Après cet article, le Blog de Vern passe à l'état d'archive. Ce sera en effet la dernière publication de cet étrange objet cybernétique débuté paresseusement en 2008 et terminé un peu abruptement, comme la saison 2013 - 2014 de l'ASM.
Il aura eu une activité fluctuante, avec des pics pendant la coupe du monde 2011 ou les campagnes européennes, de longs temps faibles, et quelques succès (les "facts", "Argent pas facile", le "Fantôme de Marcel" et "Quand Isabelle parle" entre autres). Il est resté relativement confidentiel (environ 250 000 vues sur la période) pour presque 200 publications. L'auteur, en toute modestie, ne cherchait cependant pas le succès éditorial : il était surtout animé d'une viscérale envie de parler - différemment - de son club préféré et d'un besoin irrépressible d'extérioriser son affection mêlée de frustration. Tant mieux si cela a plu, mais il s'agissait d'une démarche très personnelle, qui ressortait surtout de l'expérience thérapeutique et du plaisir d'écrire et de partager.
D'où l'anonymat. Pour des raisons pratiques, mais aussi par conviction.
Tout d'abord, j'exerce une profession dans laquelle je suis tenu à une certaine réserve et je ne souhaitais (et ne souhaite toujours) pas d'interférences entre les élucubrations de ce blog et mon métier. D'autre part, je suis particulièrement pudique et j'exècre les déballages narcissiques et inopportun dont notre société s'est fait le théâtre, par media interposés. En cela, je me réclame d'un autre Auvergnat (plus talentueux) qui écrivait avec beaucoup de sagesse "Le moi est haïssable". A ce titre, ce blog a toujours milité contre l'entreprise de starification du rugby que les vendeurs de papiers mènent à grand renfort de vide éditorial. C'est une lutte sans espoir qui en a pris un bon coup depuis que Toulon a réalisé son double doublé et qu'on essaie de nous vanter le "développement" du rugby autour de quelques noms comme le but ultime de ce sport, mais je reste persuadé que la star doit être l'équipe, et non les joueurs. Enfin, il est une grande vertu à rester dans l'anonymat : moins vous en savez de l'auteur et plus vous pouvez juger son travail avec impartialité. On s'épargnerait de bien mauvais livres si on ne les lisait pas sur la foi d'un nom sur une jaquette...
Anonymat, donc, mais aussi amateurisme.
Amateurisme permis, naturellement, par Internet, media oblatif par excellence, qui m'a offert l'opportunité de m'exprimer sans filtre ni contrainte économique, sinon celle du temps consacré. Amateurisme qui garantit aussi la liberté, et, incidemment, une certaine exigence. Délivré de tout agenda, je n'ai jamais cherché à plaire, ni à faire rire à tout prix, je n'ai écrit que lorsque j'en ressentais le besoin ou qu'un sujet m'inspirait, parfois sans rapport aucun avec l'actualité. Il est des moments où l'on a rien à dire. Dans ces moments-là, le mieux reste toujours de fermer sa gueule.
Je fais partie d'une génération qui, lorsqu'il n'était pas possible d'aller au stade, était contrainte d'attendre les "tableaux" de Stade 2 pour connaître les résultats du week-end. Les images étaient rares, et on était déjà bien content de tomber sur le résumé en une minute trente (dont trente secondes de tentatives de pénalités) d'Yves Meunier le lundi à midi... Internet nous permet désormais de "consommer" du rugby à toute heure, dans toutes les langues, avec plus ou moins de bonheur et la quantité l'emporte souvent sur la qualité... L'ambition de ce blog était, dans ce contexte, de parler du rugby "autrement", loin de cette approche pseudo-statistique et pseudo-factuelle qu'on nous sert dans la presse, à la radio ou à la télévision et qui n'est, au pire, que du baratin d'anciens joueurs sur le retour, au mieux qu'une vague exégèse de données incomplètes et arbitrairement choisies. J'ai voulu quant à moi raconter. Raconter l'histoire, l'aventure humaine, l'épopée sportive. J'ai voulu œuvrer, très illégitimement et très immodestement, à la construction de la légende qui participe de l'identité du sport et du rugby. J'ai voulu, enfin, avec une sensibilité toute personnelle, apporter la distanciation indispensable à la pratique d'une activité ludique en compétition. Le Blog de Vern est à ce titre ma très humble contribution à cette élaboration d'un récit alternatif, et, surtout, détaché des contraintes journalistiques, commerciales (pléonasme bien souvent...) et éditoriales.
Amateurisme permis, naturellement, par Internet, media oblatif par excellence, qui m'a offert l'opportunité de m'exprimer sans filtre ni contrainte économique, sinon celle du temps consacré. Amateurisme qui garantit aussi la liberté, et, incidemment, une certaine exigence. Délivré de tout agenda, je n'ai jamais cherché à plaire, ni à faire rire à tout prix, je n'ai écrit que lorsque j'en ressentais le besoin ou qu'un sujet m'inspirait, parfois sans rapport aucun avec l'actualité. Il est des moments où l'on a rien à dire. Dans ces moments-là, le mieux reste toujours de fermer sa gueule.
Je fais partie d'une génération qui, lorsqu'il n'était pas possible d'aller au stade, était contrainte d'attendre les "tableaux" de Stade 2 pour connaître les résultats du week-end. Les images étaient rares, et on était déjà bien content de tomber sur le résumé en une minute trente (dont trente secondes de tentatives de pénalités) d'Yves Meunier le lundi à midi... Internet nous permet désormais de "consommer" du rugby à toute heure, dans toutes les langues, avec plus ou moins de bonheur et la quantité l'emporte souvent sur la qualité... L'ambition de ce blog était, dans ce contexte, de parler du rugby "autrement", loin de cette approche pseudo-statistique et pseudo-factuelle qu'on nous sert dans la presse, à la radio ou à la télévision et qui n'est, au pire, que du baratin d'anciens joueurs sur le retour, au mieux qu'une vague exégèse de données incomplètes et arbitrairement choisies. J'ai voulu quant à moi raconter. Raconter l'histoire, l'aventure humaine, l'épopée sportive. J'ai voulu œuvrer, très illégitimement et très immodestement, à la construction de la légende qui participe de l'identité du sport et du rugby. J'ai voulu, enfin, avec une sensibilité toute personnelle, apporter la distanciation indispensable à la pratique d'une activité ludique en compétition. Le Blog de Vern est à ce titre ma très humble contribution à cette élaboration d'un récit alternatif, et, surtout, détaché des contraintes journalistiques, commerciales (pléonasme bien souvent...) et éditoriales.
Nous avons la chance de vivre ce que j'estime être un véritable âge d'or du rugby, avec des conditions de jeu et de médiatisation optimales (et je n'ai pas dit "maximales" à dessein), un juste équilibre entre professionnalisme et mémoire de l'amateurisme, un modèle économique fragile mais soutenable, et, surtout, pas indécent, et, fondamentalement, un niveau de pratique jamais égalé, où la mécanisation du jeu permet encore à quelques artistes de s'exprimer, n'en déplaise à certains esprits chagrins. Je maintiens d'ailleurs que Sivivatu est meilleur de Boniface (oui, je sais, ils n'ont pas les mêmes postes, mais Sivivatu joue de toute façon où il veut).
Dans cet âge d'or, nous avons eu la joie d'être inclus dans cette parenthèse enchantée qui correspond au passage de Vern Cotter au club - et qui, je l'espère ardemment, va se poursuivre en mieux. J'ai immédiatement ressenti de l'empathie pour cet homme. A tel point que je me suis permis de me faire passer pour lui (je sais qu'il ne m'en tient pas rigueur) et malgré la - parfois très - grande distance qui nous séparait (à tous les points de vue), mes propos, toutes choses égales par ailleurs, avaient les atours de la vraisemblance (certains ont même cru qu'il s'agissait d'un blog authentique). Et comme le "vrai" Vern ne se payait pas de mots (et n'en disait pas beaucoup plus), je me suis senti investi de la tâche de faire écrire à un "faux" ce que je pensais que le "vrai" disait tout bas.
J'espère en tout cas que vous aurez pris autant de plaisir à me lire que moi à écrire pour vous, ma plus grande fierté ayant été d'apprendre du premier intéressé que mes mots touchaient souvent juste. Il est temps maintenant pour moi de passer à autre chose, même si Le Livre de Vern poursuit, matérialise et finalise désormais cette aventure que je n'ose appeler littéraire.
Vous remerciant très sincèrement et très sportivement de votre attention et de vos encouragements, je vous dis "à bientôt sur le pré" et "bon match !"
Et n'oubliez pas : "Tout cela n'est que du rugby"...
Vous remerciant très sincèrement et très sportivement de votre attention et de vos encouragements, je vous dis "à bientôt sur le pré" et "bon match !"
Et n'oubliez pas : "Tout cela n'est que du rugby"...