Les hommes sont las. Les chevaux fourbus. Même si nous avons percé à trois reprises, les munitions nous ont cruellement fait défaut. Nous avons subi les assauts de l'ennemi sans interruption et, si nous nous sommes retirés en bon ordre, la défaite tactique est incontestable.
De retour au camp retranché, il a fallu dénombrer nos pertes, dont l'ampleur a dépassé mes craintes : l'infirmerie n'est plus assez grande pour accueillir tous nos blessés. Ils sont donc désormais nombreux à gésir dans des lits disposés dans les couloirs. Les valides passent à côté de leurs camarades en leur jetant de furtifs regards compassés et gênés. C'est moche mais il faut avancer.
Je suis inquiet pour mon "petit caporal" : je l'ai croisé dans un boyau, boitant et se tenant la cuisse. Une baïonnette de Biarritz... Il m'a dit que ça irait mais je n'y crois pas. J'allais au chevet des troupes de première ligne, les plus éprouvées : c'est l'hécatombe. L'ambiance était franchement morose. L'un râlait dans un coin, un autre tentait de se lever pour s'effondrer aussitôt, soutenu maladroitement par des infirmières. Même la compagnie géorgienne, si dure au mal, semblait touchée...
L'opération est prévue dimanche prochain, en fin d'après midi. Nous devrions être parachutés quelques heures avant dans la campagne londonienne. De son côté, la 31ème aéroportée du général Novès aura Édimbourg pour objectif. Le but de cette manœuvre coordonnée est de se mettre en position d'affronter les légions irlandaises. Si nous passons, nous aurons l'avantage du champ de bataille. Et le général Novès aura la lourde tâche de remonter le Shannon avant de débarquer à Limerick, avant une hypothétique jonction à Twickenham... S'il réussit, le bâton de maréchal ne sera plus très loin...
Mais nous en sommes encore loin.
Pour la première fois de la saison, j'ai senti les troupes vaciller. Pour la première fois de la saison, le sort ne nous a pas été favorable. Et, naturellement, ce moment arrive lorsque nous nous trouvons au pied du mur. Nous sommes dans une situation singulière : nous n'avons jamais été aussi forts que cette année, mais nous n'avons jamais été aussi fragiles cette année.
Parviendrons-nous à dépasser ce paradoxe ?
De retour au camp retranché, il a fallu dénombrer nos pertes, dont l'ampleur a dépassé mes craintes : l'infirmerie n'est plus assez grande pour accueillir tous nos blessés. Ils sont donc désormais nombreux à gésir dans des lits disposés dans les couloirs. Les valides passent à côté de leurs camarades en leur jetant de furtifs regards compassés et gênés. C'est moche mais il faut avancer.
Je suis inquiet pour mon "petit caporal" : je l'ai croisé dans un boyau, boitant et se tenant la cuisse. Une baïonnette de Biarritz... Il m'a dit que ça irait mais je n'y crois pas. J'allais au chevet des troupes de première ligne, les plus éprouvées : c'est l'hécatombe. L'ambiance était franchement morose. L'un râlait dans un coin, un autre tentait de se lever pour s'effondrer aussitôt, soutenu maladroitement par des infirmières. Même la compagnie géorgienne, si dure au mal, semblait touchée...
L'opération est prévue dimanche prochain, en fin d'après midi. Nous devrions être parachutés quelques heures avant dans la campagne londonienne. De son côté, la 31ème aéroportée du général Novès aura Édimbourg pour objectif. Le but de cette manœuvre coordonnée est de se mettre en position d'affronter les légions irlandaises. Si nous passons, nous aurons l'avantage du champ de bataille. Et le général Novès aura la lourde tâche de remonter le Shannon avant de débarquer à Limerick, avant une hypothétique jonction à Twickenham... S'il réussit, le bâton de maréchal ne sera plus très loin...
Mais nous en sommes encore loin.
Pour la première fois de la saison, j'ai senti les troupes vaciller. Pour la première fois de la saison, le sort ne nous a pas été favorable. Et, naturellement, ce moment arrive lorsque nous nous trouvons au pied du mur. Nous sommes dans une situation singulière : nous n'avons jamais été aussi forts que cette année, mais nous n'avons jamais été aussi fragiles cette année.
Parviendrons-nous à dépasser ce paradoxe ?
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