Albatros de la Conquête Spatiale se retourne vers son chef d'état major, interrogateur :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Je ne comprends pas, Ô Grand Maréchal ! Les Américains peut être ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Un général intervient :</div>
<div style="text-align: justify;">
- La défense aérienne m'indique que l'OVNI aurait décollé depuis l'Auvergne.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le Grand Maréchal s'étonne :</div>
<div style="text-align: justify;">
- L'Auvergne ? C'est où ça ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Sur l'écran de contrôle, gros plan sur une autre fusée, qui, à vitesse faramineuse, dépasse la fusée nord-coréenne. Devant le tableau de bord, l'assistance, médusée et silencieuse, assiste impuissante au spectacle. La fusée est à carreaux jaunes et bleus. Sur son fuselage, on peut lire : "ASM Clermont Auvergne".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Librement traduit du Coréen.Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-17778755298821903132012-12-10T03:26:00.000-08:002012-12-10T03:29:55.883-08:00The JuBon Facts<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lorsque Julien Bonnaire rate un match, c'est qu'il n'est pas sur la feuille de match.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans le dictionnaire, la définition de "régularité dans l'excellence" est : "Julien Bonnaire". </div>
<div style="text-align: justify;">
Si Julien Bonnaire porte un casque, c'est parce qu'il ne veut pas avoir la tête qui enfle.</div>
<div style="text-align: justify;">
Si Julien Bonnaire n'a plus de cheveux, c'est parce que sinon, il serait trop "beau gosse". </div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire est infatigable, sauf pour parler de lui.</div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire sait tout faire, sauf sa propre publicité. </div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire est simple, modeste, serein et lucide : Julien Bonnaire, c'est la Berjallie qui a rencontré l'Auvergne.</div>
<div style="text-align: justify;">
Lorsque Julien Bonnaire saute en touche, les avions en approche à Aulnat lui demandent l'autorisation d'atterrir.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un jour, Julien Bonnaire a manqué un plaquage : c'était contre le Tonga et c'était pour déconner.</div>
<div style="text-align: justify;">
On ne dit pas : Il pleut à Clermont. On dit : Julien Bonnaire marche sur l'eau.</div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire ne joue pas bien : il fait bien jouer son équipe.</div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire n'est pas agressif : Julien Bonnaire protège ses coéquipiers. </div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire est capable de pourrir les rucks aussi bien que Richie McCaw. Mais on n'en fait pas tout un plat...</div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire n'approuve pas les JuBon Facts : Julien Bonnaire les mérite.</div>
<div style="text-align: justify;">
Julien Bonnaire est le meilleur joueur du monde. Mais il est trop humble pour qu'on le sache.</div>
<br />
<b>The JuBon Facts</b>Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com17tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-77828166878588256642012-12-05T06:41:00.002-08:002012-12-05T08:27:47.609-08:00Le Leinster ? J'y pense jamais...<div style="text-align: justify;">
Comme chaque matin, je me réveille tôt. Lorsque je me lève, l'ouvrage <i>Kings, the kingship of Leinster, and the regnal poems of "laidshenchas Laigen": a reflection of dynastic politics in Leinster</i> glisse sur le sol dans un bruit sourd. Je m'étais encore endormi dessus hier soir... Demain, je commencerai <i>Gens de Dublin</i>...</div>
<div style="text-align: justify;">
Après avoir recompté, sur mon calendrier, le nombre de jours qui me séparent du 9 décembre, je descends dans le garage où je casse quelques harpes, en écoutant <i>Sunday Bloody Sunday</i> de U2...</div>
<div style="text-align: justify;">
Un peu plus tard, j'arrive au club. Je lance des fléchettes sur la carte de l'Irlande punaisée sur ma porte, en prenant soin de bien viser la région de Dublin. On frappe à la porte. Je range précipitamment mes fléchettes :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Un colis pour vous, M. Cotter !</div>
<div style="text-align: justify;">
Je congédie le livreur, verrouille la porte de mon bureau, j'ouvre le paquet et je déplie le maillot du Leinster que j'avais commandé. Je l'enfile, me regardant dans une glace, puis je l'enlève et je le déchire rageusement en petits morceaux que je fais ensuite brûler consciencieusement.</div>
<div style="text-align: justify;">
On frappe à la porte. J'ouvre toutes les fenêtres chassant la fumée à grands gestes. C'est Stéphane qui m'amène l'intégrale en DVD des matches du Leinster des dix dernières années.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je commence le visionnage. De temps en temps, je fais une pause et me détends en lisant le rapport du FMI sur la situation économique de l'Irlande.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ou alors, je sors de mon coffre-fort un volumineux dossier estampillé <i>Secret-ASM Eyes Only</i>. Je feuillette attentivement les mémo rédigés par les détectives privés du club sur Joe Schmidt, Leo Cullen ou Brian O'Driscoll, puis je replace le dossier dans le coffre, à côté de mon vrai-faux passeport irlandais, mon postiche roux et mes tâches de rousseur factices.<br />
Plus tard, je me connecte sur le site officiel du Leinster, avant que Mon Homme à Dublin ne m'adresse son rapport quotidien.<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;">* * *</span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Arrive l'heure de la conférence de presse. Un journaliste :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Vern, dans quel état d'esprit êtes-vous avant la réception du Leinster ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Le Leinster ? J'y pense jamais !</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4353563354375770051.post-3063436510458093072012-11-30T07:53:00.000-08:002013-04-28T10:13:12.532-07:00Le Rugby, c'est fou !<div style="text-align: right;">
<i>Apprenez donc, messieurs les
miroirs, à ne pas vous traiter de fous parce que vous ne
recevez pas le même reflet des choses.</i></div>
<div style="text-align: right;">
Anatole France </div>
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<br /></div>
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En tant que rédacteur schizophrène du Blog de Vern, je suis habilité en tant que consultant des services psychiatriques du CNR (Centre des Nerveux du Rugby) de Marcoussis. Les rugbymen et leurs entourages étant de plus en plus soumis à une forte pression psychologique, la FFR a décidé de mettre en place une cellule spécialisée dans le suivi des pathologies mentales liées à une pratique excessive du Noble Jeu et ses conséquences collatérales.</div>
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Il y a quelques jours, j'étais invité à un séminaire au cours duquel le Professeur Maso, le réputé psychiatre éponyme, nous a fait visiter ses installations, et, surtout, présenté ses plus grands malades. Le premier patient était séparé de nous par une vitre blindée : à la vue des visiteurs, il se précipita contre la cloison transparente et la percuta violemment avec un bruit effrayant qui nous fit sursauter. Furieux d'avoir rencontré un obstacle inattendu, la bête entrepris de briser la glace à coups d'épaule, faisant trembler l'ensemble, ce qui ne manqua pas d'entraîner un mouvement de recul de notre part.</div>
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- Ne vous inquiétez pas, intervint le professeur Maso. La paroi est réputée à l'épreuve des tampons les plus dévastateurs. Elle a été conçue et testée aux îles Samoa.</div>
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- Ils disaient aussi ça pour King Kong, persifla un confrère, non loin de moi.</div>
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Le professeur reprit :</div>
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- Vous avez devant vous un cas exemplaire de seconde ligne atteint de psychopathie rugbystique, autrement appelé dans notre jargon "syndrome Le Cormore". Les symptômes sont évidents à reconnaître : incapacité à maîtriser ses pulsions violentes, inefficacité des punitions et réprimandes à son encontre, absence de honte ou d'angoisse, impossibilité de modification du comportement à long terme... Parfois, cependant, la rémission est envisageable. Malgré quelques rechutes, M. Cotter obtient des résultats encourageants à Clermont avec ses sujets atteints...</div>
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Murmures d'approbation autour de moi. La visite reprit, alors que la "bête", le visage haletant collé contre la vitre, nous regardait de ses yeux fous et exorbités, tel Jack Nicholson dans <i>Shining</i>...</div>
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Le professeur Maso nous présenta ensuite son deuxième patient :</div>
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- Voici un cas très intéressant. Je l'ai appelé "Jacky". Jacky est un ancien président de club amateur de la région parisienne, directeur d'agence immobilière. Il est atteint de troubles de l'identité et, en particulier, de délires mimétiques. Sa jalousie envers un club voisin et concurrent a atteint un degré tel qu'elle l'a plongé dans la folie. Le sentiment de haine-fascination éprouvé par le malade est typique d'une relation maître-disciple où le modèle devient le rival et vice-versa. Naturellement, la rivalité a été savamment entretenue par les deux parties, la plupart du temps au moyen des expédients et des provocations les plus vils, dans le genre des concours de crachats que les enfants peuvent pratiquer dans la cour des écoles... C'est dire la détresse psychologique du sujet...</div>
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Hochements de tête à l'observation de "Jacky". Le pauvre homme, prostré dans un coin de sa chambre, sans égard pour son public improvisé et la tête levée vers le soupirail de sa cellule, qui laissait passer un étroit filet de lumière, lançait compulsivement des incantations pathétiques :</div>
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- C'est mon stade le plus mieux ! C'est moi que les gens préfèrent ! Rends moi mes joueurs !</div>
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Nous poursuivimes la visite, emplis de pitié.</div>
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- Voici un autre cas passionnant : je l'ai nommé "complexe du pardessus". Il s'agit d'un trouble autistique avancé et très complexe à détecter. Le sujet est réticent à toute forme de nouveauté et de changement. La contradiction provoque chez lui un stress aigu qu'il ne parvient à juguler qu'en participant, vêtu d'un imperméable, à des buffets et des banquets organisés par la FFR. La vision d'un calendrier provoque en particulier chez lui un traumatisme violent, capable de le paralyser durablement. Naturellement, il touche préférentiellement les cadres fédéraux.</div>
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Nous avions devant nous un homme d'âge mûr, d'apparence normale, assis derrière un bureau luxueux dans un fauteuil de direction. Soudain, il leva le poing vers nous et cria :</div>
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- Je suis ici pour et par l'intérêt supérieur du rugby, et je n'en sortirai que par la force des petits-fours !</div>
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- Étonnant, non ? reprit le professeur Maso.</div>
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Puis, celui-ci nous conduisit vers une grande pièce dans laquelle déambulaient des patients en pyjamas blancs, dont la majorité dégoisait à tue-tête, sans égard pour ses congénères.</div>
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Le professeur Maso se planta au milieu de ce trafic étrange et haussa la voix pour couvrir le brouhaha :</div>
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- Voici l'endroit que j'appelle le "Landerneau". C'est la section spécialisée dans les journalistes. Hystérie, mythomanie, affabulations, hallucinations, perte de mémoire, délires... Tout y est, tout y passe !</div>
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Une personne fit remarquer :</div>
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- C'est curieux, il y a très peu de femmes chez vos patients.</div>
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- C'est exact, répondit aussitôt le professeur. Les raisons sont simples à comprendre : d'une part, c'est un milieu d'hommes, d'autre part, les femmes y sont la plupart de temps reléguées dans des fonctions subalternes. Ceci est particulièrement vrai chez les journalistes, où les individus du sexe féminin jouent un rôle de potiche décorative. Cela, ajouté au mépris dont elles font couramment l'objet, a toutefois pour bénéfice de les protéger de toute névrose ou de toute <i>hybris</i>... Une sorte de vaccination en quelque sorte...</div>
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Nous continuâmes, de plus en plus pensifs.</div>
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- Et maintenant, une sorte très particulière de malade : le <i>novesis toloserius</i>. Difficulté à contrôler ses angoisses, exagération des problèmes du quotidien, pessimisme, peur des doublons, hypervigilance constante, tension nerveuse et musculaire... Ce patient est également atteint d'un TOC : il ne peut s'empêcher de lever la main et d'en montrer trois doigts.</div>
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Effectivement, l'homme que nous observions, le visage tendu et marqué de rides, semblant dans un état d'anxiété permanente, nous présentait mécaniquement son pouce, son index et son majeur en sifflant stridemment entre ses lèvres.</div>
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- En addition, le patient présente des troubles maniaco-dépressifs qui peuvent conduire à l'anhédonie : tout devient triste, vide, monotone...</div>
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La visite se poursuivit et nous permit de découvrir une gamme de cas très variée :</div>
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Syndromes post-traumatiques chez les anciens joueurs de l'ASM ayant joué des finales, syndrome de la Tourette chez Pierre Salviac, addictions aux réseaux sociaux, troubles de l'adaptation, aussi appelés "complexe du Baby" pour des joueurs talentueux n'ayant jamais percé, syndrome logorrhéique chez Marcel Ruffo, etc.</div>
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Nous terminâmes par le clou de la "collection" du professeur Maso :</div>
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- Voici mon patient le plus fascinant, et, par certains côtés, le plus inquiétant : je l'ai appelé "Mourad". Il présente toute une gamme de troubles, psychoses, phobies, manies, etc... N'ayant trouvé aucune définition valable dans aucun dictionnaire de psychiatrie ni aucun manuel d'exorcisme, je l'ai appelé "syndrome post-sodomie arbitrale". Il s'agit d'un cocktail détonnant de paranoïa, de mégalomanie, de besoin d'attention poussé à l’extrême, de bouffées délirantes aiguës, de théâtralisme, d'exagération du pathos, d'hyperactivité, bref, d'histrionisme extrême, et j'en passe...</div>
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La visite était terminée, et tous, nous étions frappés par la diversité et le nombre des phénomènes observés.</div>
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- Vraiment, je ne pensais pas que le rugby pouvait faire autant de mal, me confia un psychanalyste. </div>
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Nous nous retrouvâmes, pour finir, autour d'une bonne bière : c'est l'un des avantages de la psychiatrie adaptée au rugby, il existe aussi une troisième mi-temps.</div>
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Le professeur Maso vint à ma rencontre :</div>
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- Alors, Vern, cette schizophrénie ?</div>
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- Tout ça c'est du passé, professeur. La thérapie a été un succès : depuis, nous allons beaucoup mieux et nous nous entendons très bien. Je me pose toutefois encore une question après cette édifiante visite : pourquoi n'y a-t-il aucun supporter ?</div>
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- Excellente remarque ! Effectivement, le supporter de rugby peut être con, violent, débile, affligeant, intempérant, excité... il ne tombe jamais dans la folie. J'ai une théorie là-dessus : c'est parce qu'il transfère toutes ses émotions et ses troubles sur ceux que nous avons rencontrés aujourd'hui, et, de fait, il échappe à la contamination...</div>
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- Intéressante théorie... En tout cas, je retiendrai une chose de cette journée : ce qui différencie un fou d'une personne réputée saine, c'est le degré de folie qu'ils ont respectivement atteint...</div>
Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?http://www.blogger.com/profile/01524836779949901956noreply@blogger.com1