mercredi 4 janvier 2012

On nous en voeux...

La cérémonie des vœux a eu lieu aujourd'hui.
Je m'étais mis au fond, parce que je dois avouer que je ne suis pas un grand amateur de ce genre de joute et puis il fallait que je reste près du buffet pour surveiller ceux qui comptaient partir en terre promise avec quelques parts surnuméraires de galette des rois... J'apprécie en effet modérément ces scènes convenues ou tout le monde feint de s'intéresser aux autres en se souhaitant des choses (bonheur, félicité, prospérité...) dont on ignore jusqu'au sens même ou qu'on n'a jamais expérimentées parfois plus de quelques minutes. D'ailleurs, je n'envoie plus de cartes de vœux. J'en aurais bien écrit une à Steve Hansen, mais j'avais utilisé toute ma réserve d'anthrax pour John Kirwan...
La cérémonie des vœux, c'est un peu comme une fête des Inquiets. Il y a l'Inquiète de l'Organisation, en général l'attachée de presse, qui court partout parce qu'elle se rend compte que c'est mal organisé, justement, et que les journalistes ne sont pas à l'heure. Ensuite, il y a l'Inquiet en Chef, le président, qui est en train de se demander s'il va sortir ses notes pour son discours, écrit par l'Inquiète de l'Organisation, discours qu'il trouve nul de toute façon, mais bon, pas facile de faire original pour les vœux en 2012... Il regarde dans l'assistance, et s'aperçoit qu'il y a plein d'autres Inquiets en Second, ou en Troisième, qui lui tournent habituellement autour et dont un certain nombre a une tronche qui commence à ne plus lui revenir. Il s'inquiète de la présence des journalistes et s'aperçoit que le MIDOL n'est pas venu, ni la télé, et qu'il a encore fait Eygalières - Clermont en bagnole pour rien. Il s'inquiète aussi de voir qu'il y a tout ce monde au club alors qu'il cherche à réduire drastiquement la masse salariale, parce que Sivivatu et Byrne, c'est quand même pas donné...
Mais aujourd'hui, le club bruit d'une rumeur particulière.
On attend en effet le Grand Inquiet. Ils sont tous à en parler avec déférence et un soupçon de crainte dans la voix :
- Si, si, il va venir...
- Tu l'as déjà vu, toi ?
- Non, jamais...
- Moi je l'ai vu, une fois. Il m'a regardé...
- Non !?
Soudain, le silence se fait :
- Le voila !
Un aboyeur en livrée jaune et bleu, à l'entrée, annonce :
- Kim Jong Mich, Régent de la société en commandite par actions Michelin SA, Petit Père des Bibs et des Rugbymen !
Aussitôt, des enfants de l'école de rugby, en costumes traditionnels auvergnats, accourent avec des bouquets de fleurs. Le Puy de Dôme de la Pensée esquisse un sourire paternel, daigne se baisser, caresse quelques joues et accepte de bonne grâce un bouquet qu'il remet ensuite à l'un des nombreux membres de son aréopage (a priori, le directeur des Inquiets de la Performance Commerciale, si j'ai bien vu...). Il s'approche de l'assistance mi-inquiète, mi-admirative et serre quelques mains. L’Inquiet en Chef est à ses côtés, écrasant les pieds d'un Inquiet Co-Gérant et se poussant du coude pour être irradié de plus près par le Soleil de l'Auvergne. Légion d'honneur à poste, il présente les membres du club. Comme il ne les connaît pas, il donne des noms au hasard, mais comme les intéressés n'osent pas le détromper devant le Grand Inquiet et que, de toute façon, tout le monde s'en fout, ça passe...
On arrive vers les joueurs. L’Inquiet en Chef présente Roro. Le Grand Inquiet le coupe et dit :
- Ah ! Rougerie, le Cube !
Et il rit en se tournant vers ses Inquiets-Adjoints. Ceux-ci, dont la moitié n'a rien entendu parce qu'ils discutaient d'autres choses avec d'autres Inquiets, partent à leur tour d'un grand rire.
L'un deux, certainement parmi les plus anciens, se risque même à un :
- Monsieur le Régent, quel humour !
Le groupe poursuit sa tournée électorale, l'Inquiet en Chef confond Muri et Naï, mais sinon tout se passe bien. Devant Morgan Parra, le Grand Inquiet s'enquiert de la santé des enfants de l'Inquiet en Chef et, voyant Brock James, le félicite d'avoir sauvé l'Auvergne.
Enfin, ils s'approchent de moi. Le Grand Inquiet sourit :
- Vern Cotter, j'aime beaucoup votre blog... Avec vous, la communication du club ne peut que s'améliorer.
Un silence gêné s'ensuit. Certainement une information provenant d'une fiche d'un Inquiet Subalterne qui a du apprendre à rédiger pendant son stage à Rugbyrama...
L’Inquiet en Chef enchaîne et propose au Grand Inquiet de prendre la parole.
Le silence se fait à nouveau. Le Grand Inquiet monte sur l'estrade levée pour la circonstance. La légion d'honneur de l'Inquiet en Chef entre en incandescence. Le premier rang est trusté par l'aréopage des Inquiets du Conseil exécutif. L'inquiet Subalterne qui a rédigé la fiche sur Vern Cotter disparaît à jamais ou demande l'asile politique en Corée du Nord. Le Grand Inquiet regarde l'assistance et sourit, bienveillant, devant tous ces braves gens. Il va parler :
- Bon, eh bien, je crois qu'on s'est tout dit ? Nunc est Bibendum !
Les femmes s'évanouissent, les hommes tombent à genoux, les enfants chantent des cantiques. L’Inquiet en Chef hurle, le visage émacié par l'extase :
- Ite, Missa est !
Puis s'effondre, expirant...
Le Génie des Monts Dore, le Lac Pavin de la Connaissance, le Sancy du Pneumatique s'en va, laissant en suspend le souvenir diffus et improbable de sa présence céleste, et planer le doute sur une éventuelle prochaine apparition publique.
Je cherche un regard amical et compréhensif dans cette scène d'hystérie collective. Je vois Roro, très calme, qui s'approche de moi, son petit sourire en coin :
- Co-gérant de Michelin... Ça a l'air pas mal. Ou président... Je me demande si je ne vais pas me lancer dans la politique...

A suivre...

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